Les participants ont mis en garde contre les risques de l’explosion démographique en Egypte.
La croissance démographique a été le thème principal de discussion cette semaine au Dialogue national. L’explosion démographique est l’un des plus grands défis auxquels l’Egypte est confrontée. L’Egypte compte 104,6 millions d’habitants, selon les derniers chiffres publiés par l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS). La population devrait atteindre 160 millions d’habitants d’ici 2050, selon un rapport du Centre d’information et de soutien à la prise des décisions du Conseil des ministres. Des chiffres alarmants, affirme Abou-Bakr Al-Guindi, ancien chef du CAPMAS, qui regrette que « le planning familial fait défaut dans les zones où les taux de natalité sont les plus élevés » et que « les femmes les plus pauvres sont celles qui ont le plus d’enfants ». Pour sa part, Ahmad Chaker Achour, expert démographique, met en garde : « L’Egypte connaîtra la plus grande explosion démographique au cours des prochaines décennies ».
Les participants au dialogue ont identifié 6 principales causes de la surpopulation en Egypte, dont la mauvaise répartition de la population, les mariages précoces, les coutumes et les traditions, l’analphabétisme et la pauvreté. Pour Talaat Abdel-Qawi, membre du conseil d’administration du Dialogue, la gravité du problème réside dans le fait qu’il y a un grand écart entre la croissance économique et la croissance démographique. D’où la nécessité de mettre en place une stratégie claire d’autonomisation des femmes et de résoudre les problèmes du travail des enfants et du décrochage scolaire. Sur un autre volet, Maha Wanis, spécialiste de la santé reproductive, pense qu’il faut une meilleure coordination entre les institutions de l’Etat pour unifier les messages de sensibilisation. « Alors que l’Etat conseille d’espacer les grossesses, certains médias transmettent une image positive de la famille nombreuse. De plus, le concept de planning familial a du mal à fonctionner en raison des traditions », souligne Wanis. Le manque de financement est un autre défi, estime, pour sa part, Névine Ebeid, rapporteur de la commission de la population. « Le Conseil de planning familial doit être indépendant financièrement et administrativement et exercer pleinement son rôle », affirme Ebeid. Talaat Abdel-Gawad, membre du conseil d’administration du Dialogue, est d’avis qu’il faut promulguer 3 lois sur l’évasion scolaire, ainsi que le mariage des enfants et leur travail. Les participants ont convenu de la nécessité de relever l’âge du mariage de 18 à 21 ans et de fournir les contraceptifs gratuitement.
Révolutionner l’enseignement
Outre l’explosion démographique, la réforme de l’enseignement pré-universitaire a été l’autre sujet de discussion abordé par le Dialogue national, et ce, lors d’une séance du comité de l’éducation. Mahmoud Al- Qot, membre du comité de coordination des jeunes des partis politiques, a indiqué que les maux de l’éducation en Egypte sont les mêmes. Ils sont dus au système en place qui favorise l’apprentissage par coeur et l’absence d’une stratégie claire. Il y a également un déficit dans le nombre d’enseignants et une insuffisance au niveau des écoles. Ahmad Al-Qénawi, membre du Sénat, pense qu’il faut impérativement réformer l’enseignement pré-universitaire. « Nous avons besoin de solutions radicales, une éducation de base gratuite selon des normes standard et un système d’enseignement technique développé et lié au marché du travail », propose-t-il. Les participants à la séance ont recommandé la mise en place d’un mécanisme pour évaluer la qualité de l’enseignement en Egypte, et la poursuite de la réforme des programmes scolaires pour aller de pair avec les nouvelles technologies, en accordant un intérêt à l’apprentissage de la langue arabe, pour préserver l’identité nationale, en renforçant les compétences numériques et technologiques, et en améliorant le statut salarial des enseignants. Il a été convenu de la nécessité de promulguer une loi unifiée sur l’éducation.
L’enseignement technique a occupé une place importante dans les discussions. Le coordinateur général du Dialogue national, Diaa Rashwan, a estimé que « l’avenir appartient à l’enseignement technique ». « Le problème est que certaines personnes considèrent toujours l’enseignement technique comme inférieur. Le mieux donc est de changer les noms des écoles secondaires techniques en lycées technologiques, agricoles ou commerciaux », a proposé Rashwan. Il pense nécessaire aussi d’adapter les programmes aux besoins du marché et de chercher des ressources financières supplémentaires pour développer les écoles techniques. Avis partagé par David Nabil, directeur général de l’académie NAS pour l’enseignement technique, qui a souligné que « l’enseignement technique est primordial pour le développement du secteur industriel et l’un des facteurs primordiaux pour les investissements étrangers. Nous devons former un étudiant de l’enseignement technique accrédité au niveau international et compétitif sur le marché du travail, national et international », conclut Nabil.
Les débats se poursuivront la semaine prochaine avec des séances de discussion sur la société civile, la loi sur la liberté d’échange de l’information et l’assurance médicale.
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