Al-Ahram Hebdo : Cel a fait cinq ans que vous êtes à la tête de la Bibliothèque d’Alexandrie. Comment voyezvous son rôle ?
Dr Moustapha Al-Fiqi : La Bibliotheca Alexandrina est une institution culturelle mondiale sur le sol égyptien et une extension de la légendaire bibliothèque antique construite par Ptolémée Ier, il y a plus de 2 000 ans. Elle figure parmi les plus importantes bibliothèques au monde. C’est un véritable centre de créativité et un lieu de préservation du patrimoine culturel. Des milliers de livres rares y sont conservés. La bibliothèque est aussi un centre d’apprentissage et de publication qui vise à approfondir le dialogue et la compréhension entre les différentes cultures. Au cours des cinq dernières années, nous avons réussi à conclure des partenariats avec des institutions mondiales, tels la bibliothèque du Congrès américain et le Musée britannique.
— La Bibliothèque d’Alexandrie a remporté le Cheikh Zayed Book Award. D’après vous, que représente ce prix ?
— Je suis vraiment fier que la Bibliotheca Alexandrina ait pu remporter ce prix international malgré la présence d’un grand nombre de concurrents. Ce prix confirme notre rôle pionnier dans le domaine de la culture. Nous avons réussi à utiliser la technologie moderne pour préserver et diffuser la conscience patrimoniale. Par exemple, nous avons lancé un projet intitulé Sofarä Al-Maaréfa (ambassadeurs du savoir) en 2014. A travers des écrans géants, les activités de la Bibliothèque d’Alexandrie ont été transmises en direct dans les universités. Les chercheurs et les étudiants peuvent désormais consulter des milliers d’ouvrages de la bibliothèque par un simple clic de chez eux. Nous cherchons à transmettre la culture à toutes les classes sociales, surtout aux personnes qui ne peuvent pas quitter leurs gouvernorats. A travers sa grande succursale au Caire au Palais de la princesse Khadija et à la maison Al-Sennari, la Bibliothèque d’Alexandrie offre des opportunités culturelles et artistiques aux citoyens de la capitale. Depuis 2018, des groupes de jeunes élèves de 10 à 16 ans de différents établissements viennent passer un ou deux jours dans nos locaux et faire une tournée dans les musées. Cela a un effet positif sur la mentalité et l’esprit de ces jeunes.
La bibliothèque a également remporté le titre de la meilleure institution arabe à réagir à la pandémie de Covid-19, en appliquant les mesures d’hygiène sans suspendre ses travaux ou fermer ses portes.
— Y a-t-il du nouveau pour développer la bibliothèque ?
— Suite à une rencontre avec le président Abdel-Fattah Al-Sissi, qui a souligné le rôle de la Bibliothèque d’Alexandrie pour lutter contre le radicalisme, l’idée de construire un centre de traduction a été évoquée. Et cela a eu un large écho auprès de nos visiteurs africains et arabes.
— Vous avez offert à la bibliothèque votre propre collection qui compte 10 000 ouvrages. Quel message avezvous voulu transmettre ?
— J’ai voulu surtout adresser un message aux intellectuels. La bibliothèque comprend différentes sections qui portent des noms d’intellectuels éminents, dont les héritiers qui nous ont offert leurs bibliothèques personnelles.
Mentionnons par exemple la bibliothèque de l’homme politique Boutros Ghali ou celle du célèbre chimiste Ahmad Zoweil. Quant à la collection de l’écrivain Mohamad Hassanein Heikal, c’est une victoire personnelle, car j’ai pu convaincre sa famille de l’offrir à la bibliothèque. La Bibliothèque d’Alexandrie continue à être un centre international de rayonnement culturel à la portée de tous.
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