Al-Ahram Hebdo : Quel est l’impact de la guerre entre la Russie et l’Ukraine sur le tourisme en Egypte ?
Khaled El-Enany : La guerre entre la Russie et l’Ukraine a certainement touché le tourisme en Egypte, surtout que ces deux marchés représentent plus de 40 % des arrivées touristiques. Mais heureusement, il y a d’autres marchés qui montent, tels l’Allemagne, l’Angleterre, l’Italie, la France, les Etats-Unis et la Hollande. Ils ont compensé le recul des marchés russes et ukrainien. En fait, l’impact de la dernière vague du Covid-19 et du variant Omicron était plus palpable sur le tourisme égyptien. Le tourisme égyptien a réussi à surmonter les crises auxquelles il a été confronté. Le secteur s’est rétabli de la crise du Covid-19 en un an et trois mois. Les études internationales les plus optimistes ne prévoyaient ce rétablissement qu’en 2024, alors que les chiffres des deux derniers mois de 2021 sont très proches des deux derniers mois de 2019. Ceci a été possible grâce aux efforts de l’Etat et à l’assiduité des employés du secteur qui ont appliqué les mesures hygiéniques et sanitaires dans les aéroports, les hôtels et les destinations touristiques égyptiennes.
— Quelles sont les stratégies de promotion touristique que vous adoptez afin de remédier à cette crise ?
— Notre stratégie de promotion touristique repose sur deux piliers, l’un politique et l’autre touristique. Sur le plan politique, je viens de rentrer d’une visite officielle en Allemagne et en Angleterre. Ce sont en fait les deux plus grands marchés du tourisme égyptien à l’heure actuelle. Le nombre de leurs arrivées touristiques en Egypte ne cesse de croître. En plus, ces deux pays viennent d’enlever l’Egypte de la liste rouge des destinations à éviter pour leurs citoyens. J’ai eu des réunions avec les responsables et les professionnels du tourisme dans ces deux pays afin de voir les demandes des tour-opérateurs et des touristes eux-mêmes et aussi pour savoir s’ils ont des plaintes. Le premier mot que j’ai entendu dire de la part des responsables et des professionnels du tourisme dans les deux pays est que l’Egypte a vraiment respecté les touristes après le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. En fait, nous avons assumé les frais de séjour de 17 000 touristes ukrainiens qui n’ont pas pu retourner chez eux à cause de la guerre et de la fermeture des espaces aériens. Ils ont salué aussi l’application stricte des mesures sanitaires afin de protéger les touristes de toute infection au Covid-19. Ils ont demandé seulement le prolongement du système de subvention des vols charter pour un an au lieu de six mois pour pouvoir fixer les prix des voyages à destination de l’Egypte jusqu’à l’hiver prochain, surtout avec la variation des prix des combustibles qui ont augmenté de plus de 30 % au cours des dernières semaines. En outre, il y aura de nouvelles mesures pour faciliter l’accès des touristes au pays, en facilitant l’obtention des visas à partir du 1er avril 2022.
— Quelles sont ces nouvelles mesures ?
— En fait, ces mesures ont été prises après des réunions avec les autorités concernées comme le ministère des Affaires étrangères et celui de l’Intérieur, dans le but d’encourager le tourisme à destination de l’Egypte. 78 nationalités obtiennent leur visa touristique dans les ports égyptiens ou par voie électronique. En outre, il a été décidé d’octroyer les visas touristiques à l’arrivée à plus de 180 nationalités. Il y a aussi des procédures spéciales pour les touristes de certaines nationalités qui arrivent directement à Charm Al-Cheikh et à Taba, à condition qu’ils aient un billet retour, une réservation en vue d’un hébergement, une carte de crédit ou de quoi couvrir leur séjour en Egypte.
— Qu’en est-il des mesures visant à relancer le secteur du tourisme en Egypte ?
— Le ministère du Tourisme et des Antiquités déploie des efforts acharnés pour relancer le tourisme. On vient de lancer dernièrement une campagne sur les réseaux sociaux intitulée Follow the Sun (suivez le soleil) sur les marchés européens afin de promouvoir le tourisme égyptien en été. Une autre campagne est lancée sur le marché arabe pendant le mois du Ramadan. En outre, l’invitation des bloggeurs internationaux à visiter l’Egypte et à y faire des stories (histoires) est un outil efficace pour la promotion du tourisme ces jours-ci, surtout avec l’impact grandissant des réseaux sociaux sur la commercialisation des produits, notamment le produit touristique. En plus, les récentes découvertes archéologiques et les nouveaux musées sont des outils de promotion touristique. Le gouvernement se concentre aussi sur le développement continu des infrastructures des villes touristiques, notamment le réseau routier qui facilite la circulation des touristes et leur permet de bénéficier de plus d’un genre touristique.
— Qu’en est-il des réunions de la commission de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) pour le Moyen-Orient, tenues au Caire la semaine dernière ?
— En fait, l’Egypte a été élue, lors de la dernière réunion de la commission de l’OMT pour le Moyen-Orient tenue à Riyad, présidente de la session actuelle pour deux ans. La Commission joue le rôle d’une plateforme afin de définir un plan pour l’avenir du secteur. La 48e réunion de la commission s’est tenue en Egypte sous le slogan « La Sensibilisation touristique et la réhabilitation de l’élément humain pour une reprise durable du tourisme ». La Commission a examiné les défis auxquels le tourisme est confronté, alors que le secteur se redresse avec de plus en plus de vigueur dans l’ensemble de la région. J’ai choisi de parler, lors de ces réunions, de l’élément humain qui est le pilier du tourisme en Egypte et auquel on accorde beaucoup d’intérêt. En basant notre action sur les lignes directrices de l’OMT, nous avons protégé les emplois pendant la crise et c’est pourquoi maintenant nous sommes plus forts. Nous continuerons à faire du tourisme un secteur vital pour protéger notre patrimoine et notre culture.
— Quelles étaient les recommandations de ces réunions ?
— Les recommandations de ces réunions étaient nombreuses. Les plus importantes sont celles qui concernent la sensibilisation des sociétés au Moyen-Orient à l’importance du tourisme, à la préservation de la main-d’oeuvre du secteur du tourisme surtout en temps de crises. En fait, la sensibilisation des citoyens commence dès l’enseignement primaire. On s’est mis d’accord sur la nécessité de coordonner avec les pays de la région afin d’inclure le tourisme aux programmes des écoles primaires.
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