L’accord sur la reprise des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran stipule la réactivation des accords de coopération conclus entre les deux pays dans le domaine économique en 1998 et dans le domaine sécuritaire en 2001. Ces deux accords avaient été conclus lorsque l’ancien président iranien Mohamad Khatami, élu en 1997, avait décidé que l’Iran devait s’ouvrir sur les pays du voisinage après les longues années de tensions soulevées par la Révolution islamique de 1979. L’accord économique prévoyait une coopération dans les domaines de l’économie, du commerce, de l’investissement, des sciences, de la technologie, de la culture, du sport et de la jeunesse. Il visait aussi à encourager et à faciliter les investissements conjoints et l’échange des visites commerciales. Il annonçait aussi la formation d’un « comité économique conjoint au niveau ministériel ». Cet accord a donné un grand élan aux échanges commerciaux entre les deux pays qui ont connu leur apogée en 2006 avec des exportations iraniennes vers l’Arabie saoudite de 562 millions de dollars, et en 2007 avec 324 millions de dollars d’exportations saoudiennes vers l’Iran. Des échanges qui se chiffrent maintenant à 0 depuis 2016 et la rupture des relations.
Aujourd’hui, cette reprise des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite, grâce à une médiation chinoise, ouvre la voie à l’adhésion de ces deux pays au groupe des BRICS. L’Arabie saoudite et l’Iran, ainsi que d’autres pays, avaient, en effet, demandé dès la mi-2022 d’adhérer à ce groupe qui réunit la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil et l’Afrique du Sud, et les demandes d’adhésion seront examinées au prochain sommet du groupe prévu cette année en Afrique du Sud. « L’élargissement du groupe des BRICS sera fort bénéfique pour la Chine, qui cherche à contrer l’hégémonie des pays développés sur l’Onu, le FMI, la Banque mondiale et les autres institutions internationales. De plus, la présence des trois plus grands producteurs de pétrole au sein du groupe, à savoir la Russie, l’Iran et l’Arabie saoudite, permettra à des pays comme la Chine et l’Inde d’assurer leur approvisionnement en pétrole à des prix réduits ou en vertu d’arrangements alternatifs comme le troc. Ce qui permettra de réduire la domination du dollar américain sur le système financier mondial », explique Dr Ahmed Sultan, vice-président du comité de l’énergie à l’ordre des Ingénieurs et spécialiste des affaires du pétrole et de l’énergie .
Un accord sécuritaire
En 2001, les relations bilatérales entre les deux pays s’étaient développées au point de signer un accord sécuritaire qui s’étend à la surveillance des frontières maritimes et des eaux territoriales entre les deux pays, ainsi que la coopération dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme, l’enrichissement illicite, le blanchiment d’argent, la contrebande d’armes, de marchandises et de monuments, l’immigration clandestine, la falsification de documents gouvernementaux et contre le trafic de drogue. L’accord facilitait aussi la circulation des citoyens entre les deux pays et l’échange des expériences dans les domaines de la sécurité et de la formation du personnel de sécurité. A l’époque, l’accord avait été considéré comme « une évolution importante et un changement qualitatif et positif dans les domaines de la coopération entre l’Arabie saoudite et l’Iran », comme avait déclaré le ministre iranien de l’Intérieur. Cependant, les journaux Tehran Times et Iran News avaient souligné que « l’accord de sécurité autour duquel les négociations ont duré près de deux ans concernait des questions purement bilatérales qui n’ont rien à voir avec les affaires militaires ».
Mais cette relance de la coopération sécuritaire peut-elle apaiser les craintes de Riyad en ce qui a trait au programme nucléaire iranien ? « Les négociations entre l’Arabie saoudite et l’Iran pour parvenir à cet accord sont basées sur des engagements clairs de la part de Téhéran dans tous les dossiers. Vu que Pékin entretient de fortes relations avec les deux parties, elle est devenue un garant de l’accord et un garant pour l’Arabie saoudite contre le programme nucléaire iranien », explique Sultan.
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