A Gaza, une centaine de bâtiments ont été détruits en cinq jours de frappes israéliennes. (Photo : AFP)
Pas d’avions de combats dans le ciel de Gaza. Le calme est revenu dans la bande de Gaza dimanche 14 mai après cinq jours d’hostilité. Trente-cinq morts côté palestinien, dont la plupart sont des femmes et des enfants, ainsi que 6 commandants du mouvement armé du Jihad islamique, des dizaines d’établissements et des maisons démolies : tel est le bilan de la dernière escalade israélienne contre la bande de Gaza, la plus violente depuis août 2022. Mais la situation à Gaza reste extrêmement précaire : le seul générateur d’électricité était sur le point de manquer de carburant, tandis que les hôpitaux avaient du mal à faire face à la situation. Les infrastructures de l’enclave ont subi d’importants dégâts : 100 bâtiments ont été détruits, dont de nombreuses habitations, et le seul hôpital du centre de l’enclave a été gravement endommagé. A Gaza, territoire sous blocus israélien depuis la prise de pouvoir du mouvement islamiste Hamas en 2007, le ministère de l’Intérieur a accusé Israël de concentrer ses frappes « sur des objectifs civils et des bâtiments résidentiels » et appelé les organisations de défense des droits de l’homme locales et internationales à « faire pression (sur Israël) pour qu’il cesse (ses) crimes (relevant) de la justice internationale ».
C’est finalement grâce à une médiation égyptienne que la trêve a été obtenue samedi 13 mai au soir, après plusieurs jours de tension extrême et plusieurs tentatives infructueuses. Tout a commencé le 9 mai, des raids aériens israéliens sont lancés contre la bande visant, selon Israël, à éliminer des commandants militaires du Jihad islamique. L’armée israélienne a dit avoir touché 371 « cibles terroristes » depuis mardi 9 mai. Parmi les Palestiniens tués figurent 6 commandants militaires du Jihad islamique, des combattants de ce mouvement et d’autres du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), autre groupe armé.
En réponse à ces raids, les Brigades Al-Qods, branche militaire du mouvement, ont, à leur tour, lancé des roquettes visant des zones israéliennes. Selon l’armée israélienne, plus de 1 230 roquettes ont été tirées de Gaza vers Israël, dont plus de 370 ont été interceptées par le système de défense antiaérien, qui ne se déclenche normalement que lorsque les roquettes menacent des zones habitées.
Objectifs politiques et militaires
Selon des spécialistes, pour Israël, cette dernière escalade avait des objectifs politiques autant que militaires. « Cette opération avait notamment pour objectif de rétablir la politique de pression contre le Jihad islamique, détruire son infrastructure et l’affaiblir militairement pour qu’il ne constitue plus une menace pour Israël et ne soit plus en mesure de frapper à l’intérieur du territoire israélien », explique Tarek Fahmy, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire et à l’Université américaine et spécialiste des affaires israéliennes. Selon l’analyste, le ministre israélien de la Défense, ainsi que plusieurs cadres de l’armée récemment nommés veulent prouver leur capacité et leur force. Quant aux objectifs politiques, Tarek Fahmy explique que cette escalade visait à restaurer « le prestige de tout l’Etat israélien, parvenir à une sorte d’unification de la société israélienne divisée et rétablir un état de stabilité interne après les manifestations qui ont duré plus de 18 semaines ».
Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a, lui, ses propres intentions. Il détourne une fois de plus l’attention des difficultés internes, alors que la contestation populaire contre son projet de réforme judiciaire se poursuit avec des manifestations hebdomadaires depuis le début de l’année. En outre, avec l’ouverture de la nouvelle session parlementaire, le projet va à nouveau être discuté, ce qui risque d’exacerber à nouveau les tensions, d’où la volonté de Netanyahu de faire diversion.
Or, d’un côté comme de l’autre, la menace d’une reprise des violences est là. A Gaza, Tariq Salmi, porte-parole du Jihad islamique, a mis en garde Israël contre « toute action stupide ou assassinat de commandants (...) de la résistance palestinienne », alors que Mohammad Al-Hindi, responsable du département politique du Jihad islamique, joint par téléphone au Caire, a fait part d’un accord incluant un engagement d’Israël « à cesser de cibler des combattants ».
La réponse d’Israël à l’initiative égyptienne signifie que « la réponse au calme sera le calme, et que si Israël est attaqué ou menacé, il continuera à faire tout ce qu’il doit faire pour se défendre », a indiqué un communiqué officiel israélien au nom de Tzachi Hanegbi, conseiller à la sécurité nationale du premier ministre, Benyamin Netanyahu, sans confirmer le moindre accord. Par ailleurs, personne ne peut s’assurer si les deux côtés vont respecter cette trêve, surtout que des affrontements ont eu lieu le lendemain de la trêve annoncée entre les forces israéliennes et des Palestiniens à Bethléem.
La bande de Gaza, territoire exigu miné par la pauvreté et le chômage où vivent 2,3 millions de Palestiniens, a été le théâtre de plusieurs guerres avec Israël et sous blocus israélien depuis la prise de pouvoir du mouvement islamiste Hamas en 2007. En août 2022, trois jours d’affrontements entre Israël et le Jihad islamique avaient causé la mort de 49 Palestiniens, dont au moins 19 enfants, d’après l’Onu. Plus d’un millier de roquettes avaient été tirées de Gaza vers Israël, faisant 3 blessés.
Lien court: