Al-Ahram Hebdo : Le pavillon de l’Onu a présenté des photos et des histoires de nombreuses initiatives. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces initiatives ?
Elena Panova: Je suis très heureuse que l’Onu, en tant que co-hôte dans ce pavillon, partage les initiatives de 26 ONG qui ont participé à la COP27 et qui travaillent en Egypte. Dans la zone bleue, notre pavillon a présenté les événements parallèles de l’Onu en Egypte qui sont alignés sur l’agenda international de la COP27. Notre pavillon, qui portait le thème « Un pavillon pour une Onu en Egypte », montrait la politique mise en place par le système des Nations-Unies en Egypte pour faire face aux problèmes climatiques en s’appuyant sur les piliers de l’action des Nations-Unies en Egypte, à savoir le capital humain, les services sociaux clés, le développement économique, la gouvernance et l’autonomisation des femmes et des filles. Ce que nous avons présenté dans le pavillon montre les activités sur le terrain que nous mettons en oeuvre ensemble pour contribuer au développement durable de l’Egypte.
Notre ordre du jour à la COP27 portait sur l’adaptation au financement climatique. Je suis très heureuse que le contenu des discussions soit assez fort et que nous ayons eu de nombreux ministres dans les différents panels, tels les ministres de l’Education, Réda Hégazi, de la Jeunesse, Ashraf Sobhy, et de la Santé, Khaled Abdel-Ghaffar. Cela démontre le partenariat solide et la confiance entre les Nations-Unies et le gouvernement égyptien, car nous avons beaucoup de choses à faire avec les différents ministres concernés. Nous avons profité de l’opportunité de la COP27 pour démontrer que cette conférence était destinée à la mise en oeuvre des engagements entrepris.
— Que pensez-vous de l’initiative prise par le gouvernement égyptien pour créer des projets verts intelligents ?
— Je suis une grande partisane de l’initiative car c’est une initiative populaire qui se déroule au niveau des gouvernorats à différents niveaux. Elle propose un large éventail de projets, qui vont des petits projets communautaires aux grands projets entrepris par de grandes entreprises. C’est une initiative qui encourage les jeunes à innover des projets intelligents et respectueux de l’environnement et tente de relever les défis du changement climatique. 168 projets ont été ainsi présentés au niveau du pays. 18 ont été finalement choisis. Nous les avons soutenus parce qu’il s’agit d’une action au niveau local qui couvre l’agenda climatique. Ils sont directement liés aux Objectifs de développement.
— Comment voyez-vous le rôle des jeunes et des femmes dans la réduction des émissions nocives ?
— Nous avons tous un rôle à jouer au niveau individuel, nous pouvons tous beaucoup faire pour contribuer à la lutte contre le changement climatique. Si vous parlez spécifiquement des femmes, elles sont les chefs de famille, elles s’adaptent, elles ont de nombreux rôles à jouer et pour cela, nous devons les rendre autonomes. Ainsi, nous devons leur donner les moyens d’agir, elles doivent être indépendantes financièrement et économiquement, c’est ce dont nous avons besoin pour qu’elles puissent travailler. Elles peuvent contribuer, mais elles sont aussi les premières à s’adapter et à travailler dans le cadre d’une crise ou d’une catastrophe. La jeunesse est la vie et l’avenir. Nous disons que l’avenir commence aujourd’hui parce qu’il n’y a pas de temps à perdre. Le pouvoir de la jeunesse se trouve dans sa voix. Elle peut mettre beaucoup de pression sur ses dirigeants. Et c’est pour cela qu’elle a besoin d’être responsabilisée. C’est important de responsabiliser les femmes et les jeunes pour qu’ils puissent contribuer à cette entreprise.
— Qu’en est-il du rôle du secteur privé et des ONG ?
— En Egypte, nous savons que le secteur privé doit intensifier son action de manière significative. Par exemple, le financement du secteur privé pour l’adaptation climatique est très faible, de l’ordre de 7 %. Nous voulons du secteur privé qu’il renforce son action car c’est lui qui est à l’origine du progrès et de la révolution technique. C’est lui qui apporte la technologie, qui fait de la recherche et mène vers le développement. Cependant, pour que le secteur privé puisse s’engager dans le financement, il a besoin d’une entité pour rendre son action moins risquée et c’est le rôle des banques multilatérales de développement et des institutions financières de développement. La coalition entre les banques multilatérales de développement et le secteur privé est extrêmement importante pour que le secteur privé puisse commencer à investir dans des projets verts.
— Quelle évaluation faites-vous des résultats de la COP27 concernant les besoins de l’Afrique face aux changements climatiques ?
— Bien sûr, je pense d’abord que l’Afrique est le continent le plus menacé par le changement climatique. C’est pour cela que la COP a mis l’accent sur l’Afrique, dont le pavillon était très dynamique. Beaucoup d’initiatives y ont été lancées, et c’est déjà une première victoire. Le premier élément positif a été de mettre à l’ordre du jour de la COP les dommages subis par l’Afrique à cause du changement climatique. C’est une première dans l’histoire de la COP. Il doit y avoir un mécanisme pour que l’Afrique soit sur la liste des priorités, surtout après que l’Egypte a annoncé qu’elle présiderait la conférence au nom du continent africain et des pays en développement.
— Comment transformer les promesses et les engagements des pays développés en une application tangible ?
— Nous parlons de la confiance entre les pays en développement et les pays développés, comme l’a dit le secrétaire général de l’Onu et le ministre égyptien des Affaires étrangères. Les pays développés ont fait beaucoup de promesses qu’ils n’ont pas tenues, et il y a beaucoup de pression concernant ce sujet, mais je ne pense pas que nous aurons de grandes avancées sur ce front. Nous devons aussi comprendre que pour que les pays développés puissent soutenir les pays en voie de développement, nous devons avoir un cadre réglementaire fort. Les pays développés doivent s’assurer que lorsqu’ils donnent beaucoup d’argent, celui-ci ne va pas dans les poches privées, car beaucoup d’aides ont été données à l’Afrique mais le développement n’a pas eu lieu. Il y a eu une énorme corruption et donc les pays en développement ne peuvent pas simplement demander de l’argent. Ils doivent mettre en place un système qui assure que cet argent ira là où il doit aller. Il faut aussi que les pays en développement formulent des projets solides. L’investisseur, les gouvernements et le secteur privé doivent savoir où va l’argent et comment le relier aux engagements nationaux qui sont la stratégie de lutte contre le changement climatique.
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