L’Ukraine, cette ex-république soviétique, a connu la technologie nucléaire dès les années 1970 avec la construction de la centrale de Tchernobyl en 1970 qui est entrée en fonctionnement sept ans plus tard avant que ne se s’achèvent les travaux de construction en 1983 avec 4 réacteurs nucléaires qui produisent 10 % de l’électricité du pays. Puis les installations nucléaires se sont répandues dans tout le pays jusqu’à atteindre 15 réacteurs nucléaires répartis sur 4 centrales. Le parc nucléaire ukrainien a une puissance de 13,1 GW, ce qui en fait le 8e plus important parc nucléaire au monde. Selon les données de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), ce parc a fourni en 2020 environ 51,2 % de la production électrique ukrainienne. La centrale de Zaporijia, la plus grande d’Europe, comprend 6 réacteurs d’une capacité totale de près de 6 000 mégawatts. Située dans le sud de l’Ukraine, le long du fleuve Dniepr, la construction de son premier réacteur a débuté en 1979, alors que l’Ukraine faisait encore partie de l’Union soviétique. Elle est entrée en service en 1985. La centrale de Rivné est la deuxième plus grosse centrale d’Ukraine avec quatre réacteurs, elle se trouve au nord-ouest du pays. La centrale de Youjnoukraïnsk, également appelée la centrale nucléaire d’Ukraine du Sud, dispose de trois réacteurs actifs. Quant à la centrale de Khmelnitski, située à 275 km de Kiev, elle possède deux réacteurs actifs, alors que deux autres réacteurs ont vu leur construction s’arrêter en 1990 en raison d’un moratoire sur les nouvelles centrales après la catastrophe de Tchernobyl. Mais leur construction a repris après la levée du moratoire alors que les constructions des centrales de Kharkiv, de Crimée, d’Odessa et de Tchyhyryne ont été définitivement arrêtées. Quant à la centrale de Tchernobyl, qui a connu la plus grave catastrophe de l’histoire du nucléaire civil, elle est à l’arrêt depuis 2000.
1 800 ogives nucléaires démantelées
Avec la chute de l’Union soviétique en 1991, la République ukrainienne naissante s’est retrouvée avec un énorme arsenal nucléaire la rendant la troisième plus grande force nucléaire au monde avec 175 missiles balistiques intercontinentaux, 44 lanceurs lourds munis de plus de 1 000 missiles nucléaires ailés à longue portée et 1 800 ogives nucléaires.
Mais cet arsenal nucléaire préoccupait à la fois la Russie fédérale, héritière de l’Union soviétique, et les Etats-Unis. C’est ainsi que le 31 juillet 1991, 5 mois avant l’effondrement officiel de l’Union soviétique, les présidents Mikhaïl Gorbatchev et Georges Bush ont signé le traité de réduction des armes stratégiques START 1, en vertu duquel ils s’engageaient à ne pas déployer plus de 6 000 ogives nucléaires et 1 600 missiles balistiques et lanceurs intercontinentaux. C’est ainsi que les trois républiques héritières de l’Union soviétique, l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan, ont été dépourvues de leurs armes nucléaires par le biais du Protocole de Lisbonne, signé en 1994, qui était le résultat des mémorandums d’entente de Budapest, signés par les trois pays, ainsi que par la Russie, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. L’article 2 du Mémorandum de Budapest prévoyait des garanties de sécurité pour l’Ukraine en échange de son désarmement nucléaire. La Russie, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis se sont engagés à « ne pas menacer l’Ukraine et à ne pas porter atteinte à son intégrité territoriale ou son indépendance politique ». Avec l’aide de Washington, Kiev a commencé à démanteler les missiles, les lanceurs et les infrastructures nucléaires et a accepté de remettre ses ogives à Moscou pour les démanteler en échange d’une compensation pour la valeur commerciale de l’uranium hautement enrichi. Selon l’AIEA, l’Ukraine a transféré sa dernière ogive nucléaire à la Russie en 1996 et a démantelé le dernier véhicule nucléaire stratégique en 2001. Cependant, l’abandon de l’arsenal nucléaire ukrainien soulève encore un débat parmi les politiciens ukrainiens bien qu’il soit considéré comme une victoire des efforts mondiaux de limitation des armes nucléaires.
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