De 2008 à 2012, 71 % des exportations d’armes vers la Syrie ont été réalisées par la Russie, principal fournisseur d’armes de Damas. N’appliquant pas d’embargo sur les livraisons d’armes à la Syrie, elle a expédié des armes en 2011 pour plus de 960 millions de dollars. Aujourd’hui, elle poursuit ses livraisons, affirmant respecter des contrats existants. Ceux-ci concerneraient des systèmes de défense antiaérienne — Pantsir S1 (SA -22), Buk M2 (SA-17) et missiles sol-air SA-18 / 9K38 Igla portatifs de très courte portée — et d’anciens hélicoptères syriens rénovés.
Les contrats ne portent pas sur des armes offensives. Des contrats d’une valeur de 3,5 milliards de dollars sont toujours en cours entre les deux pays, dont un contrat d’un milliard de dollars signé en 2010 pour l’achat de missiles S-300 (six rampes de lancement et 144 missiles), un système de défense antiaérienne sophistiqué, dont les batteries sol-air sont capables d’intercepter des avions et des missiles téléguidés. S’il était livré au régime de Damas, ce système compliquerait une éventuelle intervention occidentale.
La Syrie entretient aussi depuis plusieurs années une relation militaire avec l’Iran, concrétisée par l’accord de défense mutuelle signée en 2006. En 2007, Téhéran a accordé à la Syrie une aide militaire estimée à un milliard de dollars. Depuis 2012, l’Iran accroît son aide, notamment avec des livraisons d’armes et de munitions. Parmi elles figurent des missiles Fateh A-110 de courte portée — environ 150 km —, qui sont plus précis que les Scud, ainsi que des roquettes, des missiles antichars, des lance-roquettes et des mortiers, transportés via l’Iraq. Téhéran aurait aussi envoyé 4 000 soldats du corps des Gardiens de la révolution islamique pour soutenir le régime.
L’armement des rebelles
Des pays comme le Qatar, l’Arabie saoudite et la Turquie fournissent une aide aux rebelles, tant financière que militaire. Bien que la Turquie n’ait pas officiellement approuvé l’octroi d’une aide militaire, elle a joué un rôle crucial dans l’accélération de la livraison d’armes aux rebelles depuis fin 2012. Le Qatar, quant à lui, est soupçonné d’être le principal fournisseur d’armes aux rebelles. Depuis janvier 2012, des avions qatari livreraient des armes tous les deux jours via la Turquie. Les responsables qatari affirment ne pas transporter d’armes létales. Fin 2012, quelque 3 000 tonnes d’armes et de munitions vendues par la Croatie (canons de 60 mm et lance-roquettes) et payées par l’Arabie saoudite ont été transportées à bord de 75 vols.
Officiellement, les Européens — France et Grande-Bretagne en tête — ne fournissent que du matériel non létal et une aide humanitaire. Pourtant, Paris et Londres fournissent un soutien militaire, soit par l’intermédiaire de leurs alliés arabes, soit par la formation des rebelles en Jordanie, sous prétexte de rééquilibrer les forces. Plus tard, Londres a renoncé à armer les rebelles, de crainte de voir les armes tomber entre les mains de djihadistes, alors que Paris envisage de se concentrer sur des aspects techniques, telle la livraison de masques à visée nocturne, de gilets pare-balles, de matériel de communication cryptée et de formations en télécommunication, voire en combat. Depuis le début de la crise, les Etats-Unis ne livrent officiellement pas d’armes aux insurgés, se bornant à effectuer un travail de renseignements sur le terrain ou à offrir des formations stratégiques et de communication. En juin dernier, Washington a affirmé son intention de leur fournir une aide militaire, sans préciser sa nature exacte. En tous les cas, les Américains financent déjà des livraisons organisées par leurs alliés. Ils ont positionné des chasseurs de combat F-16 et des missiles Patriot en Jordanie, après des manoeuvres communes achevées mi-juin. La CIA a également joué un rôle déterminant dans la mise en place du pont aérien secret par lequel des armes automatiques, des roquettes et des munitions sont expédiées, en provenance de Croatie.
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