Alors que la guerre en Ukraine s’approche de son cinquième mois, sans issue en vue, les Occidentaux ont décidé de faire monter la pression sur la Russie. Réuni au sommet en Bavière au sud de l’Allemagne du 26 à 28 juin, le G7, regroupant les sept pays occidentaux les plus industrialisés, a convenu d’imposer un embargo sur l’or russe.
En interdisant les importations d’or en provenance de Russie, les pays du G7 (Etats-Unis, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Canada et Japon) vont priver Moscou de 19 milliards de dollars. Ce chiffre correspond aux exportations d’or de la Russie en 2020, dont 90% étaient destinées au Royaume-Uni. « Ces mesures frapperont directement les oligarques russes et s’attaqueront au coeur de la machine de guerre de Poutine », a déclaré le premier ministre britannique, Boris Johnson. De son côté, le président américain, Joe Biden, a déclaré, le 26 juin, que « les Etats-Unis ont imposé des coûts sans précédent à Poutine pour le priver des revenus dont il a besoin pour financer sa guerre contre l’Ukraine ». Selon les spécialistes, l’embargo aurait des conséquences financières à court terme sur les groupes aurifères russes, déjà en difficulté.
Très loin derrière le pétrole et le gaz russes, l’or représente une faible part des exportations russes, autour de 5%, soit 10 à 20 milliards de dollars par an ces dernières années. La Banque Centrale de Russie est de son côté peu désireuse de vendre l’or, un gage de confiance pour le rouble et les citoyens. Avant même la guerre en Ukraine, la Banque Centrale a diversifié ses réserves de change hors du dollar et au bénéfice notamment de l’or. Début 2022, l’or représentait 21,5 % des réserves de la Banque Centrale russe, deux fois plus que le dollar (10,9%). « Cette diversification lui a permis de limiter le gel de ses avoirs causé par les sanctions. Pour le moment, la Russie, qui croule sous les devises étrangères grâce au pétrole, n’a pas besoin de vendre son or, mais cela pourrait être le cas à l’avenir », a rappelé sur Twitter l’économiste de l’Institut de la finance internationale, Elina Ribakova, d’après un article publié dans Les Echos.
Cette montée de la pression occidentale sur Moscou intervient alors que la guerre en Ukraine témoigne d’une grave escalade, notamment des frappes russes sur Kiev. Dimanche dernier, premier jour du sommet du G7, les Russes ont tiré sur la capitale ukrainienne, pour la première fois depuis plusieurs semaines, touchant un complexe résidentiel proche du centre-ville, causant un mort et quatre blessés, selon le maire de la capitale, Vitaly Klitschko. Pour sa part, la Russie a affirmé avoir frappé une usine de production de missiles à Kiev, qualifiant de « fake » les affirmations selon lesquelles elle avait touché une zone résidentielle de la capitale. C’est l’usine d’armement Artiom qui, « en tant qu’infrastructure militaire, était la cible », a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
Outre les frappes de Kiev, la ville de Severodonetsk dans le Donbass (est), théâtre de combats féroces entre les armées ukrainienne et russe depuis plusieurs semaines, est « entièrement occupée » par l’armée russe, a annoncé samedi 25 juin son maire, Oleksandre Striouk. L’armée ukrainienne avait annoncé le 24 juin son retrait de cette localité d’environ 100 000 habitants avant la guerre pour mieux défendre la ville voisine de Lyssytchansk.
Un appel à l’unité
Les répercussions de la guerre, qui s’aggravent de jour en jour et touchent de plus le monde d’une crise alimentaire sans précédent, ont poussé certains pays comme la France à proposer l’idée de mener des négociations avec la Russie. Une proposition qui a été rejetée avant d’être lancée publiquement. Le premier ministre britannique a mis en garde contre toute tentation d’une solution négociée « maintenant » en Ukraine au risque de prolonger « l’instabilité mondiale ». Craignant une division du camp occidental, le président américain a lancé, lors du sommet, un nouvel appel à l’unité du G7 et de l’Otan face à Moscou. « Vladimir Poutine espérait que, d’une manière ou d’une autre, l’Otan et le G7 se divisent. Mais nous ne l’avons pas fait et nous ne le ferons pas », a-t-il assuré lors du sommet.
Outre la crise ukrainienne, les dirigeants du G7 ont annoncé, à l’initiative des Etats-Unis, vouloir mobiliser 600 milliards de dollars d’investissement d’ici 2027 dans les infrastructures des pays défavorisés en Afrique, en Asie ou encore en Amérique latine. Cette décision est censée répondre aux immenses chantiers financés par la Chine dans ces pays mais aux contours encore flous. Le G7 veut notamment contrer la Chine, grande alliée de la Russie, et « ses nouvelles routes de la soie » .
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