L’histoire du gazoduc arabe remonte à la fin des années 1990, lorsque plusieurs pays arabes ont convenu de mettre en place un gazoduc avec pour objectif de transporter, dans un premier temps, du gaz égyptien et, dans un second temps, iraqien, vers la Syrie, la Jordanie, le Liban et la Turquie.
Les études du projet ont commencé dès 1998 et l’exécution en 2000. Le gazoduc arabe a une longueur de 1 200 km, pour un coût total de 1,2 milliard de dollars. Il a été exécuté en trois étapes. Les premiers points se trouvent en Egypte à partir du complexe de gaz du désert occidental et de celui de Port-Saïd pour arriver jusqu’à Al-Arich. D’Al-Arich, le gazoduc s’élance jusqu’à Al-Aqaba sur une longueur de 265 km pour ce tronçon avec un diamètre de 36 pouces et une capacité de 10 milliards de m3 par an. Le coût de cette partie s’élève à environ 230 millions de dollars.
Cette première partie a été financée par le Fonds arabe pour le développement économique et social et le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe. La deuxième étape s’étend alors d’Al-Aqaba à Al-Baïda puis Rihab dans le nord de la Jordanie sur une longueur de 39 km et a commencé à approvisionner les centrales électriques du nord du royaume en février 2006. Elle a coûté environ 300 millions de dollars, là aussi fournis par des fonds arabes et islamiques. Quant à la troisième phase qui se trouve dans les territoires syriens, elle s’étend de la frontière jordano-syrienne jusqu’à Homs sur une longueur de 320 km et un diamètre de 36 pouces, elle est entrée en fonction en juillet 2008, et le gaz naturel égyptien a été exporté vers le Liban pour la première fois via le gazoduc arabe en novembre 2009.
Cette partie du gazoduc a été construite par Stroytransgaz, la filiale ingénierie de Gazprom, le géant russe du gaz, pour un coût d’environ 160 millions de dollars. Le Fonds de l’OPEP pour le développement international ainsi que la Banque islamique de développement ont contribué à son financement, à hauteur de 30 millions de dollars pour le premier et de 51,7 millions pour la seconde. « Les travaux du gazoduc arabe ont été complètement achevés en 2009. Il a été testé et était prêt à entrer en fonction. Mais nous avons arrêté d’y pomper du gaz, car l’Egypte n’avait pas assez de réserves à cette époque et notre consommation augmentait. En effet, l’Etat égyptien avait commencé à augmenter l’utilisation du gaz naturel dans la génération de l’électricité et nous n’avions plus d’excédent pour le pomper dans le gazoduc arabe. Depuis cette date, le gazoduc est hors de fonction », explique Dr Gamal Al-Qalioubi, professeur de l’ingénierie du pétrole et de l’énergie à l’Université américaine du Caire.
Défis logistiques
Cependant, la remise en fonction du gazoduc qui ne fonctionne plus depuis près de 12 ans ne se fera pas du jour au lendemain. Le gazoduc a besoin d’une maintenance globale ainsi que de l’expérimentation des valves des points de liaison alors que des parties entières doivent être remplacées avant d’opérer une expérimentation de la totalité du gazoduc. « Tout ce processus sera effectué dans les quelques semaines à venir afin d’alimenter le Liban en gaz le plus vite possible », explique Al-Qalioubi.
Dans ce contexte, une autre question s’impose : comment est-il possible de sécuriser le gazoduc, surtout qu’il a subi de nombreuses attaques dans la partie nord et nord-est de la Syrie depuis 2011 ? « Le gazoduc est maintenant sécurisé à partir de Deir Ali jusqu’à Damas, car cette région est soumise à l’armée syrienne avec ses capacités et ses forces. En fait, la Syrie souffre aussi d’une crise d’électricité à cause du manque de carburant. La remise en fonction du gazoduc arabe pourra donc lui être bénéfique aussi en cas de levée des sanctions économiques qui lui sont imposées. Raison pour laquelle l’armée syrienne déploie de grands efforts dans sa sécurisation en vertu de l’accord conclu entre les parties arabes : l’Egypte, la Jordanie, la Syrie et le Liban », conclut Dr Gamal Al-Qalioubi.
Chiffres et dates
1,2 milliard de dollars
Coût total d’exécution.
2009
Année de la fin des travaux.
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