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Metaverse : L’Egypte construit sa force technologique

Amira Samir, Lundi, 03 janvier 2022

De l’Internet des objets à l’intelligence artificielle en passant par le gouvernement électronique et le réseau 5G, le gouvernement égyptien déploie des efforts intenses pour développer les infrastructures technologiques et construire l’Egypte numérique. Explications.

L’Egypte construit sa force technologique

La technologie au service du développement durable. C’est le slogan adopté par l’Egypte pour construire l’ère numérique. La quatrième révolution industrielle, née au milieu du XXe siècle, se caractérise par une fusion des technologies, un fait qui efface les frontières entre les sphères physique, numérique et biologique (voir infographie, les quatre révolutions industrielles). L’Intelligence Artificielle (IA), la 5G, l’Internet des objets (IOT) et le Big Data sont les piliers de cette quatrième révolution industrielle.

Mais comment l’Egypte se prépare-t-elle pour tirer profit de cette révolution numérique et réduire ses inconvénients ? Le budget consacré aux projets de transformation numérique et d’intelligence artificielle en Egypte ne cesse d’augmenter. Ainsi, l’Egypte a alloué la somme de 12,7 milliards de L.E. à la transformation numérique dans son budget 2020-2021, soit une augmentation de 62,8 % par rapport à 2019 (7,8 milliards de L.E.).

Par ailleurs, le secteur des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) est le plus dynamique de l’économie égyptienne, avec une croissance annuelle de 16 % et une part du PIB qui a atteint 5 % en 2018-2019, contre 3,2 % en 2017.

Le chiffre d’affaires du secteur des services informatiques s’est élevé à 4,5 milliards de dollars au cours de l’exercice 2020-2021, contre 4,1 milliards de dollars en 2019- 2020. « L’Egypte connaît depuis dix ans une révolution dans le domaine des TIC. Aucun pays ne peut parvenir au développement durable sans la présence d’un secteur des technologies de l’information fort. C’est pourquoi la vision Egypte 2030 a fait des technologies de l’information un important vecteur de croissance économique », explique Ahmad Bayoumi, chercheur en économie politique au Centre égyptien de la pensée et des études stratégiques (ECSS). Et d’ajouter que la stratégie de l’Egypte comprend plusieurs axes, dont les plus importants consistent à moderniser les réseaux télécoms, à implanter la technologie, à former des cadres dans les domaines des TIC et de l’intelligence artificielle, à promouvoir l’innovation et l’entrepreneuriat et à renforcer la cybersécurité.

Vers une Egypte numérique

Lancée en 2018, l’initiative « Egypte numérique » accorde une place importante à l’e-gouvernement (gouvernement sans papier) pour améliorer l’accès aux services publics en ligne. Ainsi, plus de 100 services gouvernementaux numériques sont actuellement accessibles via la plateforme Egypte numérique. L’objectif est de les porter à 500 services numériques d’ici 2030. Environ 4,2 millions de citoyens ont déjà enregistré leurs données sur la plateforme numérique égyptienne. Dans le cadre de ce projet, 18 000 établissements gouvernementaux, sur un total de 33 000, ont été connectés au réseau de fibres optiques. Par ailleurs, la Nouvelle Capitale administrative a été choisie comme « la capitale numérique du monde arabe » pour l’année 2021 par le Conseil des ministres arabes des Télécommunications et de l’Information en raison de son infrastructure numérique moderne.

Intelligence artificielle, investir dans le future

L’Egypte construit sa force technologique

Le développement de l’IA est une autre « priorité nationale pour l’Egypte », explique Bayoumi. « Le secteur de l’IA est l’avenir. C’est une véritable opportunité pour tous nos jeunes hommes et femmes », avait déclaré le président Sissi lors de sa tournée le 14 décembre à la faculté d’intelligence artificielle de l’Université de Kafr Al-Cheikh. C’est en novembre 2019 que le gouvernement a approuvé la formation du Conseil national de l’intelligence artificielle (NCAI) qui regroupe des représentants des instances gouvernementales concernées par ce dossier : le ministère des Télécommunications et de la Technologie de l’information, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ainsi qu’un groupe d’experts indépendants et d’entreprises du secteur privé. Le NCAI a élaboré la stratégie nationale d’intelligence artificielle qui sera mise en oeuvre sur deux phases. Objectif : créer un écosystème d’IA à tous les stades du développement technologique, notamment la formation, la recherche et l’exportation.

