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Pour une économie plus compétitive et plus résiliente

Aliaa Al-Korachi , Mercredi, 26 octobre 2022

Convoquée par le président de la République, la Conférence économique Egypte 2022 s’est déroulée du 23 au 25 octobre à la Nouvelle Capitale administrative, et s’est penchée sur les grands dossiers de l’économie égyptienne, du renforcement du secteur privé à l’inflation en passant par la dette et les investissements. Bilan.

Pour une économie plus compétitive et plus résiliente

« Vers une économie plus compétitive », tel était le slogan de la Conférence économique Egypte 2022 tenue du 23 au 25 octobre dans la Nouvelle Capitale administrative, avec une large participation des responsables gouvernementaux, hommes d’affaires, intellectuels, représentants des partis politiques et spécialistes de tous bords. Convoquée par le président de la République début septembre, cette conférence avait pour objectif de dessiner une feuille de route afin d’accroître la compétitivité et la résilience de l’économie égyptienne. Le programme de la conférence était riche et varié. Il comprenait trois axes prioritaires, à savoir renforcer la résilience de l’économie égyptienne face aux crises mondiales, augmenter les opportunités d’investissement sectorielles et la participation du secteur privé au PIB et mettre en place des mécanismes pour renforcer le secteur industriel et booster les exportations. « La Conférence économique Egypte 2022 intervient alors que le monde passe par sa pire crise depuis la Seconde Guerre mondiale », a souligné le premier ministre, Moustapha Madbouli, dans son allocution prononcée lors de la séance inaugurale. Et d’ajouter : « Tous les gouvernements des pays développés, qui ont de fortes économies, et même ceux des pays émergents luttent pour survivre et assurer la stabilité de leurs pays. L’Egypte n’est pas à l’abri de ces circonstances. Elle est considérée par les institutions internationales comme l’un des pays les plus touchés par la crise mondiale », a expliqué Madbouli. En fait, la Conférence économique Egypte 2022 n’est pas la première de son genre. Elle est la 4e conférence organisée au cours des 40 dernières années. La Grande Conférence économique a eu lieu en 1982, la Conférence économique du Caire en 1996 et la Conférence du développement économique en 2015. « Nous avons notre vision, mais il est très important que nous écoutions les spécialistes et que nous nous mettions d’accord sur une feuille de route pour la prochaine période », a souligné le premier ministre.

Une approche globale et un dialogue constructif

Selon beaucoup d’observateurs, cette conférence a une importance toute particulière. Selon un sondage effectué par le Centre d’information et de soutien à la prise de décision du Conseil des ministres (IDSC), 81,2 % des établissements économiques interrogés ont souligné l’importance de la tenue d’une conférence économique à l’heure actuelle. « La tenue de cet événement constitue un bon départ vers un dialogue économique prolongé qui ne devrait pas s’arrêter après les 3 jours de la conférence », a déclaré l’économiste Ziyad Bahaeddine au cours de son intervention, avant de préciser que l’objectif de cette conférence est d’engager « un dialogue direct et constructif » entre le gouvernement et les milieux d’affaires et d’investissement afin de trouver des solutions urgentes aux défis économiques. « Cette conférence a pour objectif de relancer le grand potentiel de l’Egypte », a déclaré de son côté l’économiste égyptien Mohamed El-Eryan, lors d’une allocution enregistrée, diffusée lors de la conférence. « Plus le degré d’instabilité dans les pays développés augmente, plus l’économie mondiale est fragilisée. Ce qui complique la situation dans les autres pays », a expliqué El-Eryan, notant que la guerre en Ukraine a freiné la croissance de l’économie mondiale et accéléré l’inflation mondiale engendrée par la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. « Les chocs que le système financier mondial a connus sont sans précédent. Tous ces défis nécessitent une croissance économique plus durable et inclusive et un système financier plus résilient », a ajouté El-Eryan.

