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Algérie : un avant-goût de présidentielles

Abir Taleb avec agences, Mardi, 03 septembre 2013

Apès des mois de lutte interne, le FLN, parti du chef de l'Etat algérien, s'est doté d'un nouveau secrétaire général proche de Bouteflika.

Que se passe-t-il donc en Algérie ? Rien, ou presque, serait-on tenté de dire. Alors que le Moyen-Orient est en ébullition, que la Tunisie et la Libye voisines piétinent encore dans l’ère post-Printemps arabe, la vie semble couler comme un long fleuve tranquille en Algérie. Mais en apparence seulement. Car les problèmes sont là, latents, sous-jacents. Et, si l’on ne voit que la tête de l’iceberg, la scène politique algérienne est loin d’être paisible, avec en arrière-fond une lutte acharnée pour la succession du président Abdelaziz Bouteflika, dont le mandat s’achève en 2014 et dont la santé laisse à désirer.

Et, le choix du secrétaire général du Front de Libération Nationale (FLN, parti de M. Bouteflika), après sept mois de crise au sein du parti, s’est avéré être une répétition générale de l’élection présidentielle prévue au printemps 2014. Ainsi, le nouvel homme fort du FLN, Ammar Saïdani, est un proche de M. Bouteflika. Candidat unique et plébiscité à main levée par le comité central du parti, il est d’ores et déjà contesté. En effet, la réunion du comité central de jeudi dernier a été précédée de toute une série de rebondissements entre interdictions et autorisations. La réunion avait été autorisée dans un premier temps par le ministère de l’Intérieur mais les adversaires de M. Saïdani ont introduit un recours en justice qui a annulé mercredi après-midi la tenue de cette session. Après quoi les partisans du nouveau patron du FLN ont finalement réussi à obtenir le feu vert des autorités pour réunir le comité central, selon la presse locale. En outre, les deux autres candidats au poste de secrétaire général ont fini par se retirer alors que les travaux ont lieu dans un contexte de crise interne qui a marqué un parti divisé en deux camps tendus.

C’est depuis les législatives de mai 2012 que la direction du parti historique est en proie à une crise ouverte qui a pris de l’ampleur après l’éviction fin janvier de son chef contesté Abdelaziz Belkhadem. La fonction était restée vacante depuis en raison d’une rivalité entre deux tendances se disputant le contrôle du parti en prévision de l’élection présidentielle. Une tension qui avait été également exacerbée par la maladie du président algérien.

Selon les analystes, l’élection de M. Saïdani offre aux partisans du président Bouteflika l’opportunité de garder la mainmise sur le parti majoritaire en Algérie à l’approche des présidentielles. « L’enjeu est tellement important que les partisans de M. Bouteflika n’ont pas hésité à bafouer les institutions de l’Etat pour imposer cet homme à la tête du FLN », estime ainsi le politologue Rachid Tlemçani, cité par l’AFP. La presse algérienne a aussi vivement critiqué cette élection, estimant que c’est un coup de force visant à gérer aisément la future présidentielle.

Reste à savoir maintenant si l’affaire est close : le chef de file des contestataires, l’ancien ministre Abderahmane Belayat, chargé depuis la destitution de M. Belkhadem d’assurer la gestion du FLN, a qualifié d’« illégale » l’élection de M. Saïdani. Il a appelé M. Bouteflika, président d’honneur du parti, à « user des prérogatives et de ses pouvoirs pour réhabiliter la réputation du parti » .

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