Le choix difficile : éducation et santé ou service de la dette ?
Le FMI a offert à l’Egypte l’équivalent de 3 milliards de dollars en DTS en 2021. Cette somme représente 3 % des dépenses publiques de 2020, 2 % de la dette publique et 7 % des réserves monétaires. « Une goutte dans l’océan si l’on prend en considération les besoins du développement », commente à l’Hebdo Nihal El-Aassar, économiste, qui a contribué au rapport d’Oxfam. El-Aassar a interviewé des responsables au ministère des Finances et à la Banque Centrale d’Egypte. Elle note qu’au début, les responsables du ministère des Finances ne savaient pas que l’allocation de DTS en 2021 n’était pas considérée comme une dette. Elle a été informée qu’une large partie a été transférée au budget de l’Etat. « Les législations sont flexibles, ce qui facilite ce genre de transfert ». Il suffit d’un accord entre les deux parties (le ministère et la Banque Centrale) pour transférer l’argent. El-Aassar souligne d’ailleurs que les sites des deux institutions n’offrent pas d’outil de recherche permettant de suivre l’allocation.
La seule information disponible se trouve sur le site du FMI : l’Egypte a utilisé une partie des DTS pour payer le service de la dette due à l’institution monétaire. Il s’agit d’un montant de 566 millions de dollars versés sur 4 paiements entre août 2021 et mai 2022. Le FMI dévoile également que le reste des DTS a été échangé en monnaie locale et transféré au budget.
El-Aassar espère que l’Egypte rejoindra les pressions sur le FMI pour une nouvelle allocation. Elle espère qu’elle sera dirigée cette fois-ci vers un objectif de développement. L’allègement de la dette est un pas dans cette direction. Cependant, c’est une solution à court terme et a donc un impact limité, vu le volume de la dette. L’allocation représentait 25 % du service de la dette extérieure en 2020. El-Aassar estime qu’il vaut mieux investir cet argent dans le domaine de la protection sociale, comme l’éducation ou la santé. Elle propose autrement de l’allouer aux petits agriculteurs du pays. En effet, ceux qui possèdent moins de 3 feddans produisent la moitié des produits agricoles en Egypte, d’après la FAO. Pour elle, ce sont effectivement les « principaux producteurs de la nourriture » en Egypte, alors que les grands agriculteurs sont orientés vers l’exportation. « Investir les DTS dans le soutien de ces petits agriculteurs est un investissement dans la sécurité alimentaire du pays », affirme El-Aassar.
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