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L'éléphant américain

Mardi, 03 septembre 2013

On dit que les superpuissances ressemblent à un éléphant qui ne peut pas bouger facilement. En effet, ces Etats ne changent pas facilement de position surtout quand ils ont conclu des accords ou ont entrepris des procédures, qui, de leur point de vue, auraient pu réaliser des résultats sans précédent.

La présence des Frères musulmans au pouvoir en Egypte réalisait aux Etats-Unis des objectifs de grande importance, dont la question du règlement de la cause palestinienne. Un règlement basé sur la transportation du peuple palestinien, exactement comme on transporte des marchandises, de la Cisjordanie au Sinaï dans une opération connue sous le nom de « transfert ». C’est-à-dire créer un Etat à Gaza qui s’étend à l’intérieur du Sinaï. Cette opération ne diffère pas beaucoup de celle effectuée par les superpuissances après la Seconde Guerre mondiale, quand elles ont créé un nombre de nouveaux petits Etats dans la région arabe. Effectivement, les frontières de la majorité des pays arabes actuels, à l’exception de certains, comme l’Egypte, n’existaient pas quand la région faisait encore partie de l’Empire ottoman. Pourquoi ne pas refaire cette opération afin de mettre définitivement fin à cette question qui angoisse l’Occident et menace sans cesse Israël ?

Quand le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a rendu visite à la région et a dit qu’il y avait une chance de parvenir à un règlement, personne n’a compris de quoi il voulait parler, d’autant plus qu’aucun signe optimiste n’était survenu. La vérité est que la chance dont parlait Kerry était le maintien des Frères musulmans au pouvoir et leur acceptation de l’idée du « transfert » considérée comme un sacrifice pour le peuple palestinien frère. En échange, l’Egypte allait obtenir de la part d’Israël, des terrains dans le désert de Naqab, mais sous forme d’échange et non pas de cession. De plus, des rumeurs parlent d’une somme de 8 milliards de dollars que les Frères musulmans allaient obtenir en contrepartie de cet accord.

Or, les Américains et les Frères n’ont pas remarqué que les frontières de l’Egypte n’ont pas changé depuis que le souverain pharaonique Mena a uni les territoires égyptiens il y a des milliers d’années, et qu’il était impossible de mettre en oeuvre ce plan. Ils sont atteints de myopie ; les Américains parce qu’ils ignorent, comme d’habitude, les dimensions historiques, et les Frères musulmans parce qu’ils ne croient pas au principe de la nation. Pour ces derniers, toute la planète est la terre de l’islam, et les frontières des Etats ne sont pas sacrées. Selon eux, changer les frontières des Etats est exactement comme changer les frontières des gouvernorats ou des circonscriptions électorales.

Le peuple égyptien a sabordé ce plan. Et l’éléphant américain s’est retrouvé dans une nouvelle situation à laquelle il n’arrive pas encore à s’adapter.

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