Alors que les Israéliens diffusent des mensonges sur leur suprématie militaire et leur possession de la Palestine et nient au peuple palestinien tout droit, l’entité d’occupation vit un état de division intense, une grave crise sécuritaire, ainsi qu’un effondrement des fondements de la théorie de sécurité israélienne. Les raisons sont nombreuses. Il s’agit en premier lieu de la montée de la colère palestinienne et de des opérations de résistance à l’intérieur de l’entité juive et en Cisjordanie occupée.
Cette situation représente l’autre face des politiques suivies par l’occupation et par les colons extrémistes contre le peuple palestinien, Jérusalem et la mosquée d’Al-Aqsa. La semaine dernière, le chef du gouvernement israélien, Naftali Bennett, est revenu sur les ententes convenues précédemment avec la Jordanie concernant le caractère sacré du Mont du Temple. Cet acte représente un signe de fragilité du gouvernement, désormais menacé en raison de la vague de démissions successives au sein du parti Yamina de Bennett et de l’incapacité des autorités d’assurer la sécurité des citoyens sous la nouvelle vague de résistance. Les menaces de Bennett de lancer une attaque militaire contre la bande de Gaza, en réaction à la pression politique réclamant une riposte contre les instigateurs des opérations de résistance, sont également un signe de faiblesse qui révèle l’incapacité de Bennett à contrer l’extrême droite.
Que les piliers du gouvernement, comme Yaïr Lapid, ministre des Affaires étrangères, et Benny Gantz, ministre de la Défense, refusent sa proposition de lancer une attaque contre Gaza est une autre preuve de cette faiblesse. Ce refus a été confirmé par le journaliste Yacoub Bardogo, de la radio de l’armée d’occupation, qui a révélé une forte tension au sein du gouvernement et a annoncé que les responsables de la sécurité et de l’armée israéliennes sont fermement opposés à cette mesure, qu’ils considèrent comme une « mesure irréfléchie à des fins électorales ». Cette tension n’émane pas du vide. Elle est l’expression directe de la double incapacité à fournir la protection aux Israéliens et à répondre aux revendications des colons extrémistes et de la droite concernant la mosquée d’Al-Aqsa et la guerre contre Gaza. Le rejet du gouvernement de lancer une attaque contre Gaza n’est pas séparé des menaces de riposte palestiniennes, qui sont capables de dissuader la volonté israélienne.
L’incapacité sécuritaire n’est plus le seul dilemme qu’affronte l’entité d’occupation. L’écrivain Amos Ariel a écrit dans Haaretz qu’Israël affrontait plusieurs menaces. Dans un article intitulé « Quatre menaces fatidiques auxquelles Israël est confronté », il précise que la première menace est la démographie israélo-palestinienne, considérant que 2020 a révélé une supériorité dans le nombre des Palestiniens sur les Israéliens dans toute la Palestine sous mandat, prédisant que le fossé s’élargira à moyen et long terme entre Palestiniens et Israéliens. Face à ce déséquilibre, Israël trouvera une grande difficulté à poursuivre la politique d’occupation et sera forcé de reconnaître l’option d’un seul Etat, d’autant plus que la nouvelle génération de jeunes Palestiniens a finalement perdu toute confiance dans le sérieux de la solution de deux Etats. La deuxième menace est le déclin du contrôle d’Israël sur les citoyens palestiniens vivant dans les villes mixtes. La troisième menace est l’incapacité de l’armée israélienne de faire face aux attaques internes ou externes.
Il semble que toutes ces menaces soient à l’origine du phénomène de haine et de divisions qui dévaste la société israélienne, comme l’a observé le chercheur Ephraim Ganor, dans un article publié à Maariv dans lequel il dit que « les Israéliens célèbrent le 74e anniversaire de l’établissement de leur Etat, alors que la terre tremble sous leurs pieds de colère et d’inquiétude ». Ehud Barak a fait la même remarque quand il a exprimé sa crainte qu’Israël soit exposé à ce qu’il appelle la « malédiction de la huitième décennie » et qu’il disparaisse avant son 80e anniversaire. Dans un article publié à Yediot Aharonot, Barak a dit que « tout au long de l’histoire juive, les juifs n’ont pas eu d’Etat pendant plus de 80 ans, sauf dans deux périodes: la période du roi David et la période de Achmous Naim. Durant ces deux périodes, la désintégration a commencé dans la 8e décennie ». Barak a conclu que l’expérience actuelle de l’Etat sioniste était la troisième et qu’il était maintenant dans sa 8e décennie : « Nous craignons que la malédiction de la 8e décennie ne tombe sur lui comme elle l’avait fait avec ses prédécesseurs ». La prédiction de Barak se réalisera-t-elle faisant tomber le rêve sioniste? Tel est le cauchemar que vivent les Israéliens ces jours-ci.
Lien court: