Priorité au capital humain
Investir dans le capital humain est l’un des droits fondamentaux du citoyen et l’un des piliers du processus de développement durable. En effet, un citoyen en bonne santé et jouissant d’un bon niveau d’éducation sera au service de sa communauté. Raison pour laquelle les dossiers de l’éducation, de la santé et du logement ont figuré en tête des priorités de l’Etat égyptien au cours des dernières années. Le secteur de l’enseignement pré-universitaire égyptien s’est amélioré au cours des 10 dernières années selon les indicateurs de disponibilité, avec des taux de scolarisation en hausse dans toutes les étapes. Mais contrairement à la situation de l’enseignement primaire, les taux de scolarisation aux niveaux préparatoire et secondaire restent modestes et ne reflètent pas le principe de l’école obligatoire jusqu’à la fin du secondaire. Les taux nets de scolarisation des filles ont également dépassé ceux des garçons à tous les niveaux de l’enseignement pré-universitaire. L’indice d’écart de qualité a pris une valeur négative selon les données de 2019-2020. Toutefois, les taux de scolarisation à tous les niveaux de l’enseignement pré-universitaire dans les gouvernorats de la Haute-Egypte restent inférieurs à ceux du reste de la République.
Dans le domaine de la santé, le gouvernement a élaboré la Stratégie nationale de la population et son plan exécutif quinquennal (2015-2020) qui reposent sur une série de thèmes liés au planning familial et à la santé procréative, ainsi qu’à la disponibilité des services de planning familial dans les hôpitaux de l’assurance médicale et les hôpitaux gouvernementaux. Entre 2014 et 2020, l’Etat a lancé une série de programmes et d’initiatives de santé : détection et traitement gratuit de l’hépatite C, du cancer du sein, etc. Sans oublier les tentatives de mettre un terme aux listes d’attente dans les hôpitaux publics et le développement de l’industrie pharmaceutique.
Le logement social destiné aux citoyens à faible et moyen revenu a également été au centre de l’attention de l’Etat. En 2014 a été lancé le projet de construire un million de logements pour ces catégories. Dans ce contexte, l’Egypte a réduit les zones non planifiées et dangereuses : la population de ces zones sauvages a diminué de 35 % en 2019, avec l’objectif zéro en 2030. En effet, 296 zones sur 357 ont été développées entre 2014 et 2020.
Une couverture sociale plus large
Parallèlement au lancement de la réforme économique en 2016, un changement a été opéré dans la philosophie égyptienne de la protection sociale, remplaçant sa fonction de secours et de protection par la prévention et le renforcement et la faisant évoluer qualitativement vers l’autonomisation, afin d’assurer la justice et la sécurité au citoyen égyptien. Ainsi, les dépenses consacrées aux programmes de protection sociale ont connu une croissance importante. Selon le rapport de données du ministère des Finances de 2019, les sommes allouées aux subventions dans le budget de l’Etat ont augmenté au cours des cinq dernières années, passant de 198,5 milliards de L.E. dans le budget de 2014-2015 à environ 327,7 milliards de L.E. dans le budget de 2019-2020, avec un taux de croissance de 65 %. Par ailleurs, la restructuration des subventions pour atteindre les bénéficiaires a permis de consacrer 82,6 % de celles-ci dans le budget 2019-2020 aux programmes de protection sociale, alors qu’il n’y était consacré que 50 % dans le budget de 2014-2015.
De même, des réformes législatives radicales ont été apportées à certaines composantes du système de protection sociale, telles que l’adoption de la nouvelle loi n°148 pour l’année 2019 sur l’assurance sociale et la loi n°2 pour l’année 2018 sur l’assurance médicale, afin de développer le système national de données nécessaire pour cibler efficacement et équitablement les personnes les plus démunies. De plus, un large programme de protection sociale a été élaboré par le biais de transferts financiers conditionnés : Takafol wa Karama (solidarité et dignité). Lancé depuis 2015, ce programme assure un revenu aux familles pauvres ayant des enfants de moins de 18 ans. Il couvre, selon les données de 2019, près de 2 millions de familles et cible essentiellement les femmes qui représentent 90 % des bénéficiaires.
