Au début de la révolution syrienne, j’étais parfaitement persuadé que ce sont les positions de la communauté internationale qui détermineront les réactions d’Al-Assad et sa répression de la révolution. C’est la raison pour laquelle nous avons toujours fait pression pour obtenir des résolutions internationales capables de freiner Al-Assad et l’empêcher de tuer davantage de Syriens et de commettre plus d’atrocités. Il est vrai que nous sommes parvenus à obtenir des résolutions importantes du conseil des Nations-Unies pour les droits de l’homme, mais elles étaient sans aucune efficacité.
Quant au Conseil de sécurité, il était complètement bloqué à cause des veto russe et chinois. C’est pourquoi, Al-Assad a cru qu’il possédait une immunité face à toutes mesures internationales. Il a eu plus de confiance et a commis encore plus de crimes. Il a d’abord commencé par utiliser légèrement l’aviation militaire de crainte d’une violente réaction internationale comme ce fut le cas avec Kadhafi quand il a bombardé les civils. Il n’eut que de simples communiqués de condamnation et d’inquiétude, ainsi que des rapports des organisations des droits de l’homme décomptant le nombre de victimes. Vu son désespoir quant à la récupération des zones libérées, il opta par la suite pour l’utilisation des missiles balistiques. L’Otan s’est mise alors à dénombrer ces missiles au lieu d’empêcher qu’ils atteignent les civils. Ainsi, Al-Assad se mit à exterminer davantage de civils en utilisant les armes chimiques par petites doses comme à Khan Al-Assal, Al-Cheikh Maksoud, Al-Ghota et autres. La réaction occidentale confirme les rapports, mais déclare ne pas vouloir s’impliquer dans la guerre civile syrienne. Vu l’avancée rapide des révolutionnaires, il s’est senti rongé par désespoir, son entourage commence à faire pression sur lui pour tuer et terroriser davantage de civils. Il recourt aux armes chimiques dans une tentative désespérée d’étouffer la révolution, avec la conviction de l’absence d’une réaction internationale. La situation en Syrie étant chaotique, aucun pays n’a intérêt à s’y ingérer.
Cependant, la question de l’intervention humanitaire en Syrie refait surface aujourd’hui avec l’augmentation du nombre des victimes civiles et des réfugiés. Depuis le début de la révolution en mars 2011, les forces de sécurité syriennes ont tué au moins 100 000 personnes. Selon un rapport publié par les Nations-Unies en janvier 2012, les forces gouvernementales syriennes ont attaqué les civils, bombardé les zones urbaines, répandu des snipers et des hélicoptères militaires dans les villes, utilisé les missiles balistiques contre les zones urbaines et torturé les révolutionnaires incarcérés. Ces actes sont considérés comme des crimes contre l’humanité, selon la Cour pénale internationale.
En vertu du principe de la responsabilité de la protection, l’un des principes du Code international, stipulé par le Conseil de sécurité, l’Etat ne possède pas de souveraineté absolue. L’Etat renonce à sa souveraineté lorsqu’il se trouve incapable de protéger ses citoyens du génocide, de la purification ethnique, des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité. Partant, la Syrie n’assume pas ses devoirs de protection en lançant des attaques contre les civils désarmés. C’est pour cette raison que la responsabilité de la protection des citoyens syriens incombe désormais à la communauté internationale.
Dans le rapport de l’Onu publié en 2009, le secrétaire général, Ban Ki-moon, a déterminé les trois piliers sur lesquels se base ce principe. Premièrement, il incombe à tout Etat la responsabilité permanente de protéger ses citoyens, qu’ils possèdent sa nationalité ou pas, du génocide, des crimes de guerre, de la purification ethnique, des crimes contre l’humanité et de tout ce qui incite à ces crimes. Deuxièmement, il incombe à la communauté internationale de présenter son aide aux Etats pour qu’ils assument les responsabilités précitées dans le premier pilier. Troisièmement, si l’incapacité de l’Etat à protéger son peuple apparaît clairement, il incombe à la communauté internationale de réagir de manière tranchante et au bon moment en se basant sur les chapitres 6, 7 et 8 de la charte des Nations-Unies, en adoptant les mesures nécessaires pacifiques ou autres. De plus, il est possible en cas d’urgence d’établir des alliances internationales légitimes pour mettre un terme aux violations flagrantes du Code international, sans l’approbation préalable du Conseil de sécurité.
La guerre contre les civils en Syrie s’applique parfaitement aux principes de la responsabilité de la protection. Il incombe désormais au Conseil de sécurité d’adopter des choix plus sévères après l’échec du choix pacifique afin de protéger les civils. Bien qu’il soit préférable d’avoir une permission du Conseil de sécurité pour intervenir en Syrie, il semble politiquement impossible. Vu l’urgence qui implique une intervention immédiate, la communauté internationale a le droit d’adopter les mesures nécessaires pour protéger le peuple syrien en vertu du principe de la responsabilité de la protection. Nous avons maintenant besoin d’appliquer le principe de la protection des civils à travers une coalition internationale qui se forme en dehors du cadre du Conseil de sécurité, peut-être sous l’ombrelle des Amis du peuple syrien.
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