Les régions russes frontalières de l’Ukraine continuent d’être la cible d’attaques. Samedi 27 mai, deux personnes ont été tuées dans des frappes, ont annoncé les autorités régionales de Belgorod. Ce nouvel incident intervient alors que le territoire russe fait face à une série d’attaques inédites. C’est notamment la région de Belgorod, limitrophe de l’Ukraine, qui a été la cible la semaine dernière d’une incursion armée spectaculaire à partir du territoire ukrainien. Elle est, depuis, régulièrement la cible de frappes.
En effet, le 22 mai, des combats d’une durée inédite ont éclaté dans la région de Belgorod, en Russie, après l’incursion d’un groupe armé provenant d’Ukraine. L’attaque, qui a été menée conjointement par la légion Liberté pour la Russie et le Corps des Volontaires Russes (RDK), a duré plus de 24 heures et conduit à l’évacuation des civils et la mise en place pendant plusieurs heures d’un « régime légal de zone d’opération antiterroriste » par les autorités russes. La Russie a dit avoir écrasé ce groupe grâce à son aviation et son artillerie.
Il s’agit des premières attaques du genre depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022. Les opérations de sabotage en territoire occupé par la Russie ou à l’intérieur de ses frontières se multiplient, en effet, depuis quelques semaines.
Ailleurs en Russie, deux drones ont endommagé un bâtiment d’où est administré un oléoduc dans la région de Pskov, dans l’ouest, avait annoncé plus tôt samedi son gouverneur Mikhaïl Vedernikov.
Intérêts à double tranchant pour Kiev
Comme à son habitude, Kiev a démenti toute implication dans ce genre d’attaque. Et, bien que les légions armées aient le même ennemi que Volodymyr Zelensky, le gain tactique et politique n’est pas évident pour Kiev, qui est en pleine offensive diplomatique pour récolter plus d’armes auprès de ses alliés occidentaux. Ces derniers ayant, pour la majorité d’entre eux, conditionné leur aide militaire au fait que Kiev n’utilise pas les armes livrées sur le sol russe ou que ces livraisons ne constituent jamais d’escalade vis-à-vis de Moscou. Mercredi dernier, une enquête réalisée par le New York Time révélait l’utilisation de chars américains dans l’attaque de lundi. Ce qui a valu l’ouverture d’une enquête et d’un sévère rappel à l’ordre par Washington à Kiev.
Pour Kiev, l’intérêt est donc à double tranchant. D’un côté, dans le contexte d’une contre-offensive imminente, ce genre d’opérations oblige l’armée russe à se réorganiser en arrière, loin de la ligne de front où elle concentre ses forces, et elles ont l’avantage de créer la surprise. Elles ont de plus un fort impact psychologique. Elles rappellent à la Russie qu’elle aussi peut être touchée, et de l’intérieur. Et pire encore, désavouée par ses propres ressortissants, c’est de leurs mains qu’elle est attaquée. La population russe est, de plus, maintenue par le biais de la propagande de l’Etat à distance de la guerre, présentée comme une « opération spéciale » dans un pays étranger. Ce qui n’était alors que des images à la TV est donc soudainement devenu une réalité indiscutable sur les territoires russes.
De l’autre côté, en plus de mettre dans l’embarras ses alliés occidentaux, la proximité de Denis Nikitine, alias « White Rex », le leader des RDK et figure des hooligans russes, avec les mouvances néonazies russes et allemandes semble de mauvais augure et accrédite la rhétorique initiale de Moscou. Le cas interroge également sur la responsabilité et le contrôle de Kiev sur ces légions. Dans une conférence de presse donnée à leur retour de Russie, Denis Nikitine expliquait que « tout ce que nous faisons à l’intérieur des frontières de l’Ukraine est évidemment coordonné avec l’armée ukrainienne, et que tout ce que nous faisons derrière la frontière relève de notre initiative ».
Ces nouveaux développements interviennent alors que Kiev parle de l’imminence d’une contre-offensive d’envergure. Samedi 27 mai, le secrétaire du Conseil de défense et de Sécurité nationale d’Ukraine a encore assuré, sans avancer de date précise, que la contre-offensive des troupes de Kiev, annoncée depuis des semaines, « est prête à démarrer ». « Nous sommes prêts à défendre notre pays à tout moment », a-t-il souligné dans un entretien accordé à la BBC. En prévision de cette contre-offensive, l’Ukraine a de nouveau adressé au gouvernement allemand une demande officielle de livraisons de missiles de croisière air-sol de type Taurus, avec une portée d’au moins 500 km.
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