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Pour une vision africaine commune

Amani Gamal El Din , Mercredi, 14 septembre 2022

L’Egypte a tenu la deuxième édition du Forum égyptien de coopération internationale, ainsi que la conférence des ministres africains des Finances, de l’Economie et de l’Environnement en vue de préparer la vision du continent lors de la COP27.

Pour une vision africaine commune

C’est dans la Nouvelle Capitale administrative qu’a eu lieu, du 7 au 9 septembre, la deuxième édition du Forum égyptien de coopération internationale (Egypt-ICF), ainsi que la conférence des ministres africains des Finances, de l’Economie et de l’Environnement pour préparer la vision commune du continent sur les questions qui seront débattues lors de la Conférence de l’Onu sur le changement climatique (COP27) qui sera tenue à Charm Al-Cheikh en novembre prochain. Sous le haut parrainage et en présence du président égyptien, Abdel- Fattah Al-Sissi, la conférence était une vraie plateforme de participation internationale et de rencontres de haut niveau entre les ministres africains, les envoyés onusiens pour l’environnement, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour le climat, John Kerry, l’envoyé de l’Onu et représentant de l’Egypte à la COP27, Mahmoud Mohieddine, des représentants des institutions financières, des PDG d’entreprises privées et des multinationales.

Le thème phare de la conférence était de passer « des promesses aux mises en oeuvre » en focalisant sur trois piliers. Le premier était la mobilisation, l’accès au financement et comment catalyser les investissements des secteurs privés et publics pour le financement du changement climatique. Le deuxième consistait à débattre du financement des atténuations et des adaptations climatiques et de la nécessité d’assurer un équilibre financier entre les deux au service de la cause climatique. Le troisième pilier portait sur les actions nationales. A ce niveau, la conférence a examiné les besoins des actions nationales vers l’accélération d’une transition verte. Ces trois piliers ont été discutés amplement dans des panels et ateliers de travail. A cet égard, l’Egypte a donné l’exemple en présentant un modèle de concrétisation de l’action climatique.

Combler le fossé financier

Ces piliers sont en ligne avec les objectifs-clés de la présidence égyptienne de la COP27, qui cherche à donner une impulsion à la communauté internationale pour passer à l’acte et combler le fossé financier, indispensable à la transition verte du climat. « Malgré la date butoir de 2030, les engagements financiers pour l’action climatique n’ont pas été remplis. D’autant que 20 pays sont responsables de 80 % des émissions globales, 24 pays africains en causent seulement 0,55 %. Entre temps, 65 % du PIB global n’ont pas délivré leurs promesses de payer 100 milliards de dollars aux pays en développement pour régler les problèmes d’atténuation et d’adaptation. Les 755 milliards versés en 2021 n’étaient pas encore suffisants », explique Kerry.

Il est donc normal que dans ce contexte le thème du financement vienne en avantpremière ; d’autant plus que l’Afrique a besoin de financement significatif pour sa résilience climatique contre les sévères impacts du changement climatique associés au double choc du Covid-19 et de la guerre en Ukraine. « Le continent a besoin d’une somme entre 7 et 15 milliards de dollars annuels pour 5 années consécutives afin de s’adapter au changement climatique », selon les estimations de la Banque Africaine de Développement (BAD). Selon la même source, les pays africains ont développé leurs contributions déterminées sur les plans nationaux pour atteindre les objectifs mondiaux fixés dans l’Accord de Paris. Ils ont besoin pour ce faire de plus de 2,46 milliards de dollars pour combler la lacune du financement du continent africain d’ici 2025. Trois trillions de dollars additionnels seront requis à cause des crises financières qui ont frappé l’Afrique les deux dernières années. Selon les analystes financiers et les responsables ayant participé à la conférence, les solutions nécessaires pour traduire les engagements financiers en des projets exécutables dans le sens d’un agenda climatique applicable consistent à diversifier les outils de financement qui sont nombreux. Par exemple, il faut accroître le financement mixte, consistant à mélanger les financements à coûts réduits avec ceux du secteur privé pour réaliser des projets de développement. L’autre instrument consiste dans les prêts concessionnels aux conditions financières très favorables ; soit une maturité de 40 ans, dont 12 de période de grâce.

