Les bijoux qui ont un aspect pharaonique continuent à fasciner.
Après la spectaculaire Parade des momies royales, médiatisée à l’échelle mondiale, la touche de l’Egypte Ancienne a fait son apparition dans nombre de domaines. En effet, l’Egypte Ancienne est devenue une sorte de modèle phare, un moyen de s’approprier la grandeur et la noblesse de ces temps glorieux, de s’identifier à ces femmes-déesses symbole du pouvoir, et surtout de s’octroyer des parures et des bijoux rappelant le trésor de Toutankhamon.
Cette tendance existait déjà, remontait aux débuts du XXe siècle et était appelée l’« égyptomanie ». Elle s’est accentuée ces 10 dernières années. « Il arrive très souvent que la créativité de l’artiste soit bloquée et que les choses se ressemblent et se répètent devant lui. L’artiste qui épuise ses ressources essaie de remonter dans l’histoire pour s’en inspirer, et puis mettre sa propre touche », explique Darine Alaa, créatrice de bijoux.
Certains associent cet engouement pour l’histoire de l’Egypte Ancienne à une recherche identitaire qui apparaît surtout durant les périodes transitoires ou dans les moments de détresse de l’histoire. « Après les grands bouleversements et les changements de pouvoir, les gens se posent la question: qui sommes-nous? Ils partent à la recherche de la gloire et de la beauté dans leur histoire lointaine pour trouver des racines bien solides auxquelles ils s’y attachent », explique Maïssa Moustafa, ex-guide touristique qui prépare sa thèse de doctorat sur le rapport entre l’art et la tradition.
En 2019, la maison Coco Chanel avait créé un grand boom en présentant sa collection au milieu des monuments fastueux du temple de Dendara au Musée Metropolitan de New York. A la cérémonie de remise des Oscars en 2020, la star Yousra s’est montrée en tenue pharaonique portant la signature de Zuhair Murad. Ce même créateur de mode avait monté un défilé à Paris en 2020 où il s’est inspiré des reines égyptiennes Nefertiti, Isis et Cléôpatre et des tenues royales. Murad nous transporte aujourd’hui dans le monde des pharaons en intégrant à sa collection des shorts, des salopettes et des caps en soie avec parfois des rappels discrets d’hiéroglyphes. On y trouve aussi des colles typiques, des ajours ou des étoffes dorées scintillantes.
Un engouement qui n’a jamais tari
Que ce soit dans le domaine de la haute couture ou celui des bijoux, on admire les détails, tantôt somptueux, tantôt sobres, inspirés de la civilisation pharaonique: des scarabées, des colliers, des bracelets et des boucles d’oreilles qui révèlent une passion pour l’or, ou encore des lignes de couture dépouillées, mais dont la coupe rappelle la tenue de la reine Hatchepsout. « L’engouement pour ces détails pharaoniques n’a jamais reculé à travers les années », affirme Marwa Abdel-Samie, styliste qui a créé les costumes de la cérémonie d’inauguration de l’Allée des béliers. Et d’ajouter: « Si vous regardez attentivement, vous trouverez toujours de petites nuances qui rappellent l’Egypte Ancienne dans les modèles de couture des grandes soirées, dans la mode actuelle des blouses à bustes courts ».
La tendance est aussi présente dans les accessoires et les bijoux. Les modèles des créateurs de bijoux renommés Azza Fahmy, Suzanne Al-Masry et Sami Amin en disent long sur cet engouement pour l’Egypte Ancienne.
L’art pharaonique inspire toujours les designers internationaux
.Les bijoux de Azza Fahmy sont directement inspirés de l’histoire antique pharaonique, nubienne, islamique ou paysanne. Autodidacte, Azza Fahmy a commencé sa carrière après être tombée par pur hasard sur un livre de bijoux du Moyen Empire.
Elle a réussi à intégrer à ses collections les motifs anciens avec un air contemporain. Suzanne Al-Masry ne s’est pas contentée de s’inspirer des modèles pharaoniques dans ses créations, mais elle a eu recours aux techniques anciennes de fabrication des bijoux, par exemple pour intégrer les pierres naturelles et le bleu des faïences pharaoniques.
Quant à Sami Amin, connu par ses créations en cuir et en cuivre, il a toujours été inspiré par l’art nubien. Il a récemment intégré des motifs pharaoniques d’une manière plus franche en confectionnant notamment un collier inspiré des bijoux de Hatchepsout et en représentant dans des oeuvres les étoiles qui accompagnent Mout, la déesse des cieux, qui ornent le plafond d’une tombe dans la Vallée des reines à Louqsor.
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