«
Notre réunion d’aujourd’hui intervient deux ans après le Sommet de Berlin sur la Libye, lorsque nous nous sommes engagés ensemble à protéger la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Libye et à lancer un processus politique global et durable dirigé par ce pays », a déclaré le président au début de son discours à la Conférence internationale sur la Libye, tenue en France le 12 novembre, avant de mettre en garde contre «
les tentatives de certaines parties à l’intérieur et à l’extérieur de la Libye de saper tout progrès sur cette voie ».
La participation du président Sissi à cette conférence en réponse à l’invitation de la France revêt une importance particulière. Elle confirme, d’un côté, le rôle central de l’Egypte dans le soutien au processus de règlement politique en Libye et renforce, de l’autre côté, le partenariat stratégique entre l’Egypte et la France. Outre la question libyenne, l’agenda du président était très chargé en France: à son arrivée le président a tenu une réunion à l’Elysée avec son homologue français, Emmanuel Macron, suivie d’une série d’autres rencontres avec de hauts responsables français, européens et arabes. Le programme de la visite comprenait également un autre volet culturel: la participation à la célébration du 75e anniversaire de l’Unesco.
Libye: Le rôle central du Caire
La France a déjà organisé deux conférences sur la Libye en 2017 et 2018. Cette année, la Conférence sur la Libye, coprésidée par la France, l’Allemagne et l’Italie, a réuni des dirigeants et ministres d’une trentaine de pays. Objectif : donner une ultime impulsion à l’élection présidentielle prévue le 24 décembre prochain et les législatives en janvier 2022, censées tourner la page d’une décennie de chaos et de divisions depuis la chute du régime Kadhafi. L’importance de la conférence réside dans le fait qu’elle survient dans un contexte de regain des tensions entre les deux camps de l’est et de l’ouest en Libye.
Au cours de cette conférence, le président a envoyé un message clair et ferme: « Toutes les forces étrangères, les mercenaires et les combattants étrangers doivent se retirer de Libye sans exception ni aucun atermoiement ». Le discours du président a été global. Il a dessiné même les contours du communiqué final de la conférence comme l’explique Mégahed Al-Zayat, expert stratégique. « C’est une période charnière pour la Libye. La France et la communauté internationale ont convoqué cette conférence après s’être rendu compte qu’il y avait une tentative d’entraver la feuille de route. C’est pourquoi le communiqué final de la conférence a menacé d’imposer des sanctions à toute personne qui, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, tenterait d’entraver, de remettre en cause ou de manipuler les élections prévues le 24 décembre », ajoute l’expert.
Relations égypto-françaises
En fait, il s’agit de la septième visite du président Sissi en France depuis sa prise de fonction en 2014. Elle intervient en pleine phase de « partenariat stratégique » entre les deux pays qui sont d’accord sur plusieurs questions régionales comme la lutte contre le terrorisme, l’immigration clandestine et la sécurité en Afrique, dans la région du Moyen-Orient et dans la Méditerranée. Les exportations égyptiennes vers la France ont affiché en 2021 une hausse de 43,8%, selon l’Agence centrale pour la mobilisation publique et les statistiques (CAPMAS). Alors que la valeur des échanges commerciaux entre l’Egypte et la France a enregistré une augmentation de 6,7%.
Quant aux investissements français en Egypte, ils ont également augmenté de 18,3%. Outre le sommet avec son homologue français, le président Sissi a tenu, lors de sa visite, des réunions avec de hauts responsables, dont Mme Florence Parly, ministre française des Armées, M. Jean Castex, le premier ministre, et M. Charles Michel, président du Conseil européen. « La visite du président Sissi à Paris ouvrira de nouveaux horizons de coopération entre l’Egypte et la France », estime Mohamad Abdel-Hamid, membre de la commission des affaires économiques au parlement. Selon le porte-parole de la présidence, la ministre française des Armées a affirmé l’attachement de la France à « la consolidation des relations de partenariat avec l’Egypte, surtout la coopération militaire bilatérale, dans le cadre des efforts communs de lutte contre le terrorisme ».
Quant à la rencontre du président Sissi avec M. Jean Castex, elle a été marquée par des discussions sur les relations bilatérales, notamment l’augmentation des investissements français en Egypte pour développer la campagne égyptienne et localiser l’industrie. Une autre rencontre a réuni le président et Najla Bouden, cheffe du gouvernement tunisien, à l’occasion de sa participation à la Conférence sur la Libye. Durant cet entretien, Najla Bouden a exprimé l’intérêt de la Tunisie à profiter de l’expérience égyptienne dans les domaines économique et sécuritaire. De son côté, le président a exprimé son plein soutien aux efforts du nouveau gouvernement pour parvenir à la stabilité et la construction.
Unesco: Dernière escale
« L’Egypte va offrir prochainement au monde le Grand Musée égyptien. Il s’agit de l’un des plus grands musées du monde », a déclaré le président dans son allocution donnée lors de la célébration du 75e anniversaire de la création de l’Unesco, tenue à Paris. Le président a rappelé que la coopération avec l’Unesco pour sauver de la noyade les deux temples d’Abou-Simbel et de l’île de Philae, qui a duré deux décennies du siècle dernier, « constituait l’un des points forts de cette coopération », avant d’ajouter : « Depuis, l’Egypte tient à coopérer avec l’Unesco pour sauver ses sites enregistrés sur le patrimoine mondial ». Et de conclure que la célébration coïncide avec « l’essor énorme qu’a connu le secteur des antiquités en Egypte ces dernières années, aboutissant à d’importantes découvertes archéologiques ».
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