Différend frontalier entre le Soudan et l’Ethiopie
Malgré de nombreux cycles de négociations, le Soudan et l’Ethiopie ne sont jamais parvenus à trouver un accord sur le tracé de leur frontière. Addis-Abeba et Khartoum se disputent des terres fertiles de la région d’Al-Fashaga. Des accrochages se produisent régulièrement dans cette zone. Cependant, les heurts se sont intensifiés en novembre 2020 avec la guerre entre le gouvernement fédéral éthiopien et les autorités régionales du Tigré voisin. Malgré les appels de la communauté internationale à la désescalade, la situation demeure très tendue, « car les deux parties ne sont pas parvenues à un règlement jusqu’à présent, mais aussi à cause des escarmouches et des affrontements armés entre des milices éthiopiennes et les habitants soudanais dans la région », explique Ahmed Askar, spécialiste des affaires africaines.
Litige maritime entre la Somalie et le Kenya
Depuis 1979, lorsque le Kenya a proclamé les limites de sa Zone Economique Exclusive (ZEE), la Somalie et le Kenya se disputent une zone maritime de l’océan Indien d’une superficie de 100 000 km2 riches en poissons et en hydrocarbures. Les deux pays ont convenu, dans le cadre d’un mémorandum signé en 2009, de régler le différend par des négociations bilatérales. Après deux rencontres en 2014, sans réelles avancées, la Somalie a décidé de soumettre le dossier le 28 août 2014 à la Cour Internationale de Justice (CIJ). Le Kenya a contesté cette saisie, estimant qu’un arbitrage judiciaire ne pouvait intervenir qu’une fois le processus de négociations achevé, ce qui n’est pas le cas, selon Nairobi. Le 12 octobre dernier, la CIJ a rendu son arrêt attribuant la majeure partie disputée à la Somalie. Une décision rejetée en totalité par le Kenya, dont le président, Uhuru Kenyatta, a déclaré « ne pas reconnaître les conclusions de la décision ». Malheureusement, la décision de l’institution internationale ne semble pas avoir mis fin au conflit, surtout que le Kenya a récemment attribué à la compagnie ENI des permis d’exploitation dans les zones que la cour vient de lui retirer juridiquement. « Ce conflit a aussi entraîné des tensions avec d’autres pays comme Djibouti, lorsque ce dernier a essayé de jouer le rôle d’intermédiaire entre la Somalie et le Kenya. La Somalie a alors accusé Djibouti de prendre le parti du Kenya ». explique Ahmed Askar, spécialiste des affaires africaines.
Tigré : Guerre civile et implications régionales
Le 4 novembre 2020, le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, envoie l’armée dans le Tigré, accusant les Tigréens de vouloir faire sécession. Les combats font des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, notamment vers le Soudan. Bien que le premier ministre déclare la victoire le 28 novembre 2020, les combattants pro-Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) reprennent en juin 2021 l’essentiel du Tigré puis avancent dans les régions voisines d’Afar et d’Amhara. « Malheureusement, ce conflit a impliqué des forces étrangères comme l’Erythrée, qui a prêté main forte à l’armée fédérale éthiopienne dès le début de la crise, pour se venger des Tigréens qui ont mené la guerre contre l’Erythrée entre 1998 et 2000 », explique Ahmed Askar, spécialiste des affaires africaines. La semaine dernière, malgré les combats qui se poursuivent dans la région d’Afar, on parle d’une reprise diplomatique entre le gouvernement éthiopien et le TPLF en vue d’un cessez-le-feu dans le Tigré.
Conflit ethnique au Soudan du Sud
Déclenché en 2013, deux ans seulement après l’indépendance du pays en 2011, le conflit embrase deux zones : Juba, la capitale du Soudan du Sud, et la province de Jonglei, la partie orientale du pays, et oppose le président Salva Kiir qui appartient au Dinka, l’ethnie majoritaire du pays, et l’ancien vice-président, Riek Machar, issu du peuple Nuer. « Alors que le conflit était à l’origine un conflit au pouvoir, il s’est rapidement transformé en un conflit ethnique entre les deux plus grandes ethnies du pays, les Dinkas et les Nuers », explique Ahmed Askar, spécialiste des affaires africaines. Bien que le retour de Riek Machar à son poste de vice-président auprès de son rival de toujours, Salva Kiir, ait mis officiellement fin à la guerre, il n’a pas réussi à instaurer la paix. La soi-disant réconciliation des chefs n’a pas empêché la poursuite des affrontements communautaires qui continuent à faire des centaines de morts.
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