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Incendier la civilisation !

Mardi, 24 septembre 2013

Quelle honte ! La Bibliotheca Alexandrina est en train d’édi­fier une muraille de fer pour se proté­ger des attaques terroristes qui la guettent et qui sont à l’affût de tout ce qui est en relation avec la culture et la pensée. Nous vivons à quelle époque ? Sommes-nous revenus en arrière, à l’époque des Tsars qui démolissaient tous les aspects de la civilisation et du progrès ?

Je n’ai jamais imaginé qu’une insti­tution culturelle et civilisationnelle puisse devenir la cible d’un groupe quelconque, quelle que soit sa soif pour le pouvoir. Mais il semble que ceux qui ont visé la culture et les intel­lectuels savent que ce sont les biblio­thèques qui renferment tous les ingré­dients de la pensée, de l’art, de la culture et de la civilisation humaine. Ceux-là même qui ont nommé un ministre ayant pour mission de tyran­niser les institutions culturelles dépen­dant du ministère et qui ont ciblé les symboles de la littérature et de l’art.

Ils sont allés jusqu’à décrire les chefs-d’oeuvre de notre éminent prix Nobel de littérature, Naguib Mahfouz, « d’incitation à la prostitution et à la drogue ». Ils ont qualifié l’un des arts les plus sophistiqués et des plus raffi­nés d’incitation à l’obscénité. C’est pour toutes ces raisons que la Bibliothèque d’Alexandrie a été atta­quée. Son président, Ismaïl Seragueddine, a publié un communi­qué pour tranquilliser ses visiteurs et leur dire que ces atteintes restent minimes. Mais il s’est avéré que ce communiqué était en fait un appel au secours. Avant, les passants pouvaient contempler les beaux bâtiments de la Bibliothèque en forme circulaire comme le soleil. Aujourd’hui, la Bibliothèque est en train d’édifier cette muraille en fer odieuse qui éclip­serait ses bâtiments et qui la mettrait à l’abri des attaques terroristes qui se sont multipliées depuis la chute des Frères.

Ceci intervient après le scandale de Berquash, où a été incendiée et démo­lie l’une des bibliothèques qui font notre fierté et notre prestige. La biblio­thèque de Mohamad Hassanein Heykal a perdu non seulement plu­sieurs chefs-d’oeuvre originaux du patrimoine égyptien, tels que La Description de l’Egypte, mais égale­ment des documents rares dont les correspondances du Lord Cromer, haut délégué britannique de l’époque. Les papiers du zaïm Moustapha Kamel et les travaux artistiques des pionniers des arts plastiques en Egypte, que Heykal a tenu à s’appro­prier au fil des ans et qui étaient regroupés dans une exposition perma­nente, sont aussi perdus pour toujours.

Que veulent-ils de nous ? Quel est l’objectif derrière ces destructions et ces incendies ciblant tout ce qui incarne et préserve la culture et la civilisation de l’Egypte ? Jusqu’à quand garderons-nous le silence face à ces tentatives d’usurpation ?

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