Al-ahram hebdo : Vous allez participer à une conférence sur l’énergie solaire en Allemagne le 20 octobre. Quel est l’objet de cette conférence ?
Galal Osman : Il s’agit du 4e forum arabo-allemand pour l’énergie. C’est une plateforme pour discuter des questions ayant trait à l’énergie renouvelable, solaire et éolienne. Je présente deux papiers. Le premier porte sur la transmission de cette énergie et son stockage, c’est-à-dire comment stocker ce genre d’énergie et les équipements nécessaires. Le deuxième papier porte sur les technologies de l’énergie solaire et éolienne. L’étude que je présente est intitulée « Les zones extrêmes sans réseau dans le monde arabe. Etude de cas : l’Egypte ». J’y explique qu’il existe dans le monde et dans les déserts arabes des zones qui sont sombres parce que l’énergie n’y est pas utilisée. Le peuple égyptien vit sur 10 % seulement de la superficie de son territoire et les 90 % restants sont sombres. Il faut trouver une solution à ce problème qui entrave le développement. Les énergies renouvelables sont la solution.
— Vous avez rencontré des spécialistes étrangers à Amman et vous participez régulièrement à des conférences internationales en Allemagne, en Espagne, au Maroc et dans plusieurs autres pays. Où en est-on par rapport à ces pays ?
En Allemagne, le projet MINT vise les maternelles jusqu'au cycle secondaire. Siemens parraine une académie pour l'éducation technique. (Photo : Rasha Hanafy)
— Tout d’abord, je dois préciser que des pays comme le Maroc, la Jordanie, l’Algérie, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et la Palestine ont réalisé de grands progrès dans le domaine des énergies renouvelables. En Jordanie par exemple, ils ont fait une étude globale au niveau topographique, social, environnemental et économique. Les investisseurs nationaux et étrangers, allemands, français ou autres, ont aujourd’hui une vision des projets d’énergie solaire et éolienne qui peuvent être faits dans ce pays. Ils savent où tel ou tel projet peut être monté et pourquoi. Dans ces pays, le secteur privé travaille déjà sur l’énergie solaire parce que le niveau de vie y est élevé. Ce qui n’est pas le cas en Egypte. Même avec les initiatives de la société civile, les progrès réalisés en Egypte sont lents et ne sont pas à la hauteur des développements rapides dans ce domaine dans le monde et dans la région arabe. L’Arabie saoudite prend au sérieux le problème de l’épuisement du pétrole à l’avenir et veut absolument remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables notamment solaires.
— Que proposez-vous pour que l’Egypte profite des énergies renouvelables ?
En Allemagne, le projet MINT vise les maternelles jusqu'au cycle secondaire. Siemens parraine une académie pour l'éducation technique. (Photo : Rasha Hanafy)
— Je suis pour la création de nouvelles villes et communautés qui dépendent de l’énergie solaire. En Allemagne, il y a ce qu’on appelle l’énergie communautaire. Il s’agit de nouvelles communautés qui génèrent leur électricité et la transmettent au réseau national. Le fait qu’il y a 5 millions de chauffe-eau électriques en Egypte est un grand crime contre notre pays ! Nous devons commencer à généraliser l’utilisation des chauffe-eau solaires. Il est incroyable que nous ayons ce soleil toute l’année en Egypte sans s’en servir. Nous sommes trop en retard. Le ministère du Logement avait un plan pour construire 47 nouvelles villes qui ne dépendent pas du réseau électrique national. Mais rien n’a été réalisé. Nous sommes dans la phase d’études. Nous devons savoir que l’avenir de l’Egypte réside dans le développement des zones « extrêmes » à travers la production de l’électricité et le dessalement des eaux des nappes phréatiques et de la mer grâce à l’énergie solaire et éolienne. On n’a pas d’autres choix. Les paraboles sur les toits doivent être remplacées par des plaques photovoltaïques.
— Vous fréquentez souvent des pays développés comme l’Espagne, l’Allemagne et la France. Les programmes de ces pays en matière d’énergie renouvelable sont-ils applicables en Egypte ?
— Nous coopérons déjà avec ces pays, notamment l’Allemagne. Il y a le projet Kohl, entre autres, et la Chambre allemande organise de nombreuses activités visant à promouvoir le secteur technique en Egypte. Je pense que nous devons avoir un programme d’éducation technique comme celui en vigueur en Allemagne (MINT ou STEM) qui porte sur les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques. L’Allemagne s’attend à une pénurie de main-d’oeuvre qualifiée dans le domaine scientifique et cherche à améliorer la formation dans ce secteur. L’Egypte doit penser à sa main-d’oeuvre. Nous avons besoin d’un vrai programme dans ce domaine parce que l’avenir de notre pays commence par une main-d’oeuvre qualifiée. Il nous faut des ingénieurs et des architectes qui possèdent une pensée écologique. Il nous faut une économie verte basée sur les énergies et le développement durables.
— Avec les problèmes de financement cela devrait être difficile. Qu’est-ce que le secteur privé pourrait présenter dans ce domaine ?
— Il n’y a pas de difficulté. Ce qu’il nous faut c’est de l’audace et une vision pour l’avenir. Cela fait exactement 40 ans que les pays arabes ont imposé au monde occidental l’embargo sur le pétrole. Des conférences auront lieu au cours de ce mois pour discuter de la compétitivité des technologies renouvelables. L’objectif est de tirer les leçons du passé et de dresser des plans pour le XXIe siècle. C’est ce que nous devons faire aussi en Egypte et dans le monde arabe. Il existe quelques initiatives, mais elles restent timides. Atteindre le niveau de compagnies comme Siemens ou Ford qui parrainent des centres d’éducation technique en Allemagne pour former les jeunes aux technologies renouvelables demande du temps. Mais il faut commencer à tout prix. On n’a pas le choix.
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