Ni victoire ni paix. La guerre en Ukraine est-elle sans issue ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres. Un an après le début du conflit dont l’écho retentit encore partout dans le monde, l’incertitude plane toujours. La guerre qui avait commencé par une « opération militaire spéciale » le 24 février s’est transformée, dès ses premiers jours, en une guerre par procuration sur la scène ukrainienne entre la Russie d’un côté et les Etats-Unis et l’Otan de l’autre. En effet, l’opération russe a provoqué une escalade dramatique du conflit qui avait commencé il y a 8 ans avec l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Aujourd’hui, une nouvelle phase du conflit s’ouvre avec la bataille de Bakhmout, la plus décisive, qui fait rage entre les forces russes et ukrainiennes dans l’est de l’Ukraine, et qui coïncide avec le déploiement des navires nucléaires russes en mer Baltique. « La guerre en Ukraine se dirige vers une nouvelle escalade, alors que les perspectives de paix font toujours défaut », explique Ahmed Sayed Ahmed, expert des affaires régionales à Al-Ahram. Et d’ajouter : « Le soutien militaire illimité fourni par les pays occidentaux, les Etats- Unis et l’Otan à l’Ukraine a permis de rééquilibrer les rapports de force sur le terrain et de prolonger guerre ». Avec le début de la deuxième année de la guerre, une nouvelle réalité s’impose sur le terrain. « L’armée ukrainienne est en train de changer de visage. Les Russes devront désormais affronter une armée ukrainienne dotée d’équipements occidentaux », explique Ahmed Sayed Ahmed. L’Allemagne s’apprête à livrer dans les jours à venir des chars de combat Leopard à l’Ukraine, alors que Washington a annoncé qu’elle l’équiperait du puissant char M1A1 Abrams. La Grande-Bretagne, quant à elle, devrait livrer à Kiev, dès la fin mars, les chars Challenger 2.
En dehors des frontières de l’Ukraine, les conséquences du conflit ont atteint les quatre coins du monde. Bien qu’il soit défini du point de vue strictement militaire comme une guerre entre deux pays, le conflit est perçu comme une guerre mondiale en raison de ses répercussions économiques à grande échelle. La guerre en Ukraine a empêché le retour à une situation post-pandémie et a assombri les perspectives de reprise des économies émergentes et en développement. En outre, elle est survenue au moment où d’autres problèmes globaux non traditionnels s’entremêlent : changement climatique, pandémies, crises de réfugiés et personnes déplacées, ainsi que perturbations des chaînes alimentaires.
La stabilité mondiale affectée
« Ce sont des questions qui affectent directement la stabilité mondiale. En plus, la manière de régler ces problèmes sera également affectée par l’issue de la guerre et ses conséquences », souligne Ahmed Sayed Ahmed. Selon le Global Risks Report 2023 publié en janvier dernier par le Forum économique mondial (WEF), « les conflits et les tensions géopolitiques ont donné lieu à une série de risques mondiaux interconnectés ». « A l’heure actuelle, la pandémie mondiale et la guerre en Ukraine ont ramené au premier plan les crises énergétique, inflationniste, alimentaire et sécuritaire. Ces risques en engendrent d’autres qui seront prédominants ces deux prochaines années : le risque de récession, le surendettement accru, la crise continue du coût de la vie, un arrêt des mesures climatiques rapides et une guerre géoéconomique à somme nulle », ajoute le rapport.
La guerre, vers où ?
Par ailleurs, une nouvelle carte géopolitique se dessine, notamment dans l’Est de l’Europe, après que la Finlande et la Suède, des pays frontaliers de la Russie, ont renoncé à leur neutralité et ont décidé de rejoindre l’Otan. Par ailleurs, la course d’armement s’accélère en Europe avec le déploiement de systèmes de missiles antiaériens dans des pays comme la Pologne et la Tchèque. Sur l’autre rive, la région du Moyen-Orient est devenue une arèneclé de la concurrence mondiale entre les Etats-Unis d’une part, la Russie et la Chine d’autre part, pour former des alliances et des contre-alliances. Cependant, avec le prolongement du conflit, le Moyen-Orient retrouve son importance. Celles-ci se sont manifestées par la série de visites effectuées ces derniers jours par des responsables américains et européens dans la région, dont le but principal était de chercher des alternatives au pétrole et au gaz russes. « Il n’y aura pas de gagnant dans ce conflit militaire », souligne Ahmed Sayed Ahmed. Et de conclure : « Les jours à venir seront décisifs. Ils séparent une guerre d’usure hivernale et une guerre ouverte qui pourrait commencer au printemps prochain dans le but d’améliorer la position de négociation de chaque partie dans la bataille diplomatique qui viendra tôt ou tard, mais qui sera plus longue et plus difficile que la guerre ».
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