Al-Ahram Hebdo : Qu’est-ce que la Thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC) et quand a-t-elle commencé à être utilisée ?
Dr Abdelrahman Elfetiani : La thérapie cognitivo-comportementale a commencé dans les années 1950 et s’est développée jusqu’à ce que ses fondements aient été largement établis dans les années 1990. Ce traitement est basé sur la relation entre le médecin et le patient qui se forme au cours des séances de thérapie. Cette relation doit être basée sur la confiance, dans la mesure où le patient explique au thérapeute la nature de ses problèmes et sentiments. Le patient doit clairement ressentir les réactions du médecin. En d’autres termes, le médecin doit interagir avec le patient et montrer son empathie et son intérêt à travers ce que l’on appelle « l’écoute active », pour connaître l’origine de la souffrance du patient, que ce soit l’éducation, l’environnement familial, scolaire, professionnel, ou les événements auxquels le patient a pu être exposé et qui ont créé chez lui des sentiments négatifs qu’il ne peut pas surmonter tout seul. Le thérapeute commence par définir les techniques et les exercices que le patient doit pratiquer pour faire face à ses problèmes et les résoudre.
— Quels sont les troubles qui répondent le plus à la TTC ?
— Les patients souffrant de dépression ou de phobies répondent bien à la TCC, les cas faibles et modérés peuvent guérir sans avoir recours au traitement médicamenteux. Les sentiments négatifs, tels que le sentiment d’infériorité, d’impuissance, de méfiance, d’échec, de nervosité extrême, d’anxiété injustifiée, sont caractéristiques chez le patient déprimé, anxieux ou stressé. La TCC est aussi utilisée dans le traitement des troubles obsessionnels-compulsifs et de la dépression bipolaire. Cependant, dans ces cas, la TCC se fait en parallèle avec un traitement médicamenteux.
— Comment se déroule le traitement ?
— Le rôle principal dans ce type de traitement est de restructurer les pensées du patient en découvrant les raisons des sentiments négatifs, en analysant les pensées qui les accompagnent, puis en les remplaçant par des pensées positives. Mais tout d’abord, le type de dépression chez le patient doit être déterminé. Par exemple, un patient qui a un sentiment d’infériorité parce qu’il imagine qu’il n’a pas eu beaucoup de succès dans la vie, ses pensées seront restructurées en passant en revue toutes les réussites qu’il a déjà réalisées, aussi simples soient-elles, ainsi qu’à travers un certain nombre d’exercices qui l’aident à découvrir que ses pensées négatives sont infondées. L’objectif c’est de remplacer les pensées négatives par d’autres positives.
De même, il existe des exercices pour les sentiments de colère, de peur, de panique, de tristesse, etc. pour aider le patient à se distraire de ses pensées négatives. En général, une TCC se déroule en 12 séances sur 3 à 6 mois, selon l’état du patient.
— Quelle est la nature de ces exercices ?
— Dans la plupart des cas, nous essayons d’occuper le patient dans une activité qu’il aime, comme le dessin, l’artisanat, le sport, la musique, le chant, ainsi que par des techniques de respiration et de relaxation. D’autres exercices impliquent également l’odorat et le toucher. L’idée c’est de donner au patient une activité qui l’occupe, le relaxe et qui lui procure le sentiment d’avoir réalisé quelque chose.
— Quels sont les avantages de la TCC par rapport aux autres thérapies ?
— Le principal avantage de la TCC, c’est de responsabiliser le patient, celui-ci réalise qu’il est, lui, en contrôle de ses humeurs et que la solution à son problème se trouve en lui-même, pas chez le médecin, auprès des autres ou dans les médicaments. Ainsi, à la fin du traitement, le patient continue à faire les exercices auxquels il s’est entraîné au cours de la thérapie et à utiliser tout seul les outils qu’il a appris pour se sentir bien. Et là il faut noter que le patient doit avoir un certain niveau d’éducation et d’intelligence afin de pouvoir profiter d’une TCC.
— Quel est le pourcentage de patients qui vont jusqu’au bout du traitement, de ceux qui font une rechute, et quel est le taux de réussite de la TCC ?
— 90 % des patients terminent la thérapie. Il n’y a pas de rechute immédiate, cela dit, la dépression est une maladie récurrente, elle peut attaquer à nouveau des années plus tard. Ici, le problème n’a rien à voir avec l’efficacité de la thérapie, mais avec la nature de la maladie. Quant au taux de réussite de la TCC, il atteint 68 %, soit le même que celui du traitement médicamenteux.
— La TCC a-t-elle des effets négatifs ?
— Dans un seul cas, celui d’avoir affaire à un thérapeute non spécialiste ou peu expérimenté.
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