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L’Egypte se rapproche des BRICS

Marwa Hussein , Vendredi, 09 juin 2023

L’Egypte a participé pour la première fois aux réunions annuelles de la Nouvelle Banque de Développement (NDB), appartenant au groupe des BRICS, auquel Le Caire a soumis une demande d’adhésion.

L’Egypte se rapproche des BRICS
L’un des objectifs des BRICS est de renforcer l’usage des monnaies locales et de réduire la prédominance du dollar dans l’économie mondiale.

L’Egypte cherche à renforcer les liens avec le groupe des BRICS, qui comprend le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Ce désir a été clairement exprimé lors des 8es réunions annuelles de la Nouvelle Banque de Développement (NDB), appartenant aux BRICS, qui ont eu lieu en Chine les 30 et 31 mai. L’Egypte y a participé pour la première fois après avoir rejoint le prêteur fin mars. Le ministre égyptien des Finances, Mohamad Maeit, qui est aussi le gouverneur de l’Egypte auprès de la NDB, exprime son optimisme à l’égard du fait que le nouveau prêteur multilatéral fournira à l’Egypte des prêts concessionnels pour financer ses projets d’infrastructure. « Nous attendons avec impatience l’approfondissement de la coopération et des moyens de travail avec la banque et l’établissement de partenariats efficaces pour contribuer à la réalisation du développement avec un financement facile, dans le cadre de la politique égyptienne visant à élargir la portée de la coopération internationale au développement dans divers domaines de développement, en particulier les secteurs de l’énergie, des transports et de la transformation verte », a déclaré Maeit, lors de sa rencontre avec Dilma Rousseff, présidente de la NDB, en marge des assemblées annuelles de la banque. En effet, l’un des objectifs principaux de la NDB et du bloc des BRICS est de renforcer l’usage des monnaies locales des pays membres dans les échanges bilatéraux et de réduire la prédominance du dollar dans l’économie mondiale. « Les échanges en monnaies locales entre les pays des BRICS s’accentuent, avec 75 % des échanges commerciaux entre la Russie et la Chine qui se font actuellement en monnaies locales », assure Norhan Al-Cheikh, professeure de relations internationales à la faculté d’économie et de sciences politiques de l’Université du Caire. Les objectifs des BRICS correspondent bien à ceux de l’Egypte, qui cherche à réduire sa dépendance à l’égard du billet vert dans un contexte de pénurie prolongée de devises étrangères déclenchée par les retombées de la guerre en Ukraine.

Le gouvernement égyptien a déclaré auparavant qu’il s’efforcerait d’accroître l’utilisation du rouble russe, du yuan et de la roupie dans le commerce bilatéral avec la Russie, la Chine et l’Inde respectivement, dans le but de réduire son exposition au billet vert. « La NDB a pour objectif d’aider les pays membres à faire face aux perturbations économiques et ses prêts sont destinés à financer des projets de développement dont le rendement doit permettre le remboursement des crédits », explique Al-Cheikh. « La NDB augmentera le montant du financement qu’elle fournit en monnaies locales et réduira son utilisation du dollar américain pour protéger les pays de la volatilité des taux de change », a déclaré la directrice de la banque, Dilma Rousseff, lors d’une conférence de presse. Rousseff a ajouté que cette décision renforcerait les marchés des capitaux nationaux et protégerait les emprunteurs des risques de fluctuation des devises. La réunion de la NDB a précédé les réunions des ministres des Affaires étrangères des BRICS au Cap, en Afrique du Sud, les 1er et 2 juin, pour préparer le sommet des chefs d’Etat qui se tiendra, à Johannesburg, du 22 au 24 août. Au coeur des discussions se trouvaient les appels à rééquilibrer l’ordre mondial loin de l’Occident, au recours à une monnaie commune et à l’expansion du groupe pour inclure de nouveaux membres. L’Egypte est l’un des pays ayant présenté une demande pour adhérer au bloc. Les autres candidats sont l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l’Iran.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a déclaré dans un discours prononcé virtuellement le 2 juin, lors de la réunion des chefs de la diplomatie des BRICS, que le système économique mondial est confronté à de multiples crises, qui ont un impact sur la sécurité alimentaire, l’énergie, les niveaux d’endettement et le climat. L’adhésion de l’Egypte à la fois à la NDB, aux BRICS et à la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) démontre le soutien du Caire aux efforts des deux banques dans le financement des infrastructures dans le monde en développement, en particulier en Afrique, a déclaré le ministre égyptien des Affaires étrangères.

Cependant, a-t-il ajouté, ces efforts ne doivent pas remplacer la nécessité de réformer les Institutions Financières multilatérales de Développement (IFD) pour répondre efficacement aux priorités des pays en développement. Choukri a également souligné l’importance d’améliorer l’efficacité et l’exhaustivité des mécanismes de gestion de la dette. Sur cette note, le ministre a mis en garde contre les effets néfastes de la crise de la dette sur les pays à revenu faible et intermédiaire. « Le fardeau de la dette menace les progrès réalisés par ces pays dans l’éradication de la pauvreté au cours des dernières décennies », a-t-il déclaré. En effet, les négociations entre l’Egypte et le FMI passent par un moment difficile ; le FMI devrait verser à l’Egypte la deuxième tranche de son prêt de 3 milliards de dollars qui aurait dû être déboursée à la mi-mars. L’une des demandes principales du FMI porte sur la flexibilité du taux de change de la livre égyptienne face au dollar. L’Egypte a dévalué sa monnaie 3 fois depuis mars 2002, et le billet vert frôle les 40 L.E. sur le marché noir contre un taux officiel de 30,8 L.E.

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