Etre écologique, ou du moins vivre vert, est une tendance qui commence à s’imposer, notamment parmi les jeunes en Egypte. En plus des produits recyclés, des magasins bios qui sont en vogue depuis quelques années, on ne cesse de découvrir de nouveaux phénomènes.
Il arrive souvent de croiser une nouvelle clientèle de la classe moyenne qui part sur les marchés aux puces pour faire sa course. Ce n’est plus la catégorie classique des classes défavorisées qui cherchent les vêtements pas chers ou usés, mais ce sont des jeunes, amis de l’environnement, qui refusent les cercles de production de masse et commencent, par eux-mêmes, à briser la chaîne gigantesque de consommation avec, par conséquent, l’excès de déchets nuisibles à l’environnement et à la planète.
Est-ce que cette jeune génération (millenium ou Z) possède davantage cette conscience aigüe de l’environnement ? Assume-t-elle, plus que d’autres, la responsabilité sociétale (voir la colonne ci-contre) ? Est-ce que ces initiatives singulières/disparates peuvent aboutir (voir encadré des initiatives) ? Ou s’agit-il d’une question plus vaste qui dépend des décisions et politiques souveraines ?
Sensibiliser les gens n’est pas la pierre de touche. Personne ne peut fermer les yeux aujourd’hui devant les sujets cruciaux du changement climatique, de l’épuisement des ressources naturelles, y compris l’eau du Nil. Internet, Instagram, les influenceurs et youtubeurs comblent indubitablement le manque d’information. Aujourd’hui, la culture de l’environnement et les politiques environnementales sont intégrées dans les programmes scolaires. L’Université du Caire vient de lancer un programme de sensibilisation, tandis que l’Université américaine du Caire (AUC) a intégré un cours consacré aux problèmes environnementaux en Egypte dans le département d’anthropologie.
Donner vie aux déchets d’une manière artistique.
Pourtant, Yasmine Moetaz, professeur assistant au département d’anthropologie et de sociologie à l’AUC, est contre l’idée de rejeter la responsabilité sur les individus et leur irrespect de l’environnement. « Il serait très simpliste de centrer les problèmes de l’environnement en Egypte juste au fait de rehausser la conscience des gens et les y sensibiliser, s’insurge Moetaz. Les grandes compagnies sont les acteurs principaux dans la pollution, leur impact est largement plus important que celui des individus. Le problème dépasse la simple sensibilisation ».
Spécialiste en la matière, Yasmine Moetaz constate que les jeunes d’aujourd’hui sont plus créateurs dans leur choix de se définir comme amis de l’environnement. Elle inventorie la liste des jeunes acteurs écologiques comme les groupes de jeunes qui s’organisent entre eux pour faire des vide-greniers, des projets de friperie, ou de dessiner sur les jeans et chaussures usées, ou qui initient des magasins de produits recyclés ou surcyclés (Upcycling) qui donnent une nouvelle vie plus artistique et plus valorisée que son état d’origine. « Ce sont toutes des initiatives qui reflètent le sens de l’économie pour réduire les retombées néfastes sur l’environnement, insiste Yasmine Moetaz. Les attitudes vis-à-vis de l’environnement changent d’une génération à l’autre. Il existe par exemple une tendance minimaliste dans la consommation, on achète ses besoins stricts, par pièce, alors que la génération des parents aurait été intimidée si elle n’achète pas ses besoins en kilos ». La même chose est applicable sur les habits usés ou l’impression des papiers : ce que les anciens considèrent intimidant ou radin est une question de principe et d’intégrité pour la génération de la jeunesse actuelle.
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