C’est en vue de trouver un soutien que les délégués de la Coalition Nationale Syrienne (CNS) sont arrivés à New York où s’ouvre l’Assemblée générale de l’Onu ce mardi. Le président de la Coalition, Ahmad Jarba, et deux autres dirigeants, Michel Kilo et Burhan Ghalioun, font partie de la délégation. Une avancée notoire pour l’opposition, puisque le régime syrien n’est pas représenté dans cette réunion onusienne. Une porte-parole du groupe d’opposition a toutefois refusé de donner les détails de l’agenda de la délégation, qui doit rester aux Etats-Unis jusqu’au 1er octobre. Elle a en revanche annoncé qu’une série d’entretiens bilatéraux devrait avoir lieu.
Avant de partir, la CNS a rejeté une proposition de l’Iran de faciliter un dialogue entre les rebelles et Damas, l’estimant peu crédible de la part du principal allié régional du régime de Bachar Al-Assad. Le président iranien, Hassan Rohani, avait affirmé que son gouvernement était prêt à aider à faciliter le dialogue entre le gouvernement syrien et l’opposition. L’opposition a dit douter de la capacité de l’Iran d’aider à un dialogue en estimant que ce pays « fait partie du problème ». « Il aurait été plus utile pour les dirigeants iraniens de retirer leurs experts militaires et leurs combattants du territoire syrien », a souligné l’opposition qui a toujours accusé Téhéran de soutenir militairement le régime d’Assad. L’Iran soutient aussi économiquement et financièrement la Syrie ainsi que le mouvement chiite libanais Hezbollah qui a engagé des combattants aux côtés des forces du régime de Damas contre les rebelles.
L’opposition syrienne a estimé que la proposition de M. Rohani était destinée à prolonger la crise syrienne et à détourner l’attention de dossiers plus complexes comme ceux du programme nucléaire iranien et du soutien au terrorisme. « L’opposition est tiraillée entre deux idées principales : elle campe sur sa position et refuse de négocier avec le régime de Bachar Al-Assad. Elle ne peut pas présenter de concessions ou de compromis avec le régime pour ne pas choquer les protestataires sur les terrains. L’autre idée est que l’opposition est convaincue que la communauté internationale a les bras croisés face à la crise syrienne, qu’elle ne peut pas intervenir directement pour régler le problème », explique Moatez Salama, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire, tout en ajoutant que l’opposition doit se préparer à l’après-Assad. Avis partagé par plusieurs analystes. Le Dr Mohamed Sami, analyste politique, estime que la communauté internationale conservera le régime syrien au pouvoir jusqu’à la date des élections présidentielles en avril prochain. « L’opposition doit s’unifier et s’organiser pour choisir un candidat compétent afin de convaincre et satisfaire non seulement la communauté internationale mais aussi les Syriens. Ces derniers doivent se mettre d’accord pour élire le nouveau président syrien. Assad s’accroche au pouvoir. La seule chance pour la Syrie est qu’il perde les prochaines élections. Alors j’espère que l’opposition s’alignera derrière un seul candidat. Qu’elle se prépare dès aujourd’hui aux présidentielles ».
L’OIAC prépare son rapport
Mais le régime d’Assad tente, de son côté, de satisfaire la communauté internationale. La Syrie a fourni une liste de son arsenal à l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques (OIAC), appliquant ainsi l’accord conclu entre Washington et Moscou le 14 septembre, sur le désarmement chimique de la Syrie. L’OIAC prépare maintenant son rapport à l’Onu. Cet examen coïncide avec d’intenses tractations diplomatiques en vue de l’adoption d’une résolution à l’Onu sur le désarmement chimique de Damas. L’adoption d’une résolution sur ce sujet bute toujours sur l’inscription ou non de ce texte sous le chapitre VII de la Charte des Nations-Unies qui prévoit des mesures coercitives allant de sanctions économiques à l’usage de la force, en cas de non-respect par la Syrie de ses engagements.
La Russie, fidèle allié de Damas, s’oppose à une telle résolution voulue par les pays occidentaux. Et malgré plusieurs réunions sur le sujet, les cinq membres du Conseil de sécurité ne sont donc pas parvenus à se mettre d’accord. Pour sa part, la Chine, membre permanent du Conseil de sécurité, a réclamé une mise en oeuvre rapide de l’accord sur la destruction des armes chimiques, tout en exprimant l’espoir d’une solution politique à la crise. Selon des diplomates à l’Onu, les Occidentaux cherchent à convaincre la Russie que leur projet de texte n’implique pas la menace d’une action militaire immédiate.
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