Engrais et céréales : Baisse des exportations
La Russie et l’Ukraine sont parmi les plus importants exportateurs mondiaux de produits agricoles et d’engrais. En 2021, les deux pays étaient en tête des exportateurs de blé, de maïs, de graines de tournesol et de colza. En gros, les deux fournissent au monde le tiers de l’ensemble des graines. La Russie, elle, est aussi l’un des principaux exportateurs de toutes sortes d’engrais.
L’Organisation onusienne de l’agriculture et l’alimentation (la FAO) estime que la guerre en Ukraine s’ajoute à d’autres crises et que ses impacts révèlent des faiblesses majeures dans les systèmes alimentaires et énergétiques mondiaux. « L’insécurité alimentaire était déjà en hausse avant le déclenchement de la guerre, avec environ 44 millions de personnes au bord de la famine en raison du Covid-19, des changements climatiques et des conflits », d’après le rapport sur la sécurité alimentaire 2022. Au total, environ 345 millions de personnes dans 82 pays sont affrontées à une insécurité alimentaire aiguë ou à un risque élevé d’insécurité alimentaire en 2022, soit près de 200 millions de plus qu’avant la pandémie, avertit le rapport.
En 2023, la situation reste inquiétante.
L’Ukraine tousse ... Le monde arabe étouffe
(Photo : Reuters)
Une enquête menée par la FAO a révélé qu’une famille sur quatre dans les régions rurales d’Ukraine a quitté l’agriculture ou a réduit sa production. En plus, les ports sont détruits. Pour ce qui est de la Russie, la production et les ports sont intacts, mais les sanctions limitent sa capacité à exporter. Ces facteurs augmentent le risque de la prolongation du manque d’offre et de grandes fluctuations des prix.
La région arabe dépend largement des importations de blé ukrainien et russe. Les consommateurs pauvres de la région sont extrêmement vulnérables aux chocs relatifs aux prix du blé, du maïs et des huiles. D’après les modèles de simulation de la FAO, le nombre des mal-nourris pourrait augmenter de 8 millions d’individus, pour atteindre 13 millions en 2022-2023. Les pays à revenus inférieurs de la région, ainsi que ceux en conflit, seront parmi les plus affectés.
L’Egypte réagit
(Photo : Reuters)
Avant la guerre, l’Egypte, premier importateur mondial de blé, achetait 80% du blé importé des deux belligérants. Suite au conflit, l’Egypte a réussi, partiellement, à remplacer le blé ukrainien. Ainsi, en 2022, la part du blé russe est passée à 57% de l’ensemble de blé importé, contre 50% en 2021. Ce qui a partiellement compensé la baisse de l’importation de blé ukrainien, qui est passé à 8,9% de l’ensemble de blé importé contre 28% en 2021.
De même, l’Egypte a diminué ses importations. Les importations en blé ont baissé en 2022 de 18,7%. « Le niveau le plus bas depuis 2013 », note Mohamad El-Gammal, conseiller auprès de la FAO, à Reuters. Le gouvernement a également diminué le poids de la galette de pain subventionné et a économisé quelque 500000 tonnes d’importation, en haussant le taux d’extraction de la farine à partir du blé, d’après le rapport du Service agricole américain sur les grains et céréales en Egypte.
Une autre tactique réussie: l’augmentation du prix d’achat que le gouvernement offre au blé local et d’autres céréales, d’après le rapport américain. Cela a aidé à maintenir la surface cultivée en blé (à travers une hausse de prix offerts de 22% en 2023). Les surfaces cultivées en maïs et en riz augmenteraient. Le prix du maïs a augmenté de 60% en 2022, selon le même rapport.
En bref, les chocs extérieurs n’ont pas causé de pénuries des produits alimentaires de base, donc, ils ont été plus ou moins bien mitigés en Egypte en termes de disponibilité. Mais les prix élevés ont négativement affecté leur accessibilité. Le baromètre arabe 2022, publié par l’Université de Princeton, révèle que deux tiers de l’échantillon enquêté en Egypte ont connu une forme ou une autre d’insécurité alimentaire.
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