A l’issue de leur rencontre à Sotchi (Russie), le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, ont décidé vendredi 5 août de renforcer la coopération énergétique et économique, sur les rives de la mer Noire. Les deux dirigeants se sont mis d’accord pour « renforcer les échanges commerciaux » entre leurs pays et « aller à la rencontre des attentes mutuelles dans le domaine de l’économie et de l’énergie », selon une déclaration commune de Poutine et Erdogan, publiée par le Kremlin.
Plus important, côté politique, les deux dirigeants ont souligné « l’importance cruciale des relations sincères, franches et de confiance entre la Russie et la Turquie pour assurer la stabilité régionale et internationale », précise le communiqué. La Turquie, rappelons-le, a joué un rôle important dans l’accord entre Moscou et l’Ukraine sur les livraisons des céréales ukrainiennes en provenance des ports ukrainiens de la mer Noire, et Poutine a remercié le président turc pour ses efforts. Le président russe a aussi souligné le rôle d’Ankara dans le transit du gaz russe vers l’Europe, via le gazoduc TurkStream. A l’issue de leur rencontre, les deux présidents se sont mis d’accord pour que les livraisons du gaz russe à la Turquie soient « partiellement payées en roubles », a annoncé à la presse le vice-premier ministre russe, Alexandre Novak, en saluant une « nouvelle étape et de nouvelles opportunités ».
La Russie cherche depuis des mois à imposer sa devise dans les règlements internationaux face à l’euro et au dollar, sur fond des sanctions économiques occidentales sans précédent contre Moscou en raison du conflit en Ukraine. Cette rencontre était attendue depuis trois semaines après l’entretien à Téhéran entre les deux hommes, où ils ont parlé de la coopération bilatérale, des exportations ukrainiennes et de la situation en Syrie. Une rencontre qui avait permis la signature des accords entre l’Ukraine et la Russie, le 22 juillet à Istanbul, via une médiation de la Turquie et sous l’égide des Nations-Unies, un accord qui a permis la reprise des exportations ukrainiennes, bloquées depuis le début de l’invasion russe le 24 février, sous supervision internationale. En effet, la Russie et l’Ukraine ont signé deux accords séparés, le premier porte sur les exportations de céréales ukrainiennes immobilisées par le conflit et l’autre porte sur celles de produits agricoles russes malgré les sanctions occidentales. Les accords prévoient notamment l’instauration de couloirs sécurisés afin de permettre la circulation en mer Noire des navires marchands et l’exportation de 20 à 25 millions de tonnes de céréales.
La Turquie veut maintenant tenter d’en tirer parti pour obtenir l’ouverture de négociations directes entre le président russe et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, si possible à Istanbul. « Nous avons discuté (pour voir) si l’accord sur les céréales pouvait être l’occasion d’un cessez-le-feu durable », a confié le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, après une rencontre avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, en Asie. Fort de son récent succès diplomatique, Erdogan veut aller plus loin et affirmer davantage sa position de médiateur.
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