L’accord a été conclu par Oman LNG et China International United Petroleum and Chemical Company (UNIPEC), la branche commerciale de la société chinoise SINOPEC, le plus grand raffineur d’Asie, et porte sur l’achat de 1 million de tonnes métriques de GNL par an à partir de 2025.
La Chine était le plus grand importateur mondial de GNL en 2021, mais a cédé sa place au Japon l’année dernière en raison des mesures de confinement et de fermeture liées au Covid-19 qui ont perturbé son économie. Contrairement aux pays européens, engagés activement dans la transition énergétique, la Chine poursuit sa quête d’accords à long terme sur des combustibles fossiles pour sécuriser ses approvisionnements énergétiques et se protéger contre les fluctuations des prix.
L’accord intervient à un moment où la coopération économique de la Chine avec Oman connaît un essor, comme avec le reste des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Koweït et Bahreïn). Le commerce bilatéral entre Pékin et Mascate a bondi à 32 milliards de dollars en 2021, soit une augmentation de 71,5 % par rapport à l’année précédente. Durant les sept premiers mois de 2022, les échanges commerciaux ont totalisé 20,5 milliards de dollars, soit une augmentation de 40 % par rapport à la période correspondante de 2021. En cette année, la Chine a importé 21 millions de tonnes de pétrole omanais, soit une hausse de 41 % par rapport à 2020. Bien que le pétrole domine leurs relations commerciales, la Chine s’est lentement implantée dans les secteurs non pétroliers du Sultanat, conformément à son initiative « la Ceinture et la Route », un projet axé sur le développement des infrastructures afin de projeter l’influence de Pékin à l’échelle mondiale. C’est ainsi que Pékin a lancé le parc industriel Chine-Oman dans la zone économique spéciale du port de Duqm, sur la mer d’Arabie, et prévoit d’y investir 10 milliards de dollars, presque la moitié des investissements directs étrangers à Oman. Duqm joue un rôle important dans l’initiative « la Ceinture et la Route ». Il n’est donc pas surprenant que les entreprises chinoises aient commencé à y investir dès 2016.
L’importance majeure d’Oman pour la Chine réside dans sa position stratégique, avec de longues côtes le long du golfe d’Oman et de la mer d’Arabie, loin du détroit d’Hormuz, extrêmement sensible politiquement, par lequel transite au moins un tiers des approvisionnements pétroliers mondiaux. Ces côtes offrent un accès largement sans entraves aux marchés de l’Asie du Sud, de l’Asie de l’Ouest et de l’Afrique de l’Est, ainsi qu’à ceux de ses voisins du Moyen-Orient. Une seconde importance réside dans le fait qu’Oman dispose de capacités considérables en GNL, qui sont sous-exploitées. Le GNL, transporté par méthaniers, représente une meilleure option, car il est disponible beaucoup plus rapidement que le gaz acheminé par pipeline, sans la construction préalable d’infrastructures coûteuses et chronophages.
L’approfondissement des liens avec la Chine représente deux intérêts majeurs pour Oman, le premier est l’exportation de gaz naturel et de pétrole. Outre cette dimension commerciale, le rapprochement avec Pékin s’inscrit dans la stratégie à long terme du Sultanat visant à diversifier son économie loin des hydrocarbures en attirant des capitaux et une expertise étrangers vers les secteurs non pétroliers. La démarche est guidée par plusieurs plans quinquennaux correspondant aux objectifs globaux de la Vision 2040.
Approche globale
Le rapprochement de la Chine avec Oman est inséparable de sa démarche vis-à-vis de la région du Golfe dans son ensemble. En effet, les pays du CCG développent leurs liens économiques avec la Chine depuis plusieurs décennies, en grande partie au détriment du commerce avec les Etats-Unis et l’Union Européenne (UE). Le commerce CCG-Chine a doublé entre 2010 et 2021, cette dernière représentant 16,7 % du commerce total du Golfe en 2021. Entre 1980 et 2019, les exportations des pays du CCG vers la Chine ont augmenté à un taux annuel de 17,1 %. En 2021, 40 % des importations chinoises de pétrole provenaient du Golfe, plus que tout autre pays ou groupe régional. La Chine a également bénéficié d’une demande croissante de ses produits manufacturés, les exportations vers le Golfe augmentant à un taux annuel de 11,7 % au cours de la dernière décennie. La Chine a ainsi dépassé les Etats-Unis en 2008, puis l’UE en 2020 comme principale source d’importations du Golfe.
La principale motivation de Pékin pour une plus grande coopération avec le Golfe reste ancrée dans sa dépendance vis-à-vis des importations d’énergie, alors que les membres du CCG dépendent encore fortement des revenus des hydrocarbures pour mener à bien leurs efforts de diversification. La Chine, avec sa croissance industrielle rapide et ses ressources pétrolières limitées, restera l’un des principaux importateurs d’énergie des monarchies du Golfe, tandis que celles-ci pourront profiter des industries compétitives de la Chine dans leurs efforts d’expansion et de diversification économiques. La guerre en Ukraine et la flambée des prix de l’énergie ont injecté une nouvelle urgence dans le besoin de la Chine d’assurer un approvisionnement stable en hydrocarbures pour répondre à la demande croissante de son économie. Les membres du CCG, à mesure que leurs liens avec les Etats-Unis s’affaiblissent, ressentent un besoin urgent de consolider leurs rapports avec la Chine en tant que nouveau partenaire commercial principal et pourvoyeur de développement économique.
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