Un autre instrument pour la préservation de l’environnement a été mis en avant par la ministre de la Coopération internationale, Rania Al-Mashat, et Mahmoud Mohieddine. Il se résume dans l’échange dette-nature (Debt Swap for Nature). Selon Al-Mashat, « ce mécanisme est un outil pour soutenir l’application de l’Accord de Paris et assurer l’avancée simultanée des causes développementales et celles du changement climatique ». Mohieddine a, pour sa part, mis en relief l’importance de l’échange dette-nature. Celle-ci consiste à acheter tout ou une partie d’une dette extérieure d’un Etat, de la convertir en monnaie locale et utiliser les fonds ainsi générés pour le financement des causes environnementales. L’échange dette-nature se réalise à une valeur inférieure à la valeur nominale de la dette. Le remboursement ne représente qu’une fraction de la dette initiale. Cependant, il faut que les politiques publiques mettent en place un mécanisme financier structuré et transparent en choisissant des projets spécifiques et en déterminant les objectifs liés à ceux du développement durable. « L’Afrique souffre d’une crise relative au caractère durable des investissements injectés dans le développement. D’autant que le volume de la dette due cette année a atteint 64 milliards de dollars, 20 millions d’Africains sont sur le point de tomber dans l’extrême pauvreté, 16 Etats sont sur le point d’atteindre le surendettement et 59 % sont sur le point de la faillite », a expliqué Mohieddine. Et de poursuivre que pour plus d’efficacité de l’échange dette-nature, il faut qu’il soit multilatéral.

A la fin de la session, les participants ont proposé la mise en place d’un hub durable pour diversifier les outils de la dette souveraine, tourné vers le financement de l’Afrique.

Amina J. Mohammed, vice-secrétaire générale de l’Onu, a, pour sa part, déclaré qu’en plus des partenariats public-privé, certains pays auront besoin d’une large assistance pour restructurer leurs dettes. Ainsi, le hub proposé pendant le forum doit être soutenu par des Indicateurs-Clés de Performance (ICP) sur la résilience climatique.

Restructurer les budgets nationaux

Les efforts sur les niveaux nationaux doivent aller de pair avec ceux du secteur privé. Ils doivent se faire sur plusieurs volets. Selon Amina Mohammed, il faut à tout prix localiser les solutions climatiques aux niveaux nationaux et locaux dans le cadre holistique des Objectifs du Développement Durable (ODD).

Une autre initiative débattue portait sur la restructuration des budgets nationaux pour répondre aux besoins des projets de résilience climatique. Dans la session consacrée à la budgétisation durable pour le financement climatique, les participants ont souligné la nécessité de déterminer les dépenses qui seront allouées aux causes de l’environnement dans les formulations budgétaires avant même de mobiliser les ressources. Pascal Saint-Amans, directeur du Centre des politiques de taxes et d’administration à l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), a parlé d’un mécanisme de suivi des dépenses et d’allocation d’avantages fiscaux aux mécanismes amis de l’environnement en plus de l’imposition d’une taxe carbone.

Pekka Moren, représentant spécial de la Coalition des ministres des Finances pour le changement climatique, a déclaré qu’il faut, au moment des formulations des budgets, déterminer les risques et prendre en compte les rapports techniques, les systèmes de données, en plus de la technologie de l’information et de la formation des capacités humaines. Une recommandation-clé faite par la conférence a été d’accroître les investissements dans le sens de l’adaptation climatique.

En conclusion, la conférence a mis l’accent sur la nécessité de réformer toute la structure du système financier au moment où le compte à rebours pour atteindre les ODD approche. Ceci requiert le fait de développer des marchés de carbone qui fonctionnent efficacement, l’inclusion du secteur privé dans le déploiement du capital et l’accroissement des opportunités d’investissements alignés sur les engagements Net Zero.

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