Une réforme économique audacieuse
L’Egypte a entamé depuis 2016 un plan ambitieux de réforme économique, afin de stabiliser les indicateurs macroéconomiques et renforcer la confiance en l’économie égyptienne et sa capacité d’attirer des investissements. Le programme était axé sur la réduction de la dette et des emprunts publics, afin d’assurer un financement adéquat au secteur privé et aux projets productifs, ainsi que sur la réduction du déficit de la balance des paiements et l’augmentation des flux directs d’investissement étranger. Le programme visait également à renforcer la capacité de la Banque Centrale à gérer un système de taux de change flexible et atteindre un système qui cible de faibles taux d’inflation pour maintenir les revenus réels des citoyens et la compétitivité de l’économie égyptienne.
De nombreuses institutions internationales ont salué la réussite du programme de réforme économique en Egypte avec en tête le Fonds Monétaire International (FMI) qui a montré dans ses rapports consécutifs que l’économie égyptienne continue à enregistrer de bonnes performances malgré les conjonctures mondiales difficiles. En effet, grâce à ces réformes, l’économie égyptienne a réussi à enregistrer un taux de croissance de 3,6 % en 2019-2020 et de 2,8 % en 2020-2021 et devrait, selon les prévisions, enregistrer un taux de croissance de 5,4 % au cours de l’exercice 2021-2022, ainsi qu’une baisse du déficit budgétaire à 7,6 % du PIB et du chômage à 7,3 %. L’Egypte devrait ainsi faire partie d’un nombre limité de pays dans le monde qui réalisent une croissance positive pendant la crise de la pandémie du Covid-19.
Cependant, malgré le succès de ces réformes, des défis majeurs restent encore à relever, dont le plus important est de trouver des moyens innovants de financer le développement en Egypte, compte tenu des ressources intérieures limitées et de la baisse des investissements étrangers, en particulier directs, à cause de la pandémie.
Lutte contre la pauvreté et contrôle de la croissance démographique
Bien que les taux de pauvreté soient tombés à 29,7 % en 2019-2020 contre 32,5 % en 2017-2018, la première baisse depuis 20 ans, de nombreux efforts doivent encore être déployés pour poursuivre cette tendance à la baisse. En fait, cette baisse peut s’expliquer par le fait que les réformes structurelles et les mesures de protection sociale commencent à apporter certains avantages aux personnes les plus démunies, en plus des multiples initiatives visant à améliorer le niveau de vie des pauvres, comme Hayah Karima (vie décente) et le projet de développement de la campagne égyptienne avec un budget total d’environ 700 milliards de L.E. sur 3 ans.
Cependant, le plus grand défi face à la baisse des taux de pauvreté est la croissance démographique galopante qui a atteint 2,62 % en 2016-17 avant de revenir à 1,79 % en 2018-19. En effet, une analyse des caractéristiques de la pauvreté en Egypte montre la relation directe entre la pauvreté et le volume de la famille. Le projet national de développement de la famille (2021-2023) vise à contrôler la croissance démographique et à améliorer les caractéristiques de la population en réduisant le taux de fécondité de 3,4 enfants par femme en 2017 à 2,4 en 2030 et 1,9 en 2052.
Renforcer la durabilité environnementale
L’Egypte a accordé un intérêt particulier à la préservation des actifs vitaux de l’environnement, notamment les eaux du Nil, sa principale source d’eau, tout en s’élargissant dans les solutions non conventionnelles telles que le dessalement de l’eau de mer et le recyclage des eaux usées de l’irrigation et du drainage sanitaire. Elle a également adopté de larges mesures pour faire face aux impacts des changements climatiques. Ce qui lui a valu de passer de la 30e place en 2016 à la 22e place en 2021 dans le classement de l’Indice de performance face aux changements climatiques (CCPI) sur les 57 pays qui produisent ensemble 90 % des émissions mondiales. L’Egypte a également occupé la 94e place dans le classement de 2020 de l’Indice de Performance Climatique (IPC) sur un total de 180 pays avec un score de performance générale de 43,3 sur 100. En effet, la réforme du système énergétique a constitué une priorité au cours des dernières années. C’est ainsi que l’Egypte a exécuté un programme audacieux de réforme des subventions à l’énergie qui, en plus de son importance dans le cadre de la réforme économique, a contribué à contrôler les modes de consommation non durables des sources d’énergie traditionnelles. Elle a aussi réalisé de grands pas sur la voie de l’utilisation des sources d’énergie renouvelables. 5,8 gigawatts sont maintenant produits à partir de sources renouvelables, alors que l’objectif est que l’énergie renouvelable constitue 42 % de l’équation énergétique de l’Egypte d’ici 2030. En outre, le projet d’amélioration de l’efficacité énergétique a permis de réaliser des économies de 25 à 40 % de la consommation totale d’électricité. Mais malgré les réformes entreprises, les problèmes de pollution de l’air, de l’eau et du sol continuent à faire pression sur les ressources naturelles limitées de l’Egypte en raison essentiellement de l’importante croissance démographique et économique.
