Dimanche, 06 octobre 2024
Dossier > Dossier >

Nouveau Canal, 6 ans après : Les dragues géantes, les nouveaux arrivants

Nada Al-Hagrassy, Mercredi, 04 août 2021

Moderniser les équipements constitue le pilier principal de la stratégie de développement de la voie navigable du canal. Deux nouvelles dragues viennent de rejoindre la flotte. Focus.

Les dragues géantes, les nouveaux arrivants

L’Egypte a accueilli la semaine dernière la plus grande drague au Moyen-Orient, baptisée « Hussein Tantawi », en provenance du port de Rotterdam aux Pays-Bas, à bord du bateau de plongée « Tai An Kou ». Elle se trouve actuellement dans la zone d’attente des Grands Lacs attendant la cérémonie du hissage du pavillon, prévue le jour de la célébration du 6e anniversaire du Nouveau Canal de Suez, signe de son entrée officielle au service. La drague Tantawi a une longueur de 147,4 m, une largeur de 23 m, une profondeur de 7,7 m et un tirant d’eau de 5,5 m. Elle est capable de draguer tous types de terrain, y compris le rocheux jusqu’à 35 m de profondeur.

« La drague Hussein Tantawi participera au projet du dragage, de l’élargissement et du dédoublement de la voie navigable du Canal de Suez. Sa capacité de draguer 3 600 m2/h aidera à réduire la durée des travaux de 24 mois à 18 mois seulement », a déclaré le général Ossama Rabie, chef de l’Autorité du Canal de Suez. En fait, la drague Hussein Tantawi est la deuxième drague qui a rejoint la flotte du canal ces derniers mois, notamment après l’incident d’Ever Given. Mohab Mamich, une autre drague qui porte le nom de l’ex-président de l’Autorité du Canal de Suez, a été livrée à l’Egypte le 10 avril dernier. Les deux dragues ont les mêmes caractéristiques et disposent de systèmes de contrôle, de sûreté et de sécurité correspondant aux dernières normes des organes de contrôle internationaux. En fait, l’Autorité du Canal de Suez a commandé la construction des deux puissantes dragues au chantier néerlandais « IHC » réputé être le plus grand chantier de fabrication des navires et des équipements pour le dragage, d’un coût estimé à 300 millions d’euros. « Nous sommes très heureux de pouvoir livrer les deux dragues à l’Autorité du Canal de Suez, selon la date prévue, pour pouvoir participer aux travaux de maintenance du Canal de Suez, considérés impératifs pour l’économie mondiale aussi bien qu’à l’Egypte. C’est ce que la fermeture du canal pendant six jours en mars dernier a démontré », a déclaré Gerben Egginik, le président d’IHC dans un communiqué.

L’achat des dragues fait partie du plan de l’Autorité du Canal de Suez à l’horizon 2026, qui comprend également le développement de la flotte maritime, des remorqueurs et des bateaux servant au guide de transport. En outre, selon Rabie, l’achat des dragues fait également partie d’une stratégie visant à améliorer la classification globale du Canal. « L’Autorité cherche également à augmenter la part de marché du Canal de Suez, qui s’élève actuellement à environ 10 % du trafic maritime international total, soit 24,5 % du commerce de conteneurs et à l’échelle mondiale, et 100 % du commerce de conteneurs entre l’Asie et l’Europe », a déclaré Rabie. Selon le capitaine Farid Rouchdi, expert maritime, « le dragage et le nettoyage de la voie navigable du Canal de Suez des résidus du sable et des rochers ainsi que l’approfondissement de son submersible, ces processus aident le canal à supporter le passage des porte-conteneurs et des navires de plus en plus grands ».

Quelles missions ? Il existe deux types de dragues : le type suceuse, chargé de travailler les quais maritimes, tandis que l’autre type est nommé « cutter », comme les dragues Mohab Mamich et Hussein Tantawi censés draguer, élargir et approfondir des voies maritimes. L’Autorité du Canal de Suez souffre d’un manque de dragues de type « cutter », « d’où le besoin de se doter de ces deux nouvelles dragues ayant des caractéristiques sophistiquées capables de répondre aux exigences de l’évolution du commerce mondial et l’apparition d’une nouvelle génération des navires géants », ajoute Rouchdi. La drague Mohab Mamich a déjà commencé son travail dans le projet du développement de la voie navigable des lacs amers. Il s’agit du dédoublement de la voie à partir du signe 122 km2 à 132 km2. Cette distance de 10 km2 s’ajoute à la distance du Nouveau Canal de Suez pour atteindre 82 km2 au lieu de 72 km2. Alors que la drague Hussein Tantawi travaillera dans le projet de l’élargissement et d’approfondissement du secteur Sud du Canal de Suez dès le signe 132 km2 à 162 km2. « Le temps initialement estimé pour ces projets était de 24 mois. Grâce aux caractéristiques ultrasophistiquées des deux dragues, la durée passe à 18 mois. La flotte de dragage du canal avait récemment élargi ses travaux, pour comprendre le développement des ports égyptiens et à la désinfection des lacs », a souligné le chef de l’Autorité du Canal de Suez, Ossama Rabie.

Des noms, des histoires

C’est une tradition de donner aux équipements du Canal de Suez des noms de grandes personnalités ayant joué un rôle important dans l’histoire de l’Egypte en général et celle du Canal de Suez en particulier. A commencer par la vedette Hussein Tantawi, baptisée au nom du ministre de la Défense au temps du président Moubarak, et qui a joué un rôle considérable pour sauver le pays du chaos suite à la Révolution du 25 Janvier 2011. Son nom ancré dans les mémoires du monde entier après sa participation au renflouage du porte-conteneurs Ever Green, le dragueur Machhour porte le nom du troisième Egyptien à devenir chef de l’Organisme du Canal de Suez après sa nationalisation : l’ingénieur Machhour Ahmad Machhour. Celui-ci a joué un rôle essentiel en préservant la vie du personnel et la sauvegarde des équipements de l’organisme durant la fermeture du Canal de 1967 à 1975. C’est lui aussi qui a préparé l’ouverture du Canal en 1975 et a participé à la mise du plan du développement du canal de 1975 à 1980. Le remorqueur Ezzat Adel est aussi baptisé au nom de l’un des trois ingénieurs maritimes choisis par Nasser pour mettre et exécuter la nationalisation du Canal de Suez. Quant au remorqueur Moustapha Mahmoud, qui a rejoint la flotte des remorqueurs en décembre 2019, il porte le nom du martyr sous-lieutenant Moustapha Mahmoud, qui a été tué durant l’opération militaire « Sinaï 2018 ».

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique