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Geoffroi Montpetit : Pour nous, l’important, c’est l’expression de la solidarité francophone

Sabah Sabet , Mercredi, 09 novembre 2022

Présent au Caire à l’occasion de la Semaine Mondiale de la Francophonie Scientifique (SMFS), Geoffroi Montpetit, administrateur de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), revient sur les enjeux du prochain Sommet de l’OIF, prévu ce mois en Tunisie.

Geoffroi Montpetit
(Photo : Mohamad Moustapha)

Al-Ahram Hebdo : Reporté pour cause de crise sanitaire, le 18e Sommet de la Francophonie aura lieu finalement prochainement en Tunisie? Quel en sera le thème principal ?

Geoffroi Montpetit: En effet, le 18e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement membres de la Francophonie se tiendra à Djerba, en Tunisie, les 19 et 20 novembre 2022, sous le thème du numérique et son importance comme facteur d’intégration : « La Connectivité dans la diversité: le numérique vecteur de développement et de solidarité dans l’espace francophone ». C’est aussi un sommet que la secrétaire générale de l’organisation a voulu être sur la transformation pour marquer les cinquante ans de la Francophonie ; elle avait été élue il y a quatre ans avec le mandat de transformer et de moderniser l’organisation.

— Quels sont les sujets les plus importants qui seront discutés au Sommet de Djerba ?

— Une des questions importantes qui sera traitée par les chefs d’Etat sera la place des jeunes et des femmes dans l’espace francophone. Aussi, des discussions seront partagées sur d’autres enjeux comme l’égalité femmes-hommes, la jeunesse et l’éducation.

— Et quelles sont les activités prévues en marge du sommet ?

— Le Village de la Francophonie est un espace qui sera ouvert au public et qui permettra justement aux différents pays participant de partager leurs richesses culturelles, de venir exposer ce que veut dire la Francophonie chez eux, du Congo, Cameroun, Canada et d’autres. C’est une belle occasion de montrer cette diversité de la Francophonie. Pour parler de la Francophonie économique, le gouvernement tunisien organisera le Forum économique, qui permet aux investisseurs de discuter des opportunités de coopérations économiques et échanges dans l’espace francophone.

— L’Egypte vient d’accueillir la deuxième Semaine Mondiale de la Francophonie Scientifique (SMFS). Comment voyez-vous cet événement ?

— En fait, cette SMFS, organisée par l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), comprenait plusieurs événements en même temps. Donc, pour nous, c’était l’occasion pour l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) de venir réaffirmer notre appui à l’AUF pour le travail qu’elle fait et surtout pour adopter, à la Conférence ministérielle, un manifeste pour la diplomatie scientifique francophone. C’est une importante initiative que l’OIF appuie complètement, parce que, dans l’espace francophone, les gouvernements ne font pas assez appel justement à la science et à la recherche dans l’élaboration des politiques publiques. Je pense alors qu’on pourrait faire un meilleur effort au niveau de la Francophonie de l’espace francophone.

— Quels sont les défis face à une vraie diplomatie scientifique francophone ?

— Le plus grand défi c’est l’éducabilité du contenu scientifique francophone, on fait de la recherche en français, on publie des choses en français et c’est très difficile de les partager, de les cataloguer, c’est un problème auquel il faut s’attaquer. On a également un problème de mobilité de chercheur, mais aussi un problème au niveau du conseil scientifique, donc une nouvelle initiative lancée lors de la Conférence ministérielle de la deuxième SMFS est la création d’un réseau international francophone scientifique pour augmenter la capacité des Etats à intégrer le procès scientifique de façon formalisée dans la prise de décision aux niveaux des administrations publiques.

Evidemment, c’est aux Etats eux-mêmes de continuer à favoriser et respecter leurs engagements en matière d’éducation francophone que nous allons continuer à appuyer.

— Comment voyez-vous alors la Francophonie en Egypte ?

— Je pense que c’est une bonne chose qu’il y ait 19 institutions universitaires qui sont membres du réseau de l’AUF, il ne faut pas oublier encore que l’Université Senghor d’Alexandrie est un des opérateurs de l’OIF; cette université francophone a pour mission de former les petits cadres africains en français. C’est fantastique que l’Egypte, qui sait bien que l’avenir de la francophonie se joue aussi sur son propre continent, ait décidé de construire un nouveau campus pour Senghor, une nouvelle plateforme pour attirer les prochains cadres africains à venir se former en français. Il y a une bonne présence francophone universitaire ici en Egypte et nous allons bien sûr continuer à appuyer cela.

— Quelles sont les formes de coopération de l’OIF et l’Egypte ?

— L’Egypte est un grand pays africain et aussi un membre important de l’OIF. On continue à travailler avec le gouvernement égyptien pour continuer à offrir de la formation pour les fonctionnaires égyptiens en français et on voit bien les bénéfices. On voit les fonctionnaires égyptiens dans les conférences multilatérales qui sont capables de s’appliquer et de travailler en français, à tel point que l’Egypte accueille la COP27 ces jours-ci à Charm Al-Cheikh, où il y a une bonne place pour le français, grâce notamment à la capacité des fonctionnaires égyptiens d’opérer et de travailler en français.

— Les relations entre la France et certains pays africains francophones traversent une crise. Cela peut-il avoir un effet sur la Francophonie en Afrique ?

— La Francophonie n’est pas un seul pays, nous sommes 88 Etats. On est quelque 300 millions de francophones à travers la planète et dans 25 ou 30 ans, on sera 700 millions. Pour nous, l’important, c’est l’expression de la solidarité francophone : qu’on soit congolais, sénégalais, canadien ou autres, on peut travailler ensemble en toute solidarité sur plusieurs enjeux : l’égalité femmes-hommes, l’éducation, l’emploi des jeunes, le développement durable, le climat, ce qui se passe au bassin du Congo, deuxième poumon de la planète, etc. Des enjeux communs pas seulement pour les pays francophones, mais pour toute l’humanité. On doit donc travailler ensemble pour le bien de l’humanité.

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