Le changement climatique ne connaît pas de frontières. Les yeux du monde entier sont tournés vers Glasgow qui accueille, du 31 octobre au 12 novembre, la Conférence des Nations-Unies sur le climat (COP26). Présidé par le Royaume-Uni, pays hôte, ce sommet qui regroupe les dirigeants de 197 pays et organisations régionales, ainsi que des entreprises et des experts, a été retardé d’un an en raison du Covid-19. Neutralité carbone, adaptation et financements climat, plusieurs sujets seront abordés au cours de cette conférence, considérée par les observateurs comme le sommet de « la dernière chance » pour agir face au changement climatique. « Si Glasgow échoue, tout échoue … Si nous ne prenons pas au sérieux le changement climatique aujourd’hui, il sera trop tard pour que nos enfants le fassent demain », a averti le premier ministre britannique, Boris Johnson, en inaugurant le sommet. Ainsi, « l’action pour lutter contre le changement climatique est inévitable et ne peut être reportée, car la crise climatique affecte désormais tout le monde », a martelé pour sa part le président Abdel-Fattah Al-Sissi au cours de son discours à Glasgow. Selon Ahmed Sayed Ahmed, politologue, la participation de l’Egypte à la COP26 revêt une grande importance. « Elle constitue une bonne occasion pour que l’Egypte exprime sa vision et présente au monde son modèle de transition verte pour faire face à cette crise climatique. En outre, les résultats des négociations se trouvent au coeur des préoccupations de l’Egypte qui devrait accueillir le prochain sommet sur le climat, la COP27, en 2022, en tant que représentante de l’Afrique », affirme Sayed Ahmed. Quels sont les enjeux de ce sommet ? Celui-ci fait suite à un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), avertissant que le réchauffement de la planète pourrait atteindre le seuil des +1,5°C autour de 2030, dix ans plus tôt qu’attendu, ce qui conduira à des désastres « sans précédent » sur la planète déjà frappée par des canicules, des sécheresses et des inondations en série. Sans action politique rapide de la part des grandes puissances, « l’humanité se dirige vers une crise climatique catastrophique et fatale ». Tel est le message principal du rapport du GIEC. L’enjeu de la COP26 est donc de parvenir à des engagements plus forts pour réduire les émissions de CO2 et débloquer des milliers de milliards de dollars pour financer la transition climatique dans les pays en voie de développement. Le financement de la transition énergétique des pays en développement est un autre enjeu majeur de la COP26, comme l’explique Sayed Ahmed. En 2009, les pays industrialisés s’étaient engagés à consacrer chaque année 100 milliards de dollars pour financer cette transition. Pourtant, selon l’OCDE, en 2019, seuls 79 milliards de dollars ont été débloqués. Alors que les coûts annuels d’adaptation dans les pays en développement, actuellement estimés à 70 milliards de dollars, passeront à 300 milliards de dollars d’ici 2030 et à 500 milliards de dollars d’ici 2050. Dans son discours, le président Sissi a appelé les pays développés à respecter leurs engagements de fournir 100 milliards de dollars par an aux pays en développement. Le président s’est également dit préoccupé par « l’écart entre les financements disponibles et les besoins réels des pays en développement ».
Le modèle égyptien
(Photo : AP)
Concernant le modèle égyptien de transition vers l’économie verte face au changement climatique, l’Egypte a pris des mesures sérieuses pour mettre en place un modèle de développement durable qui vise à ce que 50 % des projets financés par le gouvernement soient verts d’ici 2025 et 100 % d’ici 2030, a souligné le président lors de son discours. « Nous travaillons également sur la transition vers des transports propres en Egypte, ainsi que sur la mise en place de villes intelligentes et durables. L’Egypte met également en oeuvre des projets pour rationaliser l’utilisation de l’eau et la gestion intégrale des zones côtières », a-t-il ajouté.
L’agenda africain
Bien que le continent africain soit responsable de moins de 5 % des émissions de gaz à effet de serre sur la planète, « il fait face aux conséquences les plus graves du changement climatique et de ses effets économiques, sociaux, sécuritaires et politiques », a déclaré le président. Et d’ajouter qu’il est essentiel d’accroître le soutien international aux initiatives d’adaptation en Afrique, notamment l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables (AREI) et l’Initiative africaine d’adaptation (AAI). Placer l’Afrique au coeur de l’agenda climatique mondial sera la mission de l’Egypte lors de la COP27 à Charm Al-Cheikh en 2022. « La COP26 est également une occasion pour l’Egypte pour tenter de rapprocher les vues sur les sujets controversés entre les pays en développement et ceux développés. La COP26 nous offre l’occasion de nous remettre sur la bonne voie », conclut Yasmine Fouad, ministre de l’Environnement.
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