Toutes ces démarches ont permis de renforcer la position de l’Egypte dans ce secteur. Ainsi, l’Egypte a progressé de 55 places sur l’indice mondial de l’IA. Elle est désormais classée 56e sur 172 pays, contre la 111e place en 2019. L’évaluation de cet indice est basée sur plusieurs critères, dont les compétences disponibles dans le pays, les infrastructures, l’environnement opérationnel, la recherche, le développement, la stratégie du gouvernement, ainsi que le niveau d’activité commerciale qui dépend de l’IA.

Former les futures générations

Si les évolutions technologiques sont rapides, la société ne suit pas le même rythme. C’est pourquoi il est primordial, selon Bayoumi, de former les futures générations, de stimuler l’innovation pour répondre aux besoins du marché du travail. Selon les estimations, l’IA entraînera la disparition d’environ 33 millions d’emplois dans le monde, mais conduira en même temps à la création de près de 133 millions d’autres opportunités d’emploi.

Dans son bilan de 2021, le ministère des Télécommunications et de la Technologie de l’information dévoile que le nombre de jeunes formés aux TIC est passé de 4 000 à 148 000. L’objectif du ministère est de former 200 000 personnes au cours de l’exercice 2021- 2022. Autre volet : investir dans l’innovation technologique comme levier de transition vers la société numérique. Ainsi, pour renforcer les compétences des jeunes créateurs, des zones technologiques et des centres de créativité numérique ont été créés dans divers universités et gouvernorats, dont les plus importants se trouvent dans les villes d’Assiout Al-Guédida, Borg Al-Arab, Béni Soueif Al-Guédida et Al-Sadate. « Afin de trouver des solutions technologiques novatrices adaptées au programme de développement dans différents domaines et de créer une base solide de jeunes entreprises capables de contribuer au développement de l’économie égyptienne, il faut développer le capital humain et améliorer l’efficacité de l’éducation et des recherches scientifiques dans le domaine de l’IA. Il est important de commencer par les jeunes, mais il ne faut pas oublier les plus âgés qui craignent et ignorent la technologie et la numérisation et qui font des économies et dépensent loin des transactions bancaires », souligne Moustapha Badra, professeur de finances et d’investissement à l’Université du Caire.

Renforcer les infrastructures technologiques

L’Egypte construit sa force technologique
L’intelligence articielle est au coeur de la quatrième révolution industrielle.

Il n’y a pas de transformation numérique sans une solide infrastructure technologique, comme le précise Bayoumi. C’est pourquoi, parallèlement à la formation du capital humain, les travaux de modernisation des infrastructures dans les domaines des télécommunications et d’Internet vont bon train pour profiter du potentiel immense de l’IA. « L’évolution technologique suit une courbe exponentielle. Les secteurs de l’Etat doivent s’adapter plus rapidement que jamais. Le réseau Internet qui relie de nombreux pays du monde passe par l’Egypte. C’est pourquoi l’Etat cherche à augmenter les débits d’Internet afin d’accompagner cette transformation et desservir divers secteurs », explique Ghada Labib, sousministre des Télécommunications et de la Technologie de l’information pour le développement institutionnel. L’Egypte a dépensé 60 milliards de L.E. pour augmenter l’efficacité d’Internet. La vitesse moyenne d’Internet en Egypte est passée de 6,5 Mbps en janvier 2019 à 45,8 Mbps en octobre 2021. Selon le classement de Speedtest Global Index, l’Egypte occupe aujourd’hui la 4e place de la liste des pays africains ayant la vitesse de connexion Internet la plus rapide, contre la 40e place en 2019.

La 5G, l’arme de la 4e révolution industrielle

La pandémie de Covid-19 a créé un besoin dans le monde de se doter d’un réseau Internet rapide. Selon un rapport publié récemment par le centre d’information du Conseil des ministres, « afin de tirer partie de la quatrième révolution industrielle, l’Egypte s’apprête à lancer la cinquième génération des réseaux de télécommunications, la 5G. Cette nouvelle technologie donnera un nouvel avantage à l’économie égyptienne et ouvrira de nouvelles opportunités d’investissement. Dans ce contexte, le gouvernement vient de conclure des partenariats avec les principaux acteurs mondiaux Ericsson et Nokia, pour le déploiement de la 5G ».

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