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Edito: La mauvaise foi de Washington

Al-Ahram Hebdo, Mardi, 24 septembre 2013

Tandis que Washington et ses alliés occi­dentaux s’acharnent sur l’Iran pour le détourner d’un programme nucléaire pré­sumé, l’arsenal nucléaire israélien continue d’échapper à tout contrôle international. L’Agence internationale de l’énergie ato­mique a rejeté cette semaine une demande de la Ligue arabe appelant à appliquer à Israël le Traité de Non-Prolifération nucléaire (TNP). A l’issue d’un vif débat, le texte a été rejeté par 51 votes contre, 43 pour et 32 abstentions.

L’initiative arabe visait à faire pression sur Israël pour qu’il renonce — ou au moins admette — à sa possession d’armes de des­truction massive, alors que la communauté internationale a les yeux rivés sur l’arsenal chimique syrien et le programme nucléaire iranien. Or, les pays arabes s’inquiètent face aux capacités nucléaires de Tel-Aviv. Israël n’a jamais admis détenir l’arme ato­mique et n’est pas signataire du TNP.

Le rejet de la proposition arabe par les Etats-Unis et les autres pays occidentaux alimente la frustration des pays arabes. S’ils ferment les yeux sur l’arsenal nucléaire israélien, les Américains et leurs alliés sont « prêts à tout » pour empêcher d’autres pays de se doter de l’arme nucléaire.

Pourtant, ce sont les Américains qui, dans les années 1960, ont encouragé et aidé le régime du Shah à posséder la tech­nologie nucléaire. Mais l’Iran, un allié de Washington à l’époque, est soudainement devenu le pire ennemi des Etats-Unis après la Révolution islamique de 1979. Washington perçoit désormais Téhéran comme un acteur turbulent et récalcitrant, qui peut menacer ses intérêts dans une région hautement stratégique et riche en hydrocarbures. Si le régime iranien venait de se doter de l’arme nucléaire, il se trans­formerait en véritable « monstre » régional et serait une sérieuse menace pour les pays du Golfe, grands alliés de Washington. Par ailleurs, Israël se présente comme un allié stratégique de longue date pour les Américains, qu’il n’est pas question d’abandonner.

Assurément, l’attitude de Washington s’explique par des calculs politiques. Mais le Traité de non-prolifération nucléaire a perdu sa légitimité aux yeux de l’opinion publique arabe en raison de cette politique de deux poids deux mesures.

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