La reconstruction de l’Etat

La première session, intitulée «  Les politiques requises pour renforcer la capacité de l’économie égyptienne à faire face aux crises », a commencé par la projection d’un film documentaire sur les efforts déployés par l’Egypte afin de mettre en oeuvre la réforme économique, reconstruire les institutions de l’Etat ou encore construire la seconde voie du Canal de Suez. Le premier ministre a souligné, lors de cette session, « la nécessité de connaître la réalité économique par laquelle nous passons afin d’élaborer une feuille de route convenable et construire des solutions basées sur des données correctes». Où on était? Et vers où va l’Egypte? Ces questions ont été posées par le premier ministre avant de présenter une analyse de la situation de l’économie égyptienne au cours des 40 dernières années. « La crise profonde que l’Etat avait connue au cours des 50 dernières années a exigé des mesures sévères et des solutions tranchantes afin de régler les déséquilibres », a dit le président Abdel-Fattah Al-Sissi, dans son discours lors de l’ouverture de l’événement, soulignant la vision stratégique adoptée par l’Etat égyptien pour faire face aux problèmes structurels qui datent de décennies. « En 2015, lorsque nous avons partiellement levé les subventions sur les carburants, les gens ont dit que je risquais ma popularité. Mais à mon avis, il était nécessaire d’investir cette popularité dans la réforme », a précisé le président, avant d’ajouter: « L’accord sur la démarcation des frontières maritimes entre l’Egypte, Chypre et la Grèce en Méditerranée et l’Arabie saoudite en mer Rouge a permis à l’Egypte d’économiser 120 milliards de dollars par an dans le fonctionnement des centrales électriques. Sans cet accord, les sociétés de prospection n’auraient pas pu opérer dans ces régions et le champ gazier Zohr n’aurait pas été découvert ». Les chiffres mentionnés par le président reflètent l’ampleur des réformes lancées depuis 7 ans: « Sept trillions de L.E. ont été dépensés jusqu’à maintenant pour réaliser des projets de développement. La création de 40 nouvelles villes a ajouté 10 trillions de L.E. aux actifs de l’Etat. Et la signature par l’Egypte de contrats pour établir des centrales électriques en 2015 a conduit à un excédent de production d’électricité, qui s’élève actuellement à 13 000 mégawatts, alors que la production totale est actuellement de 59000 mégawatts ».

Deux catégories de défis

« Nous pourrions résumer la crise économique en Egypte en deux types de défis. En premier lieu se trouvent les défis posés par la crise mondiale: inflation, prix élevés, dette extérieure, croissance et problèmes d’approvisionnement et de production. Il faut se concentrer sur ces défis pour pouvoir sortir de la crise à court terme », a précisé Madbouli. A ceux-ci s’ajoutent « les défis structurels chroniques dont certains remontent à 1982 ». Il s’agit notamment de la démographie galopante, de la faible participation du secteur industriel, du déficit de la balance commerciale et de la participation fluctuante du secteur privé à l’activité économique. Comment résoudre ces défis? Tel était l’objectif des tables rondes et des sessions interactives. Il s’agissait d’identifier les opportunités et les perspectives de renforcement du partenariat avec le secteur privé dans un certain nombre de secteurs prioritaires pour l’économie égyptienne : l’agriculture, l’éducation, la santé, le tourisme, l’électricité, l’énergie propre et d’autres. Les discussions de la deuxième journée ont également porté sur le document de la politique de propriété de l’Etat qui vise à renforcer la neutralité concurrentielle, et sur les moyens d’augmenter la participation du secteur privé dans les investissements publics de 30% à 65%. « Le climat des affaires en Egypte n’a pas besoin de nouvelles lois ou réglementations. Il suffit de réviser celles qui existent actuellement et d’identifier des mécanismes pour les appliquer », a déclaré Ziyad Bahaeddine, avant d’ajouter : « Le succès de la Conférence économique et l’arrivée de nouveaux investisseurs ne peuvent être réalisés qu’en gagnant la confiance des investisseurs actuels ». La séance de clôture a passé en revue les principales conclusions et recommandations de la conférence concernant les politiques nécessaires pour faire face aux défis actuels de l’économie égyptienne.

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