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Inflation : Les banques se mobilisent

Marwa Hussein , Jeudi, 06 avril 2023

La Banque Centrale d’Egypte a augmenté ses taux directeurs de 2% pour contrer l’inflation. Les deux plus grandes banques publiques ont émis des certificats de dépôt à haut rendement.

Inflation : Les banques se mobilisent
En janvier, le certificat de dépôt à 25  % a permis de collecter 523 milliards de L.E. en 27 jours.

La banque Centrale d’Egypte (BCE) a relevé le 30 mars les taux directeurs de 200 points de base, ce qui correspond aux attentes du marché et des analystes. Le comité de politique monétaire de la BCE a annoncé sa décision d’élever les taux d’intérêt de 2%, les portant à 18,25% pour les dépôts et à 19,25% pour les crédits. A la suite de cette décision, les deux plus grandes banques commerciales publiques, la Banque Nationale d’Egypte (NBE) et la Banque Misr, ont annoncé dimanche l’émission de deux certificats de dépôt à rendement mensuel à des taux d’intérêt élevés pour une durée de trois ans; le premier à un taux annuel de 19%, alors que le second est dégressif à un taux de 22 % la première année, 18% la deuxième année et 16% la troisième année. Des scénarios semblables ont été adoptés en mars 2022 et janvier 2023 lorsque les deux banques ont émis des certificats d’un an, avec un rendement de 18% et de 25% respectivement; le dernier étant le rendement le plus élevé jamais enregistré en Egypte.

L’émission de certificats à rendement élevé a toujours suivi des décisions de la BCE d’élever ses taux d’intérêt directeurs. L’objectif de ces certificats lucratifs est d’attirer les liquidités des particuliers afin de limiter la consommation, et par la suite l’inflation, ainsi que la dollarisation, devenue attractive avec la hausse presque continue du taux de change du billet vert face à la livre égyptienne. En janvier, le certificat de dépôt à 25% a permis aux deux banques de collecter en 27 jours 523 milliards de L.E. ; 283 milliards pour la NBE et 140 milliards pour la Banque Misr. En 2022, la BCE avait augmenté les taux d’intérêt d’un total de 800 points, soit 8%, afin de faire face à une inflation galopante. Cette dernière a cependant continué de monter, incitée par la hausse de l’inflation au niveau mondial, accompagnée de la dépréciation de la valeur de la livre égyptienne face au dollar et aux autres devises étrangères.

L’inflation annuelle a enregistré 31,2% en janvier 2023 et a marqué un sommet historique en février 2023 en enregistrant 40,3%. Dans un communiqué de presse annonçant la hausse des taux d’intérêt, le comité de politique monétaire de la BCE a justifié l’augmentation de l’inflation par plusieurs facteurs qui comprennent « les perturbations de la chaîne d’approvisionnement au niveau national, la dépréciation de la livre égyptienne, en plus des pressions de la demande (…), outre l’impact saisonnier du Ramadan qui a affecté à la fois les prix des voyages d’Al-Omra (petit pèlerinage) et ceux des produits alimentaires ». En effet, le mandat principal de la BCE est de contrôler l’inflation, d’où sa décision d’élever les taux d’intérêt. « Les évolutions récentes de l’inflation montrent une inflation généralisée plus élevée dans l’ensemble de l’indice des prix des consommateurs. Ces évolutions récentes nécessitent un resserrement supplémentaire de l’orientation monétaire, non seulement pour contenir les pressions du côté de la demande comme mentionné ci-dessus, mais aussi pour éviter les effets inflationnistes qui pourraient émaner des chocs d’offres, dans le but de contrôler les prévisions inflationnistes des prix », conclut la BCE.

Les analystes économiques croient que la hausse des taux d’intérêt est la décision logique à prendre dans la conjoncture économique actuelle. « La dernière hausse des taux n’entraînera probablement pas les prix sur une trajectoire désinflationniste, mais empêchera plutôt l’inflation de devenir incontrôlable », nous a déclaré Amr El-Alfy, responsable de la recherche à Prime Securities. « Que la BCE arrête, ou non, les hausses des taux d’intérêt dépendra de l’efficacité de ses dernières mesures de resserrement monétaire mises en place depuis le début de 2022. Il s’agissait de plus que doubler les taux d’intérêt qui ont augmenté de 10 points de pourcentage cumulés et de relever le taux des réserves obligatoires des banques de 4 à 18 % », explique une note de Prime Securities. « Convenons que les niveaux d’inflation élevés actuels ne sont pas tirés par la demande, mais plutôt alimentés dans une large mesure par un dollar américain plus fort (c’est-à-dire une inflation importée). Nous prévoyons que les taux d’inflation culmineront en mars et atteindront en moyenne 30 % + pour l’ensemble de 2023 », prévoit Prime. El-Alfy estime que si la hausse des rendements bancaires devient plus attrayante, la dévaluation risque d’éliminer tout gain. Il prévoit que la monnaie nationale reculera progressivement à 32,50 L.E. par dollar d’ici la fin du 2e trimestre 2023 avant de se redresser à 30 L.E. d’ici la fin de l’année.

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