Non convaincu par l’ouverture iranienne, Tel-Aviv a cherché à mobiliser le monde contre le régime iranien, mais sans succès. En fait, Rohani a réussi — dans une certaine mesure —«
son offensive de charme » à séduire le monde. Son discours devant l’Assemblée générale a provoqué la colère d’Israël, qu’il a appelé à signer le Traité de non-prolifération nucléaire, affirmant qu’«
aucune nation » ne devrait posséder d’armes atomiques. «
Israël est le seul pays dans la région à ne pas avoir signé le Traité de non-prolifération et elle devrait le faire sans délai supplémentaire », a déclaré Rohani. Exacerbé, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a accusé Téhéran de vouloir détourner l’attention de son dossier nucléaire, qualifiant ce discours d’«
hypocrite » et de «
cynique ». «
Cette intervention traduit exactement la stratégie iranienne qui consiste à gagner du temps pour faire progresser ses capacités nucléaires », a affirmé Netanyahu.
Selon les experts, la diplomatie de Rohani pourrait bien atteindre son but et Israël pourrait désormais être menacé d’isolement ou au moins de « mésentente » avec son allié américain. Dimanche, des voix israéliennes ont adopté un ton « méprisant » contre les Etats-Unis, accusés de se laisser tromper par Rohani sur la question nucléaire. De peur que la crise ne dégénère, le président israélien, Shimon Pérès, a critiqué ce ton «». « On peut être d’accord ou ne pas être d’accord avec les Américains, mais on doit parler et tenter de les convaincre », a ajouté Pérès, qui tente d’éviter une répétition du coup de froid qui a déjà frappé les relations entre les deux pays à cause du nucléaire iranien. En 2012, un air de rancoeur avait soufflé sur les deux alliés quand Obama a refusé de fixer une ligne rouge au programme nucléaire iranien, amenant Netanyahu à soutenir son adversaire, Mitt Romney, lors des présidentielles.
Désormais, la tâche de Netanyahu ne sera pas facile — comme l’a reconnue dimanche la radio publique israélienne — car Rohani est beaucoup plus expérimenté que son prédécesseur. Les fois passées, à l’Onu, il était beaucoup plus facile d’argumenter contre l’Iran. Or, cette année, l’Occident n’a pas prêté oreille aux cris de la délégation israélienne et l’amertume des responsables israéliens était « indescriptible » à l’annonce d’une réunion en présence des chefs de la diplomatie américaine et iranienne pour la première fois depuis 1980.
Ce qui affaiblit de plus la situation de Tel-Aviv aux yeux du monde c’est son obstination et sa réticence farouche face à toute ouverture iranienne. Netanyahu n’a même pas apprécié que Rohani a pris le contrepied de son prédécesseur en condamnant les crimes que les nazis ont commis envers les juifs. Au lieu de saluer ces déclarations, l’ambassade d’Israël à Washington s’est moqué de Rohani le dépeignant en « vendeur à l’international ». Cette main tendue par Téhéran et refusée par Tel-Aviv creusera-t-elle un nouveau fossé entre Washington et son « enfant gâté » ?
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