Mardi, 10 décembre 2024
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Paroles d’experts

Ola Hamdi , Racha Darwich , Mercredi, 21 septembre 2022

Industriels, députés et économistes s’expriment sur l’importance de la Conférence économique prévue fin septembre. Ils livrent leur vision pour le renforcement de l’industrie.

Paroles d’experts

 « Accueillir les industries migratrices »

Mohamed Al-Bahi, membre du conseil d’administration de la Fédération des industries égyptiennes.

La date de l’organisation de cette Conférence économique est extrêmement importante. Les crises sont souvent porteuses d’opportunités comme le dit le proverbe égyptien. En effet, la pénurie d’énergie en Europe à cause du blocus imposé au gaz russe entraîne des problèmes relatifs au chauffage, mais aussi porte préjudice à certaines industries qui comptent essentiellement sur le gaz comme celles du ciment, des engrais, du verre, du fer, des carrelages… Il y a de nombreuses industries migratrices qui cherchent des terres favorables à l’investissement. C’est le moment propice pour accueillir ces industries. Grâce à l’énorme développement effectué ces dernières années dans l’infrastructure en Egypte, grâce à la modernisation des ports et l’excédent de gaz naturel, l’Egypte peut tout à fait devenir l’usine du monde et compenser le manque qui apparaîtra très bientôt sur les marchés mondiaux. L’Etat a commencé à lancer de nombreux attraits à l’investissement. Pour la première fois en Egypte, les terrains des usines seront octroyés aux investisseurs selon le système du droit d’exploitation et non pas à des prix exorbitants qui entravaient l’élargissement horizontal des projets industriels. Il est indispensable que les industries exportatrices soient les principaux bénéficiaires de ces avantages. Les 19 chambres de l’Union des industries élaborent des recommandations qui seront soumises à la Conférence économique, comme convenu au cours de la réunion avec le premier ministre. Cette feuille de route pour l’investissement dans les industries exportatrices devra être accréditée par la conférence et exécutée dans les plus brefs délais.

«  Transformer les importateurs en producteurs »

Matta Bishay, président du comité du commerce interne au sein de la section des importateurs à l’Union générale des chambres de commerce.

Les commerçants et les importateurs qui représentent l’une des principales roues de l’économie font face à d’importants enjeux. Il faut absolument les aider en leur fournissant les dollars nécessaires, tout en élaborant des plans à court et long terme pour transformer les importateurs en producteurs selon un calendrier s’étendant sur 5 à 10 ans, en parallèle avec l’importation que l’on ne peut arrêter du jour au lendemain. Ceci contribuera largement à réduire la facture des importations et à accroître la production locale. Pour ce, il est indispensable en premier lieu d’amender les lois d’investissement et d’organiser des ateliers pour les importateurs afin de les initier aux fondements de l’industrie.

Au cours de la Conférence économique, il est nécessaire de discuter des dossiers économiques qui touchent directement le quotidien des citoyens, comme la hausse des prix à cause de la flambée des cours du dollar qui a abouti à un fossé de financement et à la hausse de la demande sur le dollar pour payer la facture élevée de l’importation. Dans ce cadre, il est indispensable que l’Etat trouve des solutions pour renforcer la livre par rapport au dollar, tout en présentant des facilités pour accélérer la libération douanière des marchandises accumulées dans les ports et en réduisant les taxes d’importation de plus de 150 produits classés comme outils et matériaux de production.

« Changer les politiques de l’exportation »

Dr Ayman Mehseb, député et président du comité des investissements publics et de la politique de la propriété de l’Etat au Dialogue national.

Dans les circonstances actuelles, il est indispensable de transformer les investissements publics en investissements producteurs, dans le domaine de la métallurgie par exemple qui nécessite d’énormes investissements, des équipements lourds et une infinité de permis et d’autorisations. L’Egypte n’exploite que 4 % de ses richesses. Mais dans ce contexte, nos politiques exportatrices doivent absolument changer. Nous devons réduire l’exportation des matières premières comme le sable et nous lancer dans des industries transformatrices afin d’augmenter la valeur des exportations.