Une Egypte de plus en plus digitale
L’Egypte est l’un des pays les plus avancés du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord dans le domaine de la digitalisation. Selon le rapport publié par le Fonds monétaire arabe, l’Egypte vient en tête de 9 pays arabes possédant le plus grand nombre de débouchés présentant des services de paiement électrique avec 130 000 débouchés sur 170 000 dans les 9 pays arabes. L’Egypte possède aussi le plus grand nombre de portefeuilles électroniques sur les 9 pays, avec 15,3 millions de portefeuilles sur 30 000 dans les 9 pays, alors qu’elle occupe la 3e place sur la liste des pays possédant des solutions technologiques financières parmi 22 pays arabes.
En effet, au cours des dernières années, l’Egypte a accordé un intérêt particulier à la digitalisation et l’inclusion financière en orientant les investissements vers le renforcement de l’infrastructure digitale en plus de l’adoption de réformes législatives et institutionnelles. Et ce, dans le cadre du renforcement de la gouvernance en termes de l’amélioration de l’efficience des dépenses et de la réduction de la corruption. C’est ainsi que la contribution du secteur des télécommunications et de la technologie informatique dans la croissance économique est passée de 3 % dans l’exercice financier de 2013-2014 à 5,7 % dans celui de 2017-2018 et 11,9 % dans celui de 2019-2020, alors que les investissements de ce secteur dans le plan de développement durable de 2020-2021 sont évalués à 26,5 milliards de L.E., soit 3,6 % du total du plan.
Contrer les effets économiques de la pandémie
L’Egypte, comme tous les pays du monde, a été largement impactée par la crise du coronavirus qui a épuisé les ressources des pays et anéanti les revenus de milliers de personnes les plaçant dans le besoin. Cependant, les réformes économiques et sociales entreprises en Egypte depuis 2016 lui ont largement permis d’affronter la crise. Très tôt, l’Egypte a adopté des mesures préventives pour contrer les répercussions économiques négatives de la pandémie, s’efforçant d’établir un équilibre entre la protection des citoyens et la poursuite des activités économiques.
Le pays a commencé par allouer la somme de 100 milliards de L.E. du budget public pour réduire les effets négatifs sur les secteurs les plus touchés. Dans le secteur de la santé, le gouvernement a mis en place un plan rapide pour faire face aux obligations de la crise et a alloué une somme supplémentaire de 350 millions de L.E. au budget du ministère de la Santé au cours de l’exercice financier 2019-2020, afin d’accroître la capacité des hôpitaux. En fait, ces mesures ont permis à l’Egypte d’être l’un des rares pays au monde à avoir enregistré des taux de croissance positifs pendant la pandémie, comme l’ont indiqué les rapports internationaux. De même, l’Egypte est l’un des pays pionniers dans le monde à adopter des politiques de soutien à la femme face à la pandémie. Elle a effectivement adopté quelque 165 politiques, résolutions et actions jusqu’en janvier 2021 dans ce contexte. Ce qui lui a valu les éloges des organisations internationales. En ce qui concerne la protection sociale, l’Etat a ajouté 100 000 nouveaux bénéficiaires au programme Takafol wa Karama et il a décidé d’augmenter le budget des programmes de transferts financiers de 18,5 milliards à 19,3 milliards de L.E..
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