Historique. C’est le terme choisi par beaucoup d’observateurs pour qualifier l’accord arraché dans les derniers instants de la COP27 sur la création d’un fonds destiné à indemniser les dégâts climatiques irréversibles subis par les pays pauvres. « Les décisions prises lors de la COP27 sont un message destiné au monde entier », a déclaré Sameh Choukri, président de la conférence, après la séance de clôture. Et d’ajouter : « Le travail que nous avons accompli ici au cours des deux dernières semaines et les résultats que nous avons obtenus ensemble témoignent de notre volonté collective, en tant que communauté des nations, d’exprimer un message clair qui résonne fort aujourd’hui, ici dans cette salle et dans le monde entier, à savoir que la diplomatie multilatérale fonctionne toujours, malgré les difficultés et les défis de notre époque. Nous avons été à la hauteur, nous avons assumé nos responsabilités et nous avons pris des décisions politiques décisives que des millions de personnes dans le monde attendaient de nous ». Quel bilan faire de cette COP ? L’Egypte a rempli avec succès son rôle de pays hôte. La Conférence sur le climat de l’Onu, qui s’est clôturée dimanche après des négociations intenses, et avec plus d’un jour de retard sur le calendrier prévu, a rassemblé plus de 110 dirigeants mondiaux et 45 000 participants. Parallèlement aux négociations officielles, dans la zone verte, la COP27 a offert une plateforme aux gouvernements, aux entreprises et à la société civile pour présenter des solutions climatiques concrètes. Le Sommet sur le climat a également vu le lancement, pour la première fois, du pavillon des jeunes et des enfants, afin de les intégrer au coeur de l’action climatique. La mission de ce sommet était de faire le lien entre le Sommet de Glasgow (COP26), tenu en 2021 au Royaume-Uni et qui a finalisé les règles d’application de l’Accord de Paris, et la COP28 prévue en 2023 aux Emirats arabes unis et qui examinera le premier bilan mondial de l’action climatique.
En marge du sommet, de nombreuses initiatives lancées par la présidence de la COP27 ont été approuvées, notamment le Programme d’adaptation de Charm Al-Cheikh, l’initiative Action pour l’adaptation et la résilience dans le domaine de l’eau (AWARE), l’initiative pour les marchés du carbone en Afrique (ACMI) et l’initiative Alimentation et agriculture pour une transformation durable (FAST), afin d’améliorer la quantité et la qualité des contributions au financement climatique pour transformer l’agriculture et les systèmes alimentaires d’ici 2030.
Deux textes principaux
Que dit l’accord ? La COP27 a adopté deux textes principaux : une déclaration finale qui comprend un texte sur la réduction des émissions de méthane et une résolution sur la compensation des dégâts climatiques subis par les pays pauvres. Le premier texte sur la réduction des émissions a réaffirmé l’objectif de « poursuivre les efforts pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C » et a appelé les pays à « prendre des mesures en vue de l’abandon progressif du recours au charbon et la suppression des aides publiques inefficaces aux carburants fossiles ». Selon beaucoup d’observateurs, réaffirmer cet objectif était essentiel, dans un contexte mondial de crise climatique et énergétique. Toutefois, il reste encore un long chemin à parcourir en matière de coopération internationale pour accélérer les réductions d’émissions. « Nous sommes déjà à mi-chemin entre l’Accord de Paris sur le climat et l’échéance de 2030. Nous avons besoin de tout le monde sur le pont pour faire avancer la justice et l’ambition », a précisé le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres. Quant aux dégâts climatiques, cette question épineuse de longue date qui figurait pour la première fois cette année à l’agenda officiel de la COP27 a finalement fait l’objet d’un accord. Compenser les dégâts climatiques est depuis 30 ans une demande forte des pays en voie de développement, qui contribuent peu aux changements climatiques, mais paradoxalement sont les plus touchés. Le texte prévoit « l’établissement de nouveaux accords de financement pour aider les pays en développement à faire face aux pertes et aux préjudices, notamment (...) en fournissant et en aidant à mobiliser des ressources nouvelles et supplémentaires ».
Et de créer « un fonds d’intervention en cas de pertes et dommages » dès 2023. Les gouvernements ont également convenu de créer un « comité de transition » chargé de formuler des recommandations sur la manière de rendre opérationnels les nouveaux mécanismes de financement et le fonds lors de la COP28 l’année prochaine. « Je crois vraiment que c’est historique. C’est un résultat très positif pour 1,3 milliard d’Africains », a déclaré Collins Nzovu, ministre de l’Environnement de la Zambie. « Cette COP a fait un pas important vers la justice. Je salue la décision de créer un fonds pour les pertes et dommages et de le rendre opérationnel dans la période à venir », a souligné le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres. Et de conclure : « De toute évidence, cela ne suffira pas, mais c’est un signal politique indispensable pour reconstruire la confiance brisée entre le Nord et le Sud ».
Les moments forts de la COP27
Les pays participants ont lancé un ensemble de 25 nouvelles actions de collaboration dans 5 domaines-clés : l’électricité, le transport routier, l’acier, l’hydrogène et l’agriculture.
Le programme d’adaptation de Charm Al-Cheikh a été également annoncé. Il débutera immédiatement après la COP27 et se poursuivra jusqu’en 2030, avec au moins 2 dialogues mondiaux organisés chaque année.
Le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a annoncé un plan de 3,1 milliards de dollars pour garantir que chaque habitant de la planète soit protégé par des systèmes d’alerte précoce dans les cinq prochaines années.
Un plan dirigé par le G7, appelé « Global Shield Financing Facility », a été lancé lors de la COP27 pour fournir des fonds aux pays victimes de catastrophes climatiques.
Le Danemark, la Finlande, l’Allemagne, l’Irlande, la Slovénie, la Suède, la Suisse et la Région wallonne de Belgique ont annoncé à Charm Al-Cheikh un total de 105,6 millions de dollars de nouveaux financements.
Le nouveau partenariat indonésien pour une transition énergétique juste, annoncé lors du Sommet du G20 qui s’est tenu parallèlement à la COP27, mobilisera 20 milliards de dollars au cours des trois à cinq prochaines années pour accélérer une transition énergétique juste.
Le partenariat des leaders pour les forêts et les climats a été lancé en marge de la COP27. Celui-ci vise à unir les actions des gouvernements, des entreprises et des dirigeants communautaires pour mettre fin à la disparition des forêts et à la dégradation des terres d’ici 2030.
Lien court: