Le budget table sur une croissance de 4,1 % du PIB au cours du prochain exercice 2023-2024.
Depuis la tribune du parlement, le ministre des Finances, Mohamad Maeit, a exposé la semaine dernière les objectifs du prochain exercice financier 2023-2024. « Nous visons dans l’exercice financier 2023-2024 un budget plus incitateur de la croissance, de la production et du rétablissement économique. La discussion du budget intervient au milieu d’une crise économique globale en raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Ceci a fait d’énormes pressions sur les finances publiques de tous les pays, et pas seulement l’Egypte. Il soutient l’activité économique, la sécurité sociale et réorganise les priorités des dépenses publiques », a expliqué Maeit.
La croissance économique sera cependant légèrement lente. Elle diminuera à 4,1 % du PIB au cours du prochain exercice, contre 4,2 % prévus pour l’exercice 2022-2023 et 6,6 % l’an dernier. Le déficit budgétaire sera de 6,4 % à la fin de l’exercice courant (projeté à 6,8 % en mars dernier) et 6,9 % dans l’année financière prochaine 2023-2024. D’après une note publiée par la banque d’investissement Naeem Holding, cela revient aux dévaluations successives, à la hausse des taux d’intérêt et au coût de l’emprunt du gouvernement qui a augmenté depuis août 2022. A ajouter les rendements sur les bons du Trésor qui ont augmenté depuis janvier 2023. « En effet, les coûts du service de la dette augmenteront de 44 % pour atteindre 1,12 trillion de L.E. au prochain exercice financier », lit-on dans un communiqué de presse du ministère.
Le nouveau budget reflète la rigueur des finances publiques à plusieurs niveaux, la croissance des revenus et des dépenses budgétaires, le surplus primaire projeté à la hausse et enfin la croissance des programmes de solidarité sociale et ceux adressés aux ménages, explique Maeit. Les revenus et les dépenses budgétaires connaîtront une croissance dans le prochain exercice financier. Les revenus augmenteront de 42 % pour atteindre 2,14 trillions de L.E. contre 1,52 trillion estimés cette année. Cela est dû en grande partie à l’augmentation des recettes fiscales, de 31 %, soit 1,53 trillion de L.E. Parallèlement, les recettes non fiscales augmenteront de 75 % pour atteindre 610 milliards de L.E., soit près du double de celles des trois dernières années. « Le gouvernement désire focaliser sur les recettes non fiscales. Les rendements des institutions économiques publiques ou du Canal de Suez empruntent une tendance à la hausse », explique l’experte économique Hanane Ramsès. En effet, le gouvernement a estimé les revenus du Canal de Suez à 9 milliards de dollars en 2023-2024.
En même temps, les dépenses sont projetées à une hausse de 44,4 % pour se chiffrer à 3 trillions de L.E. Le surplus primaire passera de 1,3 % l’an dernier à 1,5 % en 2022-2023. Le gouvernement s’attend à ce qu’il augmente à 2,5 % au cours de l’exercice 2023-2024.
L’experte énumère plusieurs évolutions au niveau des politiques publiques qui soutiendront la croissance et le développement économique en 2023-2024. Selon elle, la croissance sera stimulée par la hausse des investissements publics de 56 % pour se chiffrer à 587 milliards de L.E. Le gouvernement travaille également sur le « Document du secteur privé » pour améliorer l’environnement des affaires, attirer les investissements et établir une meilleure gouvernance institutionnelle. « Ceci s’est manifesté dans l’impulsion donnée aux secteurs industriel, agricole et commercial en leur offrant des primes. Des incitatifs ont été également approuvés à l’appui de la transformation verte et des projets d’énergie renouvelable qui représenteront 50 % des investissements publics », ajoute Ramsès.
Toujours dans le même esprit de relance économique, le ministère des Finances assume à sa charge 127 milliards de L.E. de différence dans les taux d’intérêt au niveau des initiatives visant à soutenir les activités agricoles, industrielles et touristiques. « Le gouvernement consacrera 19,5 milliards de L.E. aux prêts subventionnés adressés aux entreprises industrielles et agricoles. Les subventions à l’exportation connaîtront la plus forte hausse pour atteindre 28 milliards de L.E. », lit-on dans le communiqué. En outre, 6 milliards de L.E. ont été consacrés à la réduction des prix de l’électricité destinée aux activités industrielles et l’Etat a supporté 1,5 milliard de L.E. qui sont le coût de la taxe foncière pour le secteur industriel.
Ramsès avance que certaines mesures prises par l’Etat injecteront de nouvelles liquidités et allégeront la pression sur la livre égyptienne, comme l’offre de 32 entreprises publiques en Bourse ou bien la vente d’entreprises publiques à des investisseurs stratégiques, qui doit apporter 2,3 milliards de dollars en 2023-2024 et qui est prévue au troisième trimestre.
L’économiste reprend que l’une des décisions gouvernementales raisonnables a été la diversification du panier des devises, à côté du dollar, dans les transactions commerciales, comme le rouble russe, le yuan chinois et prochainement le yen japonais, « sachant que la Chine s’accapare 48 % du volume du commerce mondial ». L’Egypte a adhéré également à l’accord des BRICS alors qu’un accord commercial avec le Japon est sur le point d’être finalisé.
Outre les activités économiques, le nouveau budget accorde un intérêt aux ménages. Les dépenses de sécurité sociale augmenteront de 31 % pour atteindre 477,5 milliards de L.E. Les dépenses de santé atteindront 397 milliards de L.E. La masse salariale de l’Etat augmentera de 15 % pour atteindre 470 milliards de L.E. Les achats de produits de base augmenteront de 11 % pour atteindre 127,7 milliards de L.E. Les allocations à l’éducation augmenteront de 19 % pour atteindre 229,9 milliards de L.E. au cours de l’exercice 2023-2024. Alors que les allocations aux logements subventionnés seront de 127,7 milliards de L.E.
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