L’introduction des sociétés Safi et Wataniya en Bourse aura un impact positif sur les investissements. (Photo : Reuters)
Le gouvernement presse le pas pour exécuter son programme d’introduction en Bourse des entreprises publiques en vue d’attirer plus d’investissements nationaux et étrangers. Lors de sa réunion le 20 juillet, le Conseil des ministres a approuvé une décision de préparer deux entreprises détenues par l’armée en vue de leur introduction sur le marché boursier. Il s’agit des sociétés d’eau minérale, Safi, et de distribution de produits pétroliers, Wataniya. « Cette décision aura sans doute un impact positif sur les investissements en Bourse. C’est un message adressé aux investisseurs étrangers selon lequel l’Etat soutient l’investissement privé », a assuré Rania Yakoub, membre du comité consultatif au sein de l’Autorité égyptienne de surveillance financière (EFSA).
La décision du Conseil des ministres intervient deux mois après les instructions du président Abdel-Fattah Al-Sissi de relancer la Bourse égyptienne. Le chef de l’Etat avait demandé l’élaboration d’un programme sur 4 ans de partenariat avec le secteur privé dans les actifs de l’Etat d’un montant annuel de 10 milliards de dollars. Il s’agit d’introduire les actifs des entreprises publiques et de compagnies détenues par les forces armées à la Bourse égyptienne. En mai dernier, le ministre du Secteur public des affaires, Hesham Tawfik, avait déclaré à l’agence Reuters que le gouvernement allait commencer l’introduction en Bourse des entreprises publiques en septembre.
Tout en soulignant l’importance de l’introduction de nouvelles entreprises en Bourse pour relancer le marché boursier, les analystes et les experts prônent le report à l’année prochaine de l’application de cette décision importante, étant donné la mauvaise performance de la Bourse égyptienne.
Cette dernière se trouve dans une situation difficile à cause du manque de liquidité et de la chute des cours des actions qui, à leur tour, ont fait perdre confiance aux investisseurs dans les titres financiers. « L’émission en mars dernier de certificats de dépôt à un taux d’intérêt annuel de 18 % a affecté la liquidité de la Bourse égyptienne. Certains investisseurs ont liquidé leurs titres financiers pour déposer leur argent en banque et ceux sur le marché n’ont ni la liquidité, ni l’appétit pour investir », explique à l’Hebdo Hanan Ramses, directrice du département d’analyse économique de la société de courtage Al-Horrya. De ce fait, poursuit-elle, les prix des deux entreprises (Safi et Wataniya), en cas d’introduction en Bourse, seront trop élevés pour les investisseurs qui manquent de liquidité. Un avis partagé par Amr Al-Alfy qui prévoit l’introduction en Bourse de ces deux entreprises dans un an.
Le rapport trimestriel de la Bourse égyptienne couvrant la période avril-juin souligne le recul de tous les indicateurs boursiers. L’indice EGX 30 a chuté de 17,91% pour enregistrer 9225 points le 30 juin contre 11338 points le 1er avril. La valeur des transactions a chuté à 190 milliards de L.E. pendant le deuxième trimestre de 2022 contre 447 milliards de L.E. pendant le premier trimestre. Les investisseurs internationaux ont enregistré des ventes nettes de 3 millions de L.E., et les investisseurs arabes ont enregistré des achats nets d’environ 0,8 million de L.E. sur les actions à l’exclusion des transactions réalisées depuis le début de l’année.
Des prix inférieurs à la valeur réelle
Hanan Ramses et Amr Al-Alfy affirment que la baisse des cours des titres financiers a causé deux problèmes majeurs qui pourraient entraver la réussite des nouvelles émissions en Bourse: le premier est le recul du Price Earnings ratio (PE) ou le ratio sur les bénéfices. C’est l’un des ratios les plus utilisés par les investisseurs qui cherchent à valoriser des entreprises, souvent dans le but de dénicher des opportunités d’investissement à intégrer dans leurs portefeuilles boursiers. « Ce ratio atteint actuellement 3,5, ce qui est trop faible par rapport aux autres marchés tels que le marché saoudien (18) ou encore la moyenne des marchés émergents qui varie entre 15 et 17 », explique-t-elle.
Le deuxième problème est que les offres d’acquisition d’entreprises sont en-deçà de leurs valeurs réelles. « Lors des transactions d’acquisition, la valeur de l’action de l’entreprise est déterminée d’après sa performance en Bourse au cours des trois derniers mois. En raison de la chute des échanges et des prix des actions, les offres d’achat ne reflètent pas la valeur réelle des sociétés », explique Hanan Ramses en donnant pour exemple les offres d’acquisition des sociétés Paints and Chemical Industries (Pachin) et Madinet Nasr Housing Company. Pour la première entreprise, le conseil d’administration a exprimé son opposition à l’offre non contraignante proposée par la société Sipad Industrial Investment. Sa décision a suivi celle du conseil d’administration de Madinet Nasr Housing Company qui a rejeté l’offre de SODIC, jugée trop faible, appelant le potentiel acheteur à la revoir à la hausse.
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