L’ethiopie est-elle en train de sombrer dans une guerre civile généralisée? Que se passe-t-il exactement sur le terrain? Et qu’en est-il de la situation humanitaire? A ce stade et avec les restrictions imposées aux médias, ces questions restent sans réponses claires. Les insurgés revendiquent d’importants gains territoriaux et affirment se trouver à 220km d’Addis-Abeba, la capitale.
En face, le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, se dit confiant. « Il n’y a pas de retour en arrière sans victoire », a-t-affirmé, samedi 27 novembre, dans une vidéo postée sur Twitter, le montrant sur le champ de bataille. Portant l’uniforme militaire, Abiy a déclaré que l’armée allait « détruire » les rebelles du Tigré, avec lesquels son gouvernement est en guerre depuis plus d’un an.
Ces évolutions sont intervenues au terme d’une semaine où les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) ont revendiqué d’importantes avancées territoriales. Mais les communications étant coupées dans les zones de combats, et l’accès des médias indépendants était restreint, toute vérification des informations annoncées est difficile.
Selon la plupart des observateurs, les combats se prolongent dans la durée, surtout avec l’absence de pression internationale. Selon Samir Ragheb, expert militaire et stratégique cité par la chaîne RT, « les rebelles tigréens mènent des actes de guérilla. De plus, ils prennent refuge dans les montagnes, ce qui les protègent face à l’armée fédérale ».
Face à l’escalade du conflit, la communauté internationale appelle au calme, mais s’implique peu. Le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, en visite en Colombie, a appelé, mercredi 24 novembre, à un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel afin de sauver » l’Ethiopie pour « permettre un dialogue inter-éthiopien pour résoudre la crise et permettre à l’Ethiopie de contribuer à nouveau à la stabilité de la région ». Un appel qui ne trouve pas d’entendeur. D’ailleurs, conscients des risques de recrudescence des combats, plusieurs Etats, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Italie ont appelé leurs citoyens à quitter l’Ethiopie.
Tensions avec Washington
Les grandes puissances se contentent-elles donc d’observer, impuissantes, cette guerre? Il semble que oui. Pourtant, l’Ethiopie était perçue par Washington comme un partenaire crucial pour la sécurité dans la Corne de l’Afrique instable, mais les relations entre les deux pays se sont détériorées. Le 5 novembre, le Département d’Etat a ordonné le retrait du personnel non essentiel de son ambassade à Addis-Abeba en raison du « conflit armé, de troubles civils et d’éventuelles pénuries d’approvisionnement ». Qui plus est, la semaine dernière, l’ambassade des Etats-Unis semble avoir irrité le gouvernement du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, en publiant un avertissement concernant un risque d’attaques terroristes en Ethiopie. « Auparavant, ils (les Américains) diffusaient des informations selon lesquelles Addis-Abeba est encerclée (par les rebelles), maintenant, ils ajoutent cette fausse information selon laquelle une attaque terroriste va avoir lieu », a déclaré, jeudi 24 novembre, Kebede Desisa, porte-parole du gouvernement éthiopien.
Selon les observateurs, si la communauté internationale se montre passive, c’est parce qu’en attaquant le Tigré, le gouvernement éthiopien est responsable de cet engrenage. Soutenir un prix Nobel de la paix qui s’en prend aux armes et se rend lui-même au front, ce serait de l’ordre de l’absurde …
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