Dans ce contexte, le Dialogue national est une étape importante vers la réforme politique, économique et sociale, ainsi qu’une occasion historique pour la participation de toute la société, toutes tendances intellectuelles et idéologiques confondues, à la construction de l’avenir et la résolution des problèmes de la société. C’est ainsi que la mission du comité que je préside est essentiellement de réviser le document de la politique de la propriété de l’Etat et la loi de l’investissement et également de discuter l’idée des facteurs de production et des mécanismes qui vont permettre de frayer la voie au secteur privé pour entrer dans les investissements et les activités qui ne sont pas stratégiques pour l’Etat.

 

« Objectif : 100 milliards de dollars d’exportations »

Magdi Tolba, ex-membre de l’Organisme général du développement des exportations.

L’Etat et le monde des affaires doivent parvenir à une stratégie commune pour réaliser l’objectif ultime de 100 milliards de dollars d’exportations par an. Une stratégie avec un calendrier déterminé, des chiffres précis et des objectifs clairs que les deux parties respectent. Cette stratégie doit être soumise à la Conférence économique pour que tout le monde ressente vraiment que l’atmosphère de l’investissement en Egypte change. Le principal objectif de cette conférence est d’adresser un message clair aux investisseurs du monde entier : l’Egypte se transforme en un pays attrayant pour les investissements industriels, notamment exportateurs. Pour ce, il est indispensable de relier les politiques économiques aux politiques monétaires, d’éradiquer la bureaucratie, de réviser les coûts de production comme l’eau, le gaz, l’électricité, la main-d’oeuvre… Dans ce contexte, élaborer une stratégie pour la formation de la main-d’oeuvre se présente comme une nécessité car nous souffrons d’un manque réel de la main-d’oeuvre qualifiée. Tout investisseur qui viendra travailler dans les industries à large main-d’oeuvre sera confronté à ce problème majeur car nous avons négligé pendant des années l’enseignement technique.

En tant qu’exportateur de prêt-à-porter à quelque 40 pays à travers le monde, je pense que l’initiative de l’Etat d’introduire le secteur privé dans certaines industries via le document de la propriété de l’Etat était indispensable. Certaines industries, notamment celle du prêt-à-porter, ne peuvent être gérées que par le secteur privé, surtout si elles sont destinées à l’exportation.

« Les petites industries : La clé de l’essor économique »

Hamada Al-Agawani, membre du conseil d’administration de la section des équipements et outils à la Chambre de commerce du Caire.

La Conférence économique doit discuter de deux axes, celui des grandes industries, mais aussi celui des petites industries qui sont la clé de l’essor énorme, car il est beaucoup plus facile d’ouvrir chaque jour une petite usine de 500 m2 qui emploie 50 ouvriers dans chaque zone industrielle que de construire une grande usine qui a besoin d’énormes investissements.

L’Etat a besoin d’introduire de nouvelles industries qui produisent les composants d’autres industries comme le fer inoxydable, le bois comprimé, le verre, par exemple, qui revendiquent d’énormes investissements. Nous importons des équipements de production avec un montant de 2,5 milliards de dollars par an, alors que nous possédons les matières premières, ainsi qu’une main-d’oeuvre peu coûteuse. Grâce à un plan précis et aussi à l’expansion dans les industries mécaniques, nous pourrons économiser cette énorme somme dans un délai de 5 ans. Nous pouvons construire une cité industrielle pour les industries mécaniques sur une superficie d’un million de mètres carrés qui emploient 5 millions de personnes pour la production des équipements et outils. Pour ce, il faut aller chercher de nouveaux industriels. A mon avis, chaque commerçant peut se transformer en industriel si chacun commence à fabriquer le produit qu’il vend. Mahmoud Al-Arabi, l’un des plus importants industriels égyptiens, était à l’origine un commerçant. Du million de commerçants travaillant en Egypte peuvent sortir au moins 200 industriels par mois si nous leur présentons les facilités dont ils ont besoin, comme les terres à des prix abordables, l’exonération des taxes et des douanes pour les machines de production. C’est l’expansion dans les petites industries qui réalisera un élan dans l’économie égyptienne.

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