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Omicron : Ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas

Chérif Albert, Lundi, 06 décembre 2021

L’OMS juge élevée la probabilité qu’Omicron se répande au niveau mondial, les scientifiques relativisent le danger. De nombreuses inconnues demeurent.

Omicron  : Ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas

Omicron, un tournant dans la crise du Covid-19? Trop tôt pour le dire, insiste l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), après plusieurs jours de spéculations hasardeuses sur les risques réels de ce nouveau variant au profil certes inquiétant. Le nouveau variant du Covid-19 a été détecté d’abord en Afrique australe. Les autorités sanitaires sud-africaines ont alerté l’OMS le 24 novembre. Jusqu’au dimanche 5 décembre, Omicron a été identifié dans 38 pays mais aucun décès de personne contaminée par ce nouveau variant du virus n’avait été signalé à cette date.

Les données préliminaires suggèrent que ce variant présente « un risque accru de réinfection » par rapport aux autres variants dont le Delta, selon l’OMS, qui indique toutefois que de plus amples informations à ce sujet seront disponibles dans les jours et semaines à venir. Selon l’OMS, un variant du SARS-CoV-2 est jugé préoccupant lorsqu’il est associé à un ou plusieurs changements, tels qu’une augmentation de la transmissibilité ou de la virulence, une diminution de l’efficacité des mesures de santé publique et sociales ou des outils de diagnostic, des vaccins et des traitements disponibles. Il existait jusqu’à présent 4 autres variants préoccupants: Delta, Alpha, Beta et Gamma. Plus bas dans l’échelle, il existe les « variants à suivre » (Lambda et Mu).

Mutations inquiétantes

Le variant Omicron présente un nombre exceptionnellement important de mutations et celles-ci se concentrent sur une partie, la protéine « spike », qui est la clé d’entrée du virus dans l’organisme. Ces caractéristiques génétiques font craindre, sur le plan théorique, que ce variant ne soit plus contagieux et ne résiste mieux aux vaccins que ses prédécesseurs. Mais, après plusieurs jours d’informations contradictoires, parfois rassurantes et parfois alarmistes, l’OMS souligne combien on ignore encore tout sur la contagiosité réelle de ce variant.

L’OMS ne sait pas non plus s’il entraîne des formes plus graves de la maladie. Pour l’OMS, aucune information ne permet actuellement de penser que les symptômes associés à Omicron sont différents de ceux provoqués par les autres variants.

L’hôpital Bambino Gesu de Rome a publié une première image du nouveau variant montrant qu’il présente beaucoup plus de mutations que le variant Delta, actuellement dominant. « D’autres études nous diront si cette adaptation est neutre, moins dangereuse ou plus dangereuse », ont précisé les chercheurs.

Pour le moment, ce que l’on sait, c’est que les tests PCR sont toujours efficaces face au nouveau variant du coronavirus Omicron et des études sont en cours pour mesurer l’efficacité des autres outils de diagnostic, a indiqué l’OMS dimanche 4 décembre. Elle a ajouté que « des études sont en cours pour déterminer s’il y a un impact sur d’autres types de tests, notamment les tests de détection rapide d’antigènes ».

Inconnue sur l’efficacité des vaccins

En revanche, pour ce qui est de la résistance au vaccin, il faudra attendre deux ou trois semaines pour avoir de premiers éléments sur la capacité de l’organisme humain à générer des anticorps face à ce variant. Et plusieurs mois pour se faire une idée de l’efficacité réelle des vaccins contre la contamination par Omicron. « Pour l’instant, il n’est pas nécessaire de changer les vaccins que nous utilisons », a affirmé Michael Ryan, directeur des urgences de l’OMS. Toutefois, « il y a beaucoup de travail en cours pour examiner comment nous pourrions changer ces vaccins, si nous devions en changer », a-t-il aussi dit.

La semaine dernière, le patron du laboratoire pharmaceutique Moderna a néanmoins affiché son pessimisme sur l’efficacité des vaccins actuels contre le variant Omicron du coronavirus. Dans un entretien au Financial Times, Stéphane Bancel, dirigeant de Moderna, a prédit une « baisse significative » de l’efficacité des vaccins actuels face à Omicron et estimé qu’il faudrait plusieurs mois pour en élaborer un nouveau.

Divers fabricants, dont Moderna, AstraZeneca, Pfizer/BioNTech et Novavax, se sont néanmoins dits confiants dans leur capacité à créer un nouveau vaccin contre le Covid-19 pour combattre la souche Omicron. La Russie a, elle aussi, annoncé travailler sur une version de son Spoutnik V ciblant spécifiquement Omicron.

Face à ce qui ressemble à de la panique, le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a cependant appelé la semaine dernière au « calme » et demandé aux Etats membres une réponse « rationnelle » et « proportionnelle » à la propagation du variant. Le porte-parole de l’organisation onusienne a, à son tour, tenu à rappeler que l’essentiel des cas de Covid-19 sont aujourd’hui provoqués par le variant Delta.

Pour le moment, les chercheurs insistent sur un point: la stratégie de lutte contre les variants actuels, notamment Delta, reste a priori la bonne, même avec l’apparition d’Omicron. Autrement dit, il faut poursuivre une vaccination la plus large possible, en tout cas chez les adultes, et continuer à respecter les gestes barrières comme le port du masque.

Injustice vaccinale

Omicron  : Ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas

L’apparition du variant Omicron rappelle l’urgence d’une vaccination à l’échelle mondiale, seule à même de permettre de contrôler la pandémie, alors que l’Afrique est très peu vaccinée. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souligné que l’insuffisance de la couverture vaccinale contre le Covid-19 et celle du niveau de dépistage constituent un mélange « toxique ».

C’est « une recette parfaite pour que des variants se reproduisent et s’amplifient », a-t-il prévenu, soulignant que la fin de la pandémie était « une question de choix ». Selon les statistiques de l’Onu, environ 65% des habitants des pays les plus développés ont reçu au moins une dose d’un vaccin contre le Covid-19, contre seulement 7% dans les pays les moins développés.

L’émergence du variant est « la preuve ultime » du danger des inégalités, a déclaré de son côté le président de la Fédération Internationale de la Croix-Rouge (FICR), Francesco Rocca, rappelant la menace de voir des « variants très nouveaux dans des endroits où le taux de vaccination est très faible ».

Les recommandations de l’OMS

Omicron  : Ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas

— Intensifier les activités de surveillance et de séquençage afin d’avoir une meilleure connaissance des variants circulants du SARS-CoV-2.

— Communiquer les séquences complètes du génome et les métadonnées qui leur sont associées à une base de données en accès public.

— Signaler les cas/groupes de cas initiaux associés à l’infection par le variant préoccupant à l’OMS.

— Lorsque les moyens voulus existent et en coordination avec la communauté internationale, effectuer des enquêtes sur le terrain et des analyses de laboratoire pour étudier les répercussions éventuelles du variant préoccupant sur l’épidémiologie du Covid-19, la gravité de la maladie, l’efficacité des mesures de santé publique et sociales, les méthodes de diagnostic, les réponses immunitaires, la neutralisation des anticorps ou d’autres caractéristiques importantes.

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