— Pourquoi l’Egypte n’a-t-elle pas encore franchi le nombre de touristes voulu ?
— Ahmed Issa: L’Egypte ne manque ni de potentiels ni d’opportunités pour pouvoir accueillir le nombre voulu. Notre but est d’atteindre 30 millions de touristes par an et de faire des revenus de 30 milliards de dollars d’ici 2030. Le ministère travaille actuellement sur l’étude des défis que rencontre le secteur afin d’aboutir à ce nombre. A savoir que le nombre maximal atteint en Egypte était de 13 millions de touristes en 2010. Il y a eu ensuite une baisse suite aux perturbations politiques de 2011 puis un rebond en 2019 avant que ne soyons à nouveau touchés par les répercussions du Covid-19. Le tourisme est comme toute industrie, il faut étudier les défis et les problèmes qui s’y posent pour trouver des solutions et établir des priorités.
— Comment le ministère compte-t-il atteindre ce chiffre ?
— Pour atteindre ce but, le ministère va appliquer durant les prochains mois un programme intensif qui dure de 12 à 18 mois. Ce programme consiste à travailler sur trois axes principaux dont le premier est l’aviation. Il y a une coordination conjointe avec le ministère de l’Aviation civile pour augmenter le nombre de vols, de sièges qu’on doit tripler et appliquer l’aviation à bas prix, qui est très rentable à nos jours, surtout que l’Egypte a cinq aéroports internationaux. En outre, l’ouverture du nouvel aéroport « Sphinx » donnera un élan aux vols à bas prix. Le deuxième axe, c’est l’amélioration des services présentés, avec une augmentation de 25 à 30% par an du nombre des chambres touristiques afin de pouvoir accueillir un grand nombre de visiteurs. A noter que les chambres touristiques en Egypte augmentent de 1 % seulement par an depuis 2018. Le troisième axe vise à améliorer le climat de l’investissement touristique. Pour ce, je dois saluer le secteur privé qui est notre partenaire depuis plusieurs années. Le ministère cherche à attirer plus d’investissements touristiques en Egypte.
— Et qu’en est-il des hôtels ?
— Le ministère est à la recherche d’une diversité dans les catégories des chambres hôtelières, surtout celles trois étoiles. Plusieurs gouvernorats, en particulier Louqsor, Assouan et Qéna, ont un besoin urgent d’augmenter la capacité hôtelière afin de répondre aux réservations. A ce sujet, on collabore étroitement avec le ministère du Logement.
— En tant que régulateur du secteur touristique en Egypte, que surveille le ministère exactement ?
— Le ministère surveille et exploite environ 8000 installations touristiques: près de 1200 établissements hôteliers, 2200 compagnies touristiques, 1300 restaurants et cafés, 2200 bazars et magasins touristiques et environ 480 centres de plongée et clubs de sports maritimes. De même, le Conseil Suprême des Antiquités (CSA) gère près de 2000 sites archéologiques dont 133 seulement qui sont ouverts au public, 40 musées dont 31 seulement qui fonctionnent. Le CSA a pour rôle essentiel de restaurer, développer, enregistrer, documenter et maintenir les monuments de l’Egypte. De même, c’est une institution scientifique qui détermine l’authenticité des pièces, elle supervise et adopte les études scientifiques et approuve et surveille les missions étrangères en Egypte qui sont au nombre de 250 missions étrangères et 25 égyptiennes qui opèrent sur les sites archéologiques dans les quatre coins du pays. Le CSA opère aussi sur les sites archéologiques ouverts au public où il présente une expérience touristique inédite aux visiteurs des sites.
— Quels sont les problèmes majeurs dont souffre le secteur ?
— Nous avons une vision d’un certain nombre de problèmes dont souffre l’industrie, et nous cherchons à élaborer une vision scientifique pour les réduire. Je suis optimiste pour l’année 2023. Le premier ministre, Moustapha Madbouli, exige que les revenus du tourisme doivent atteindre 30 milliards de dollars par an d’ici 2030. Il a également souligné la nécessité d’encourager les investissements et anéantir les difficultés que rencontrent les hommes d’affaires conformément aux directives présidentielles données à cet égard.
— Et qu’en est-il des campagnes et des promotions lancées par le ministère ?
— Les campagnes de promotion touristique, comme Sunny Christmas, Sunny January ou Follow the Sun, ont eu un impact positif sur les marchés ciblés. On a l’intention d’intensifier ces campagnes au cours des saisons futures. On vise à promouvoir le tourisme dans 12 principaux pays exportateurs de touristes dont des pays européens et arabes. D’après les études détaillées, 272 millions de touristes de différents pays ont exprimé leur désir de découvrir l’Egypte. Les marchés touristiques visés ont été alors divisés en 5 groupes, ceux qui préfèrent le tourisme balnéaire, culturel, celui de divertissement, le tourisme familial ou celui des aventures. Il y a aussi le marché russe qui est une cible essentielle pour l’Egypte. A savoir que près de 5500 voyageurs russes sont venus en Egypte pendant la dernière semaine de juillet dernier, ce nombre a atteint 20300 par semaine fin octobre.
— Qu’en est-il des finances ?
— On dirige les dépenses du ministère pour organiser des programmes de promotion touristique en faveur de cette industrie. En effet, la diffusion publicitaire dans les médias étrangers nous a coûté environ 800 millions de L.E. durant la saison 2021-2022. On a actuellement six bureaux de tourisme à l’étranger dont le rôle est de faire la promotion du pays et faciliter les services aux touristes. A savoir que dans le temps l’Egypte possédait 17 bureaux à l’étranger et dont les dépenses étaient de près de 20 millions de dollars par an, ce qui coûtait cher au pays. Par ailleurs, le ministère dépense presque 850 millions de L.E. pour appliquer le programme incitatif pour l’aviation qui dure jusqu’à avril 2023. Le ministère du Tourisme et des Antiquités suit un système auto-financier, soit à travers le fonds de subvention du tourisme, soit les revenus du secteur et aussi à travers le programme de subvention du CSA, qui coûte 3,1 milliards de L.E. dont presque 1 milliard proviennent des billets vendus pour qu’il gère ses travaux.
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