Même avant le plan de rationalisation, des mesures de réformes structurelles ont été prises au niveau du dossier de l’énergie.
Le gouvernement cherche par tous les moyens des solutions innovantes aux problèmes de manque de devises étrangères, surtout le dollar, et de la dépréciation de la livre égyptienne. Il vient d’annoncer un nouveau plan de rationalisation de l’usage du gaz naturel dans les centrales électriques en vue de libérer une partie de la production vers l’exportation, génératrice de revenus. « Si le plan de rationalisation est mené à bien, c’est-à-dire si le gouvernement rationalise 15 % de l’usage du gaz dans les centrales électriques, il économisera 450 millions de dollars mensuellement. Et s’il rationalise 10% seulement, il économisera 300 millions de dollars », a annoncé le premier ministre, Moustapha Madbouli.
Il a ajouté que l’Egypte s’est engagée depuis octobre dernier, en vertu d’un accord entre les ministres de l’Electricité et du Pétrole, à remplacer le gaz par le mazout dans la génération de l’électricité ; d’autant plus que l’Etat utilise le gaz naturel dans la génération de plus de 60 % de l’électricité. « Nous avons procédé à la transition vers le mazout et nous avons réussi non seulement à générer de l’électricité, mais à réaliser un surplus que nous avons récemment exporté, faisant des recettes entre 100 et 150 millions de dollars mensuellement, sans alléger la consommation de l’électricité », a déclaré Madbouli. « Bien que le mazout soit également coûteux, il n’en demeure pas moins que nous avons commencé à le produire en quantité en Egypte depuis l’année dernière pour réduire la facture de son importation. Et il est aujourd’hui donc possible d’orienter le gaz vers l’exportation », explique Ayman Hamza, responsable médiatique du ministère de l’Electricité et des Energies renouvelables.
Le premier ministre a également indiqué que les factures de gaz naturel ont connu une hausse vertigineuse dans le monde accompagnées d’une augmentation du dollar. Ainsi, l’Etat a constaté que la tarification du gaz utilisé dans la génération électrique est de 3 dollars pour chaque million d’unités thermiques, alors que son exportation lui vaudra 30 dollars pour la même quantité.
Les pressions externes causées par la guerre en Ukraine et la hausse des taux d’intérêt dans les marchés développés ont négativement impacté la liquidité en devises étrangères dans les banques égyptiennes et leurs réserves en devises étrangères ont reculé de 20% depuis mars dernier. S’y ajoutent la hausse des prix des produits de base importés et la volatilité des marchés financiers, ce qui a fait fuir du portefeuille des titres financiers environ 20 milliards de dollars. Selon le site d’informations économique Enterprise, pour le cas de l’Egypte, ceci a fait pression sur la livre égyptienne qui a perdu 22% de sa valeur depuis mars dernier. « Ces conjonctures mondiales ont accru la demande sur le gaz égyptien liquéfié, d’autant que le vieux continent est à la recherche de substituts au gaz naturel provenant de la Russie qui assurait 40% de sa consommation. Les leaders européens sont particulièrement concernés par la recherche d’approvisionnements supplémentaires, surtout avec la saison de l’hiver qui augmente la demande sur le gaz », lit-on. L’Egypte se trouve donc en tête de liste de potentiels exportateurs de gaz, à la lumière d’un accord signé en juin dernier avec l’Union européenne et Israël sur l’accroissement des exportations de gaz vers l’Europe.
Une série de mesures
Dès cette semaine, le plan de rationalisation entrera en vigueur. Il comporte diverses mesures. Le gouvernement a décidé que la climatisation centralisée des centres commerciaux sera fixée à 25oC. Au cours d’une conférence de presse, Madbouli a déclaré qu’une coordination a eu lieu avec le ministre des Sports, Ashraf Sobhy, selon laquelle les installations et complexes sportifs, ainsi que les grands stades, seront ciblés par ces mesures de rationalisation. S’y ajoutent tous les bâtiments administratifs publics qui ne travailleront pas après 16h et l’éclairage des rues qui sera atténué. Selon le site d’information économique Economy Plus, « l’on s’attend à ce que le plan consiste à rationnaliser entre 10 à 15 millions de m3 de gaz chaque jour ».
Même avant le plan de rationalisation, des mesures de réformes structurelles ont été prises au niveau du dossier de l’énergie. Il y a quelques années seulement, la production n’était pas suffisante à la consommation et on se trouvait obligés de faire fonctionner toutes les unités de génération électrique, qu’elles soient efficientes ou non, explique Hamza. Mais les politiques publiques ont pris des mesures de réforme. Par exemple, « les unités de production d’électricité consommant une grande quantité d’énergie ont été arrêtées et remplacées par d’autres plus efficientes et plus performantes. En plus, 75% des centrales électriques de Siemens ont été mises en service. Bien qu’elles fonctionnent à l’aide du gaz naturel, elles consomment moins d’énergie de par leur nature et leur performance dépasse les 60%. D’autres ont été installées, comme celles de l’ouest d’Assiout », a-t-il clarifié.
Selon Hamza, l’Etat a mis en place une stratégie depuis 2016 pour accroître l’efficacité de certaines unités de production d’électricité. Comme par exemple la réactualisation des programmes de maintenance des unités. « Nous avons pu augmenter la capacité de certaines autres unités anciennes et introduire des nouvelles. Grâce à la stratégie 2035 de diversification de l’énergie, on ne dépend plus uniquement du gaz naturel, mais d’autres sources comme les combustibles fossiles, les énergies renouvelables, solaire, éolienne, et hydroélectrique et nucléaire également », rapporte Hamza.
Cette stratégie est actuellement soumise à un réexamen, afin de réactualiser les données pour mieux saisir les opportunités d’investissement dans l’hydrogène vert et d’autres. L’expert explique que l’Etat a atteint 20% de production via les énergies renouvelables en 2022. Mais la réussite du plan de rationalisation nécessite une complémentarité entre les différentes institutions étatiques, et surtout une bonne communication non seulement avec les municipalités qui doivent être sensibilisées aux nouvelles données, mais également avec le citoyen. Sans oublier la nécessité d’un système de supervision et de contrôle.
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