Sa guitare a été toujours son passeport pour conquérir de nouveaux terrains, cibler différents publics et traverser les frontières. Il chante parce qu’il croit au sens des mots et à leur force, lorsqu’il s’agit de rappeler aux gens les valeurs humaines et les beaux souvenirs d’autrefois.
Le chanteur et artiste suisse pluridisciplinaire Marc Aymon a récemment fait escale au Caire afin de célébrer la clôture du mois de la Francophonie. Il a alors animé un concert, le 21 mars, à l’IFAO, sous les auspices de l’ambassade de Suisse et de l’ambassade de France en Egypte. Sur les planches d’un théâtre en plein air, dans le jardin de l’IFAO, Marc Aymon avait l’air très spontané en chantant Capitaine Luke, faisant partie de son album qui date de 2012. C’était sa manière de s’introduire auprès du public francophone du Caire. La chanson comprend quelques mots d’anglais, et lui, il s’est présenté en toute simplicité, lançant Welcome Egypte.
En jouant sur sa guitare, il adressait la parole au public, aux serveurs, aux techniciens, les invitant à profiter pleinement de la musique. « J’ai déjà animé un concert à la Bibliothèque d’Alexandrie et j’en garde un très beau souvenir. Je suis au Caire pour deux jours uniquement, mais je sais qu’un jour, je reviendrai pour un long séjour », a-t-il souligné.
Avec la jeune chanteuse suisse Milla, il se produit en tournée jusqu’au 31 mars, dans plusieurs pays, toujours pour célébrer la Francophonie. « La tournée a commencé par des villes asiatiques : Bangkok en Thaïlande, Laos, Cambodge … Après Le Caire, nous partons pour l’Amérique centrale et nous donnerons des concerts au Costa Rica et au Nicaragua », explique le chanteur.
« Même si parfois l’audience dans ces pays ne comprend pas les textes en français, elle est touchée par l’émotion. Il y a une énergie qui se transmet par la musique », souligne la chanteuse suisse Milla, pour qui l’Egypte a toujours fait partie de sa vie. « A l’âge de 12 ans, ma mère m’a offert les bijoux de ma grand-mère. C’étaient des bijoux égyptiens parce qu’elle avait vécu en Egypte. En plus, en étudiant l’histoire de l’art, il y avait toujours des thèmes en relation avec l’égyptologie. Donc, pendant longtemps, le pays était en moi, mais je le visite pour la première fois », poursuit la chanteuse.
Durant leur tournée, les deux artistes interprètent notamment des chansons issues de leur dernier album, Glaneurs, trésors éternels. Il s’agit de tout un projet qui comprend « un livre et un carnet de chant, avec CD et codes MP3 », et ce, en collaboration avec les artistes suisses Aliose, Pascal Auberson, Marc Aymon, Julie Berthollet, Michel Bühler, Carrousel, Henri Dès, Jérémie Kisling, Milla et François Vé.
Marc Aymon nous y fait redécouvrir le patrimoine de la Suisse française. « En 2017, j’ai entendu une belle chanson, et on m’a expliqué qu’elle appartenait au patrimoine suisse. Je me suis rappelé que ma grand-mère me la chantait, encore tout petit. Depuis, j’ai voulu revisiter ce genre de textes anciens, qui ont toujours du sens et sont à portée universelle ; ils font partie de la mémoire collective. J’ai fouillé pas mal, et je suis tombé sur des textes du début du XIXe siècle et du XXe siècle », raconte-t-il.
Le chanteur a creusé dans l’ancienne poésie et a décidé de chanter quelques textes à même de rappeler aux gens des souvenirs et des valeurs d’antan.
En 2017, il a sorti Ô bel été, un carnet de chant et un album qui avaient comme but de couronner sa première phase de recherche. Un vrai défi. « Dans ce monde où tout est numérisé, ce genre de carnet de chant permet aux gens de s’approprier des textes et des histoires. Et ce, dans le but de leur transmission d’une génération à l’autre », estime-t-il.
La chanson est donc écoutée différemment. L’audience vit et partage l’histoire de chacune d’entre elles grâce aux illustrations et aux références qui se trouvent dans le livre. De quoi aiguiser l’imagination et permettre de créer toute une expérience visuelle, textuelle et musicale. « C’est vraiment intéressant, parce que ces carnets de chant deviennent aussi une sorte de manuels scolaires », ajoute Aymon.
Les étudiants peuvent apprécier les poèmes, la musique et les illustrations.
Chansons touchantes, albums variés
Durant leur concert au Caire, Milla a chanté Ô bel été : la délaissée. Une chanson douce sur une jeune fille qui s’est séparée de son amoureux. Aymon a demandé au public de lui rappeler les textes qu’il connaît par coeur, de lui envoyer les paroles de certaines chansons faisant partie de la tradition orale francophone. Il a chanté L’esquif, toujours de l’album Glaneurs, trésors éternels, sorti en octobre 2022.
Il a récité un extrait du texte Le tamis du temps de l’auteure française née en Egypte Andrée Chédid, avant d’interpréter la chanson Tu mets la barre haut, tirée de son album D’une seule bouche, 2015. Chaque chanson révélait une histoire à même de toucher l’audience. Ensuite, en duo, Marc et Milla sont passés à des chansons plus rythmiques, telle Coeur de soldat.
Le lendemain, les artistes se sont rendus à l’école Oasis et au Collège de La Salle, pour animer des concerts découverts, devant les élèves. Ceux-ci se terminaient toujours par des discussions. « C’est une manière d’expliquer aux élèves ce que c’est la vie d’un artiste, le chanteur avec sa guitare qui voyage d’un pays à l’autre et la passion de la musique », explique Marc Aymon, toujours prêt à répondre aux questions curieuses des plus jeunes, ayant l’habitude de ce genre de tournée.
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