Les députés ont rejeté les ingérences du parlement européen dans les affaires intérieures de l’Egypte.
« Cette résolution est arrogante et politisée et inclut une multitude d’informations incorrectes et erronées (…) Il s’agit d’une résolution décevante qui ne reflète pas de vision objective de la situation des droits de l’homme en Egypte », ont affirmé les députés égyptiens dans un communiqué publié en réponse à la résolution adoptée par le parlement européen le 24 novembre sur la situation des droits de l’homme en Egypte. « Le parlement européen s’est autoproclamé juge et gardien de l’évolution des événements au sein de l’Etat égyptien, ce qui constitue une ingérence grossière dans les affaires intérieures d’un Etat souverain et une violation des conventions des Nations-Unies (...) Cela est totalement inacceptable », a poursuivi le communiqué.
Les députés ont également déploré le fait que la résolution du parlement européen ait été adoptée sans consultation préalable avec la Chambre des députés égyptiens pour s’assurer de la véracité de ses arguments qui ne reposent sur aucun fondement. Ceci a été souligné dans le communiqué du parlement qui a détaillé les fausses allégations du parlement européen. Dans sa résolution, le parlement européen a allégué qu’un état d’urgence était en place en Egypte depuis 2017, que des enfants pourraient être passibles de la peine de mort. Des allégations qui ont été niées par les députés, qui ont assuré que l’état d’urgence en Egypte avait été levé en octobre 2021. Ils ont aussi expliqué que les lois en vigueur prohibent que des enfants se voient infliger des peines capitales, de prison à perpétuité ou de prison ferme.
Concernant la situation du prisonnier Alaa Abdel-Fattah, qui a également été évoquée dans la résolution européenne, prétendant que sa détention est faite de manière arbitraire, le communiqué a assuré qu’il purgeait une peine de prison après avoir été reconnu coupable d’un crime pénal et condamné à 5 ans de prison, et que le condamné avait bénéficié d’un procès équitable, du droit à se défendre et recevait des visites régulières de la part des proches et membres de sa famille.
Concernant les allégations du parlement européen concernant la torture à mort du prisonnier Ayman Hadhoud, le communiqué a souligné que Hadhoud est décédé le 5 mars 2022, et qu’après examen et sous la supervision du Parquet général, le département de médecine légale a affirmé que Hadhoud était décédé d’une maladie cardiaque chronique et que son corps était exempt de toute trace de torture ou de violence.
Les droits de l’homme, un objectif national
Le président de la commission des droits de l’homme au Conseil des députés, Tareq Radwan, a affirmé que la résolution du parlement européen sur l’Egypte n’était rien d’autre qu’un avis non contraignant d’un nombre restreint des membres du parlement et n’engage aucun pays de l’Union européenne. « La session qui a publié cette déclaration était quasiment vide, puisque le nombre de participants ne dépassait pas 7 membres », explique Radwan, ajoutant que « malgré cela, nous avons tenu à répondre à cette déclaration, car nous refusons catégoriquement cette ingérence inexplicable et ces mensonges contre l’Egypte ». Pour Radwan, la résolution porte atteinte d’une manière flagrante à l’intégrité de l’Egypte, à l’indépendance du Parquet général et de la justice égyptienne, ce qui constitue une violation des garanties d’indépendance de la justice, conformément aux conventions internationales.
Le président de la commission des droits de l’homme a également critiqué cette déclaration « qui limite les principes des droits de l’homme à quelques personnes en particulier, alors que d’énormes efforts ont été déployés en termes de la libération des prisonniers, de la mise en oeuvre des principes de la stratégie égyptienne des droits de l’hommes, l’octroi d’une vie décente aux citoyens et autres, qui ont tous été négligés. Quand nous parlons des droits de l’homme, nous parlons d’un objectif national qui vise les intérêts et les droits de 104 millions de citoyens ».
Le communiqué a tenu enfin à critiquer la politique de deux poids, deux mesures du parlement européen qui, au lieu de « recourir à des informations non documentées et erronées sur la situation des droits de l’homme en Egypte », aurait dû se concentrer sur les défis auxquels sont confrontés les droits de l’homme dans les pays de l’Union européenne. « Nous constatons qu’il y a une violation systématique des droits de l’homme dans les pays de l’UE, comme le racisme contre les immigrés, les réfugiés et les minorités; la croissance de l’islamophobie, des discours de haine, de la violence contre les femmes, de la violence de rue et des crimes contre les enfants », a souligné le communiqué. Et de conclure: « Le parlement égyptien tient à tendre la main de l’amitié à tous les partenaires, y compris européens, appréciant leur intérêt pour les conditions internes de l’Egypte en tant que pays au poids politique important au Moyen-Orient. Mais nous avertissons que cet intérêt doit être basé sur le respect mutuel et la coopération et sans les politiques d’arrogance, d’hégémonie et d’ingérence dans les affaires intérieures ».
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