La Russie subirait ses plus grosses pertes depuis le début de la guerre en Ukraine. C’est ce que rapporte le ministère britannique de la Défense, sur la base des chiffres de l’état-major ukrainien. « La moyenne des sept derniers jours était de 824 victimes par jour, soit plus de quatre fois le taux signalé de juin à juillet 2022 », a-t-il indiqué dimanche 12 février sur Twitter. Cette augmentation intervient au moment où la Russie a lancé une « offensive majeure », selon Kiev.
Oleksy Danilov, secrétaire du Conseil national de sécurité de l’Ukraine, rapporte que la Russie a de « gros problèmes » avec la campagne. « Nos troupes se défendent très bien contre cette attaque », a-t-il déclaré. Les combats les plus importants de ces dernières semaines ont eu lieu dans la ville ukrainienne de Bakhmout. Vendredi 10 février, des infrastructures énergétiques ukrainiennes ont été détruites par des bombardements russes, plongeant une grande partie du pays dans le noir pour le week-end, même si Kiev assure être en mesure de contrôler ces défaillances. Une nouvelle salve de missiles russes contre l’Ukraine intervient après la tournée européenne du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui, la semaine dernière, à Londres, Paris et Bruxelles, a exhorté ses alliés à fournir des missiles de longue portée et des avions de chasse, ce que ni les Européens, ni les Américains n’ont à ce stade accepté, de crainte d’une escalade avec Moscou.
Querelle affichée
Ces bombardements interviennent aussi alors que la rivalité est de plus en plus directe entre le ministère russe de la Défense et Wagner. Le chef du groupe paramilitaire russe Wagner a affirmé dimanche 12 février que ses troupes avaient pris la localité ukrainienne de Krasna Hora, à quelques kilomètres au nord de Bakhmout, une ville-clé que Moscou cherche à conquérir depuis le début de la guerre. Depuis plus de six mois, le groupe Wagner et l’armée russe tentent de capturer Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, une ville à l’importance stratégique limitée, mais qui a gagné une grande importance symbolique du fait de la durée des combats. Les forces russes tentent ces dernières semaines d’encercler Bakhmout et ont réussi à couper plusieurs routes vers la cité, vitales pour le ravitaillement des troupes ukrainiennes.
Dans le même contexte, le groupe Wagner avait annoncé, le 11 janvier, avoir pris Soledar, une ville plus importante située non loin de Krasna Hora. Mais le ministère russe de la Défense avait mis deux jours avant d’annoncer la conquête de Soledar, révélant des dissensions entre Wagner et l’armée régulière russe. « Après la prise de Soledar, il y a eu un tapage affirmant que d’autres (soldats), hormis les combattants de Wagner, étaient à Soledar. Evidemment, les gars n’étaient pas contents », a commenté dimanche Yevgeny Prigojine, chef du groupe de mercenaires. « Dans un radius de 50 kilomètres, plus ou moins, il n’y a que des combattants de Wagner et ils vont prendre Bakhmout », a-t-il assuré.
« Le rôle du groupe Wagner soulève beaucoup de questions depuis sa création en tant que société privée dans le domaine de la sécurité. Ce rôle n’a cessé d’évoluer », explique un diplomate qui a requis l’anonymat. Et d’ajouter que « les milices du groupe sont impliquées dans des conflits partout dans le monde, notamment au Moyen-Orient et en Afrique, mais il s’avère que la gestion du groupe de la part des services russes devient de plus en plus problématique ».
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